C’est un parcours fait d’épreuves et d’espoir. Sandrine a 23 ans lorsqu’on lui diagnostique en 2008 un lymphome de Hodgkin. Elle reçoit dans son centre anti-cancéreux une première série de chimiothérapie qui s’avère inopérante. L’oncologue qui la suit élabore un nouveau traitement plus puissant, mais dont la toxicité est aussi beaucoup plus élevée. L’un des effets secondaires est d’entraîner un dommage important des ovaires et une altération de sa fertilité.
« C’est ma maman qui au départ a posé la question de la fertilité à l’oncologue. De mon côté je n’y aurais jamais pensé. J’étais à l’époque focalisée sur le cancer et le combat qu’il allait falloir mener contre lui. Je lui suis aujourd’hui infiniment reconnaissante d’avoir su voir au-delà. »
Afin qu’elle ait malgré tout la possibilité de devenir un jour maman, Sandrine est adressée à la plateforme Cancer et fertilité de l’AP-HM où elle rencontre le Pr Blandine COURBIERE et son équipe. Un ovaire entier est ainsi prélevé par coelioscopie et le tissu ovarien contenant les gamètes congelé au CECOS pour une éventuelle utilisation après rémission. Nous sommes alors en 2009.
« J’ai continué par la suite à être en lien avec le Professeur COURBIERE. A partir de 2012, chaque année, je faisais une prise de sang pour contrôler où en était ma réserve ovarienne, ainsi qu’une échographie pour observer s’il y avait ou non des follicules. »
Exactement 10 ans plus tard, en 2019, Sandrine et son compagnon sollicitent le Professeur COURBIERE. Ils souhaitent avoir un enfant et lui demandent ce qui peut être mis en œuvre pour qu’ils aient une chance de devenir parents.
« Sandrine présentait une insuffisance ovarienne prématurée. Dans le cadre d’un protocole de recherche, nous lui avons proposé de réaliser une greffe d’une partie des fragments de tissus prélevés en 2009. C’est une technique qui avait déjà montré de très bons résultats dans d’autres études en France et à l’international, mais c’était une première à Marseille. » (Pr COURBIERE)
La greffe est réalisée en décembre 2019 en collaboration avec le Dr Audrey PIVANO du service de chirurgie gynécologique du Pr Aubert AGOSTINI. Cette greffe permet de rétablir dès avril 2020 la fonction ovarienne endocrine et les règles de Sandrine, qui est alors en mesure d’arrêter tous les traitements hormonaux substitutifs. Devant l’absence de grossesse et l’épuisement des greffons, une seconde greffe sera réalisée environ un an et demi plus tard. En l’absence de grossesse spontanée, le Pr Blandine COURBIERE et son équipe proposent à Sandrine et son compagnon de tenter une FIV (Fécondation In Vitro). Cette première tentative échoue, Sandrine ne réagissant pas du tout à la stimulation hormonale.
« Psychologiquement ce n’était pas du tout évident. Nous habitons à Gap. Il y avait les trajets chaque mois, l’attente, la déception de voir que ça ne fonctionnait pas. Au printemps 2022, nous avons dit au Pr COURBIERE que nous allions arrêter. Nous étions en train de faire notre deuil de ce désir d’enfant mais le Pr COURBIERE, elle, y croyait toujours ! Elle comprenait parfaitement combien c’était éprouvant pour nous, elle a toujours été très à l’écoute à ce niveau. Mais elle nous a proposé de retenter la stimulation pour une FIV. De nouveau ça n’a pas très bien fonctionné. J’étais abattue, mais mon compagnon a demandé si nous pouvions faire encore une tentative au cycle suivant. Le Pr COURBIERE nous a assuré que cette fois nous irions jusqu’au bout, même s’il n’y avait qu’un seul follicule. »
Sandrine réagit un peu mieux à la stimulation que les fois précédentes. Deux follicules matures sont ponctionnés et mis en culture. Les deux follicules sont fécondés et transférés le 28 juin 2022. 14 jours plus tard, le test de grossesse est positif. Une échographie réalisée de manière anticipée montre que Sandrine est enceinte de jumeaux.
« Il y a eu beaucoup d’appréhensions pendant la grossesse, avec une hospitalisation à l’Hôpital Nord par crainte d’accouchement prématuré. J’ai finalement accouché le 27 février de mes deux petits jumeaux, un garçon et une fille, avec seulement un mois d’avance. Nous les appelons nos deux petits miracles. C’est un parcours assez extraordinaire quand on y pense. L’accueil, la prise en charge et l’accompagnement ont toujours été excellents. Ce qui nous a manqué peut-être c’est un suivi psychologique, qui nous aurait aidés à traverser ces épreuves, individuellement et aussi pour notre couple. Mais le Pr COURBIERE était toujours réactive, très disponible et à l’écoute. »
Aujourd’hui la greffe de tissu ovarien est une technique pratiquée en soins courants, ce qui permet à davantage de femmes d’en bénéficier, à condition que le tissu ovarien soit prélevé avant 36 ans. Ainsi, il est indispensable que les oncologues aient systématiquement le réflexe, en cas de traitement risquant d’altérer la fonction ovarienne, d’informer et d’orienter les patientes en âge de procréer vers des Centres de préservation de la fertilité.
« C’est avant tout la collaboration et la réactivité des équipes qui rend cela possible, le réseau Cancer et Fertilité ayant bénéficié du soutien du Dispositif Spécifique Régional du Cancer Onco-Paca Corse et de l’ARS PACA. Cette collaboration entre les oncologues, le Centre d’Etudes et de Conservation des Œufs et du Sperme (CECOS) dirigé par le Pr Catherine GUILLEMAIN , le service d’Assistance Médicale à la Procréation et le service de Chirurgie gynécologique du Pr Aubert Agostini permet d’organiser un prélèvement de tissu ovarien en urgence avant chimiothérapie. » (Pr COURBIERE)
Sandrine et son compagnon, quant à eux, espèrent que leur témoignage donnera de l’espoir à d’autres couples dans ce type de parcours, qui rencontrent des difficultés pour donner la vie.
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