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Au Baumettes, une fresque réalisée par des patients du service médico-psychologique régional

Publié le :
12/02/2015 à 10:37

Aux Baumettes, une fresque réalisée par des patients du service médico-psychologique régional

 

David MESGUICH, spécialiste du street art, a créé une fresque murale avec des détenus hospitalisés aux Baumettes. Une démarche positive à la fois pour l’artiste, les patients et l’équipe soignante.

 

Au printemps dernier, des patients détenus suivis au SMPR (service médico-psychologique régional) des Baumettes avaient participé à la création de décors pour le carnaval de Marseille. Pour prolonger cette  dynamique artistique, l’équipe de l’unité d’hospitalisation s’est investie en été 2014 dans un autre projet : la réalisation de deux fresques monumentales pour recouvrir les murs gris de la cour de promenade. 

 

L’idée est née d’une rencontre entre le plasticien David MESGUICH, qui exposait à la Friche Belle de Mai, et une infirmière du SMPR : « Notre travail de soignants en milieu carcéral l’a intéressé, d’autant plus qu’il avait déjà créé une œuvre avec des détenus de Fresnes », raconte Sonia MEUNIER.

Les relations entre l’artiste et les patients ont débuté par des séances de discussion autour du graffiti. « Au départ, ils me disaient ‘je ne sais pas dessiner, je n’ai pas d’idées’.  Mais au fil des ateliers, ils ont pris confiance en eux », se souvient David. « Deux fois par semaine, pendant trois mois, ils ont été une dizaine à manier la peinture en bombe et le papier adhésif, à progresser sur les techniques. Je suis content d’avoir pu tirer le positif en eux ». 

Deux immenses graffs  aux couleurs vives recouvrent désormais les murs de la cour réservée au SMPR, sous les miradors.

 

 

Composer avec les contraintes de la prison

 

 

Pour certains réfractaires à l’art, les participants se sont finalement impliqués dans la création. « Cela nécessite une organisation rigoureuse, et beaucoup d’énergie de la part de l’équipe », souligne Sonia Meunier. « Amener du matériel comme des bombes de peinture et une échelle à l’intérieur de la maison d’arrêt est très compliqué : à chaque instant, nous sommes obligés de composer avec les contraintes de l’univers carcéral ».

 

Photo : David MESGUICH

Malgré les obstacles, le personnel enthousiaste a saisi cette possibilité de sortir de l’enfermement qu’il subit lui aussi, de se placer sur un autre terrain que celui du soin.  « La présence d’un intervenant extérieur donne de la vie, du sens à notre travail aux côtés des patients », témoigne Rémy BARTHÉLÉMY, cadre de santé. « Pendant le temps d’un atelier, ils peuvent interrompre l’enfermement, l’isolement, oublier le négatif de l’existence ». 

 

 

Une porte vers l’extérieur

 

 

Le Dr Catherine PAULET, chef du service, souligne l’importance de ce  travail de co-création pour l’estime de soi, la réparation, la déstigmatisation des malades détenus. « L’intervention de l’artiste ouvre une porte vers l’extérieur. Des personnes en grande souffrance psychologique, entravées dans leurs pensées, leurs actions et leurs sensations, ont la possibilité de se découvrir une sensibilité à l’art, se sentir capables de créer et produire…  Une occasion de chercher en soi le potentiel qui est en tout homme, et de voir combien cela peut être beau pour soi et pour les autres ».

 

Lors du vernissage, au cours de la « promenade communautaire » du vendredi, les patients ont dit leur fierté d’avoir travaillé avec un artiste. Sur les fresques, ils ont inscrit leurs signatures à côté de celle de David. 

 

 

En savoir plus sur le SMPR

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Centre Pénitentiaire de Marseille - Les Baumettes

Chef de service : Dr Catherine PAULET