Conseiller les couples ayant un désir de grossesse, aider les couples infertiles, optimiser les chances de réussite pour les uns et les autres tout en limitant les risques de fausse couche ou de complications obstétricales : tel est le rôle, à la Maternité de l’Hôpital de la Conception, de la plateforme CREER (Couple Reproduction Enfant Environnement et Risque).
Animée par des professionnels de différentes disciplines et spécialités aux expertises complémentaires (Gynécologues, Biologistes de la reproduction, Sage-femmes, Médecins du travail, Addictologues, Infirmiers…) la plateforme propose des consultations visant à prévenir et repérer les expositions environnementales susceptibles d’altérer la fertilité ainsi que la santé du bébé à naître.
« Les 1000 premiers jours, de la conception jusqu’à deux ans environ, sont cruciaux. Un grand nombre d’études scientifiques l’ont démontré et étayé : la sensibilité à l’environnement au sens large est la plus forte durant cette période. L’environnement très précoce influence donc beaucoup la santé de l’enfant et va même avoir des répercussions à l’âge adulte. » (Pr Jeanne PERRIN)
Des facteurs de risques environnementaux, il en existe hélas énormément. Certains sont liés à la pollution, d’autres au logement qui parfois est insalubre (présence de plomb et autres métaux lourds par exemple). D’autres encore dépendent directement de nos habitudes, notamment en termes de consommation. Une mauvaise alimentation, des addictions (tabac, cannabis, alcool), l’usage quotidien de cosmétiques et de produits d’entretien contenant des perturbateurs endocriniens sont les habitudes reprotoxiques les plus fréquentes. Les vêtements contiennent également des perturbateurs endocriniens, en particulier lorsqu’ils sont neufs. En changer très souvent implique d’y être plus fréquemment exposé directement, sans compter que leur fabrication est elle aussi source de pollution.
« Le maître mot ici est de réduire sa consommation de façon globale. En cela la plateforme CREER rejoint et encourage toutes les démarches en faveur du développement durable. Nous nous impliquons d’ailleurs pour qu’à l’hôpital aussi nous adoptions des fonctionnements et procédures en ce sens. » explique Claire SUNYACH, Sage-femme et Dr en sciences.
L’équipe prodigue conseils et recommandations aux couples, leur fournit de la documentation et les oriente en fonction des problématiques rencontrées. Elle s’implique également beaucoup au niveau des risques professionnels, le Médecin du travail de l’équipe pouvant faire le lien avec celui des entreprises par exemple. Au travail, le contact avec les perturbateurs endocriniens est plus fréquent, plus long et plus intense qu’à domicile. Les secteurs du bâtiment, de l’agriculture, du nettoyage et de l’entretien, mais aussi de la santé avec par exemple les infirmières et les aides-soignantes sont généralement les plus concernés.
« Il faut insister sur une chose : dans le couple, les hommes ont tendance à minimiser les risques liés à leur profession. Ils n’ont pas conscience que cela peut avoir une influence sur la grossesse de leur compagne et même induire des fausses couches. Le parcours de soins permet aussi de réintégrer l’homme dans tout le processus. L’arrêt du tabac par exemple, devrait se faire dès l’instant où il y a désir de grossesse et pas uniquement au moment de la grossesse ou de la naissance. Une exposition pré-conceptionnelle du côté du futur papa pourra avoir un impact négatif sur la grossesse et l’enfant à venir. Pour rappel, il y a 40% de tabagiques chez les couples infertiles. » (Pr PERRIN)
On comprend tout l’intérêt d’une expertise à ce niveau et l’un des souhaits de l’équipe serait de pouvoir généraliser ces consultations de prévention à tous les couples ayant un désir d’enfant.
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