Le forum santé organisé par l’AP-HM et le journal La Provence consacré à l’audition a permis aujourd’hui de tordre le cou à bien des idées reçues. Qui sait par exemple qu’il suffit d’être exposé 3 secondes à un son d’une puissance de 140 décibels pour être victime de lésions définitives ?
Le Professeur LAVIEILLE, chef du service ORL aux Hôpitaux Universitaires de Marseille - Conception, s’est voulu très pédagogique en rappelant l’enjeu de santé publique que représentent les troubles auditifs en France et dans le monde. 10% de la population française serait confrontée en effet à une perte d’acuité auditive selon l’Assurance Maladie. La surdité touchant elle, 6% des 15-24 ans mais 65% des plus de 65 ans. Dans le monde, 466 millions de personnes ont une déficience auditive handicapante dont 34 millions sont des enfants.
Les traumatismes sonores sont irréversibles
S’il y a des causes génétiques, ou celles liées au vieillissement, selon le professeur LAVIEILLE, « ce sont les traumatismes sonores qu’il faut éviter car ils provoquent des dégâts irréversibles. Cela repose avant tout sur la prévention. Quand on utilise une perceuse ou un perforateur sans protection, 14 secondes de perçage provoquent une lésion définitive. Ces traumatismes sonores doivent être anticipés. Ils le sont de plus en plus dans le milieu professionnel mais en revanche, les traumatismes de loisirs augmentent». L’exposition régulière à des niveaux sonores trop intensifs et répétés, à savoir la musique dite « amplifiée » serait chez les 15 – 35 ans l’une des causes des troubles de l’audition (BEH janvier 2016). Ce qui rejoint l’alerte donnée par l’Organisation Mondiale de la Santé selon qui 50% des jeunes de 12 à 35 ans ont des comportements à risques.
Concernant la presbyacousie, qui correspond à une perte progressive des fonctions auditives liée à l’âge, des prises en charge adaptées existent. « Un bilan médical doit être fait » dès les premiers symptômes car plus le diagnostic est tardif et plus les répercussions seront importantes. Il existe trois stades, a expliqué le spécialiste. Tout d’abord l’étape infra-clinique où l’on a du mal à entendre et comprendre quand il y a du brouhaha, le stade 2 présente une gêne auditive associée à une intolérance aux bruits forts. Cela commence à entraîner un retentissement social, puis au stade 3, intervient l’isolement : « Le retentissement de cette perte d’audition est alors important, il impacte la vie de la personne. On voit d’ailleurs des syndromes dépressifs. Tout un réseau perd alors sa fonctionnalité ce qui entraîne une dégradation des capacités cognitives ». Le déclin cognitif est en quelque sorte engagé, caractérisé par une altération de la mémoire, des capacités d’attention, de l’utilisation même du langage.
Un lien entre perte auditive et maladie d’Alzheimer
Des recherches ont établi une « relation entre la perte auditive et la maladie d’Alzheimer » souligne le Pr LAVIEILLE du fait de cet isolement social conduisant à une communication empêchée. Un cercle vicieux puisque cela accélère le processus d’atrophie cérébrale.
Face à cela, plusieurs pistes. La prévention des traumatismes sonores d’abord ! On peut aussi éviter la consommation de tabac et avoir une alimentation équilibrée. Une alimentation renforcée en antioxydants, en vitamine E, C, bêta-carotène, cuivre, zinc, et d’Oméga 3 entrerait en ligne de compte dans le succès thérapeutique. Mais surtout, explique le spécialiste ORL, « la restriction calorique parce qu’il a été prouvé que moins on mange et plus on entend longtemps, donc la suralimentation a un effet pénalisant sur nos capacités auditives ». Face à la presbyacousie, l’appareillage s’avère indispensable pour réhabiliter l’écosystème auditif et ainsi « stopper le déclin qui peut être engagé si les troubles ne sont pas identifiés et traités ».
Yannick DUMOUCHEL et Antoine CHEVAL, audioprothésistes, officiant à Marseille notamment, ont expliqué leur vision du métier. Elle est basée sur l’idée « que l’appareillage est une rééducation à la fonction auditive » et non un produit. Le succès d’un dispositif repose en priorité sur la mise en œuvre de bonnes pratiques, dont un port continu sans quoi le nerf auditif n’a aucune chance de récupérer ! Sans se substituer au cerveau, les modèles deviennent de plus en plus performants avec « des puces 400 fois plus rapides qu’avant pour isoler une parole dans un fond sonore ».
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