Mieux évaluer les risques opératoires du cancer de l’œsophage

Le cancer de l’œsophage et de la jonction œso-gastrique est le 8ème cancer le plus fréquent. Il est également celui qui évolue le plus rapidement dans le monde avec une occurrence multipliée par 7 en 20 ans pour l’adénocarcinome du bas œsophage. Comment, et à quel moment, estime-t-on qu’une intervention chirurgicale lourde est la meilleure option, celle qui donnera au patient le plus de chances de survie ? Comment le patient peut-il accepter en toute confiance et connaissance de cause la décision des médecins ?
 
Pour répondre à ces questionnements sur la base de critères statistiques objectifs et vérifiables, le Pr Xavier Benoît D’JOURNO (service de Chirurgie thoracique et des maladies de l’œsophage, Hôpital Nord [3]) a conduit une étude de grande ampleur dans le cadre d’un appel à projet de l’International Esodata Study Group [4] (IESG). A partir des données mises en commun par 39 instituts de 19 pays répartis sur les 5 continents, soit une cohorte de 8500 patients opérés, l’équipe de recherche est parvenue à élaborer un outil d’évaluation des risques opératoires pour la chirurgie des cancers de l’œsophage. Selon des variables aisément applicables comme l’âge, le sexe, l’indice de masse corporelle ou encore les antécédents médicaux, il est ainsi possible d’obtenir, pour chaque cas particulier rencontré, un score prédictif extrêmement fiable.
 
Le taux de mortalité suite à une opération d’un cancer de l’œsophage est de 4 à 5 %, tous patients confondus. Mais chez certains patients le risque peut monter jusqu’à 45 %. Pour cette étude, les données des patients ont été analysées jusqu’à 90 jours après l’intervention. C’est la première fois qu’une évaluation porte à si long terme.

« Le score prédictif va permettre aux cliniciens de mieux sélectionner les patients susceptibles d’être opérés. C’est un outil précieux pour la prise de décision. De même, il constituera pour les patients une information parfaitement intelligible sur les risques encourus, pouvant être matière à réflexion. » (Pr D’JOURNO)
 
Ce travail a récemment fait l’objet d’une publication dans JAMA Surgery [5], le journal de chirurgie le plus prestigieux au monde. La base de données IESG devrait jouer un rôle déterminant dans la future révision de la classification TNM (Tumor Node Metastasis) du cancer de l’œsophage.