Nous sommes le 21 août 2021. Sur la ligne de départ, quelque chose de très fort la submerge et lui fait monter les larmes aux yeux. C’est la joie d’être là, prête à s’élancer malgré tout dans la course. Ce sont également tous ces doutes qui l’assaillent et lui rappellent combien elle peut être vulnérable actuellement, elle qui d’ordinaire est toujours mue par une volonté de guerrière.
Arrivera-t-elle seulement à terminer la course ? Est-ce bien prudent ? Elle n’a été autorisée à reprendre l’entraînement à la compétition que le 19 juillet. Les médecins lui ont demandé de veiller à contrôler régulièrement sa fréquence cardiaque, avec pour consigne de ne jamais dépasser un certain seuil. Et puis un mois de préparation, pour une telle course, c’est si peu... presque dérisoire si l’on considère que depuis mars 2020 elle n’a pu véritablement suivre de phases d’entraînement optimales. Lors du confinement, seuls les athlètes professionnels pouvaient accéder aux structures dédiées et s’entraîner collectivement. Elle faisait alors le tour du pâté de maison, inlassablement. Un nombre incalculable de fois elle a couru dans ce périmètre restreint, jusqu’à en connaître les détails les plus infimes, les moindres aspérités.
Le signal du départ retentit. La course se déroule en Savoie. Il s’agit de gravir la Pointe de Nyon avec, comme toujours, un parcours jalonné d’obstacles. Margaux CHARPENTIER vous la connaissez. Nous avions réalisé son portrait [3] en 2018 : manipulatrice radio au sein du service de Radiothérapie du Pr COWEN, elle s’était alors qualifiée pour disputer les championnats du monde de Spartan Race au Névada. La course d’obstacle a toujours été pour elle bien plus qu’une simple activité physique : une philosophie, une source d’apprentissage, d’épanouissement, de courage, un surcroît de vie où chaque instant est porteur d’une intensité décuplée.
Alors malgré l’appréhension et les doutes elle se lance. Pendant l’ascension il lui semble qu’elle marche beaucoup mais qu’importe, il faut avancer et sans cesse elle se répète « allez Margaux, un pas après l’autre ». Elle parvient au sommet en 2H30. Son cœur, dont elle peut contrôler les pulsations à l’aide de sa montre, ne s’est pas emballé outre mesure en dépit de l’effort fourni. La descente se passe sans difficulté notable et elle parvient à franchir la ligne d’arrivée.
Compte tenu de cette maladie que les médecins lui ont diagnostiquée au mois de mars, du traitement relativement lourd qu’il lui a fallu suivre jusqu’en juillet, le simple fait de terminer la course est déjà, en soi, une performance. Quand son mari lui annonce « je crois que tu es première ! » Margaux est stupéfaite. Les résultats officiels le confirment pourtant. Nous sommes le 21 août 2021 et Margaux CHARPENTIER termine première de sa catégorie d’âge. Le lendemain, elle réitère l’exploit lors de la course de 10km en finissant de nouveau première de sa catégorie d’âge et à la deuxième place, toutes catégories confondues.
Il s’ensuit malheureusement une nouvelle période de cure éprouvante au mois de septembre avec une baisse de forme importante.
Puis les compétitions reprennent en octobre. Cette fois, Margaux pense qu’elle risque de flancher en pleine course mais ne veut pas renoncer, en tout cas pas avant d’avoir essayé. Elle fait bien car les deux courses se déroulent encore de la plus belle des manières. A la première, tandis qu’elle lutte contre le sentiment de ne pas être physiquement à la hauteur on l’informe, à un ravitaillement, de sa 3ème position au classement féminin. Margaux est incrédule. L’avant dernier obstacle lui donne du fil à retorde, elle tombe, se relève, se donne du courage pour aller de l’avant et finit première dans sa catégorie d’âge, troisième au classement général féminin. Le lendemain, elle réitère cette performance avec un classement identique, après une course épique, sous la pluie, dans une intensité émotionnelle qu’elle qualifie elle-même d’incroyable.
Ces magnifiques victoires, toutes aussi improbables les unes que les autres, permettent à Margaux de terminer première du championnat de France cette année et de repasser l’an prochain dans la catégorie « Élite ». Être dans le top 5 France de cette catégorie lui permettrait d’intégrer l’équipe de France de course d’obstacles !
Parcours sportif, parcours de vie... ne s’agirait-il pas, au fond, d’une seule et même chose, d’un seul et même effort constant, déterminé, pour vivre pleinement non pas malgré tous les obstacles, mais grâce à eux ?
« Plus que jamais cette année mon sport m’a servi dans ma vie personnelle. Cette notion de persévérance m’a énormément aidée à surmonter les problèmes de santé, les examens et les traitements médicaux. Se retrouver brusquement de l’autre côté de la barrière... c’est une expérience difficile. Mais je comprends mieux les patients, leurs doutes, leurs inquiétudes, leur lassitude. Je réalise mieux combien de tout petits détails qui peuvent nous paraître anodins ont en fait, pour eux, toute leur importance. J’ai aussi beaucoup appris sur moi. J’ai changé. Les obstacles apportent toujours beaucoup. On ne retient pas la façon dont on est tombé, mais comment on est parvenu à se relever. La bienveillance commence par là. »
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[3] http://fr.ap-hm.fr/talents-aphm/la-course-d-obstacles-un-concentre-de-vie
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