Pression au travail, stress, syndrome d’épuisement professionnel : des études ont montré que les infirmières de réanimation figurent parmi les plus exposées à ce type de difficultés.
En cause, des protocoles extrêmement rigoureux et contraignants réduisant fortement toute latitude décisionnelle et requérant en même temps une attention de tous les instants. Partant de ce constat, le groupe de recherche IDE du service de Réanimation médicale, détresses respiratoires et infections sévères de l’Hôpital Nord [3] dirigé par le Pr Laurent PAPAZIAN a initié une étude dont les résultats ont déjà commencé à faire grand bruit. Présenté en octobre dernier devant des milliers de participants au Congrès de la Société Européenne de Réanimation (European Society of Intensive Care Medecine [4]), un des plus grands congrès mondiaux de la discipline, ce travail a en effet été également publié dans le Journal of the American Medical Association [5], 3ème plus grand journal de médecine.
Le postulat était le suivant : si une diminution du niveau de stress par une modification de l’environnement de travail semble difficile à mettre en place, il est en revanche possible de réduire l’impact de cette tension au travail chez les professionnels eux-mêmes, en leur donnant accès à des formations adaptées à leur pratique et à leurs besoins.
L’étude a été menée sur un an, avec un suivi d’une année supplémentaire pour affiner les résultats. Elle a été financée dans le cadre du Programme Hospitalier de Recherche Infirmière et Paramédicale (PHRIP), et a concerné huit unités de réanimation, principalement de la région, avec 198 infirmier(e)s au total. 101 infirmier(e)s ont bénéficié d’une formation de 5 jours élaborée par le Centre d’Enseignement des Soins d’Urgence, dirigé par le Dr Pierre ROSTINI, combinant apport théorique, jeux de rôles et simulation haute-fidélité (en contexte, avec des mannequins plus vrais que nature). Des séances de débriefing étaient également réalisées avec les participantes.
Les résultats ont largement dépassé toutes les attentes : l’amélioration du raisonnement clinique des soignants agit sur de nombreux paramètres et domaines de compétences comme la confiance en soi et le degré d’autonomie, l’organisation, la collaboration et l’efficacité en situation critique, et bien sûr la capacité de gestion du stress. L’indicateur de pression au travail mesuré à l’aide de questionnaires validés, est de 13% à 6 mois pour le groupe ayant bénéficié de la formation, contre 67% dans le groupe contrôle. Le taux d’absentéisme est quant à lui de seulement 1% dans le groupe formé contre 8% dans l’autre groupe. Enfin, le taux de turnover (personnes ayant quitté le service) est de 4% contre 12%. Ces résultats tout à fait spectaculaires se sont maintenus lors du suivi à un an.
Nul doute que ce travail va avoir une influence considérable dans les unités de réanimation mais aussi dans les autres services de soins qui pourraient s’en inspirer pour améliorer la qualité et la sécurité des soins, ainsi que le mieux-être au travail.
Bravo à l’ensemble des infirmier(e)s de l’équipe Recherche du service de Réanimation DRIS du Pr PAPAZIAN (Hôpital Nord ) qui ont coordonné et mené à bien ce travail !
L'équipe de Recherche Clinique infirmière de la Réanimation DRIS, actuellement composée de Camille PINGLIS, Céline SANZ et Sabine VALERA, assure la promotion de cette belle étude et travaille sur un nouveau projet qui assurera la continuité de SISTRESSREA.
Links
[1] https://fr.ap-hm.fr/print/815569
[2] https://fr.ap-hm.fr/printpdf/815569
[3] https://fr.ap-hm.fr/service/reanimation-medicale-detresses-respiratoires-infections-severes-hopital-nord
[4] https://www.esicm.org/
[5] https://jamanetwork.com/journals/jama
[6] https://jamanetwork.com/journals/jama/fullarticle/2710777
[7] https://www.facebook.com/sharer/sharer.php?u=https://fr.ap-hm.fr/print/815569
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[10] mailto:?subject=Sistressrea : réduire l’impact du stress par la formation&body=https://fr.ap-hm.fr/print/815569