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Aux avant-postes du suivi et des soins: les Infirmier(e)s en Pratique Avancée

Publié le :
07/09/2022 à 16:06

Parmi les principaux enjeux pour une amélioration de la qualité des soins à l’hôpital, le suivi et l’accompagnement occupent une place prépondérante. Même si le niveau d’expertise et de prise en charge est particulièrement élevé, les patients ont souvent le sentiment d’être, de retour chez eux, livrés à eux-mêmes. Le récent statut d’Infirmière en Pratique Avancée (décret du 18 juillet 2018) constitue à ce titre un formidable atout. Déroulement et observance des traitements mieux expliqués, suivi personnalisé, interface assurée avec l’équipe, le médecin traitant ou encore les infirmières libérales amenées à s’occuper ultérieurement des patients : dans un parcours de soins souvent complexe et anxiogène, les Infirmier(e)s en Pratique Avancée (IPA) tissent du lien, donnent du sens, apportent des ressources.

 

Lorsque Monsieur R, 58 ans, se rend à son rendez-vous de consultation de médecine vasculaire avec le Pr Gabrielle SARLON, son hypertension artérielle diagnostiquée 4 ans plus tôt est devenue source d’inquiétudes. Elle est secondaire à un hyperaldostéronisme primaire, un dysfonctionnement de la glande surrénale qui produit un excès d’aldostérone (hormone) ayant pour effet de faire monter la tension. Le Pr SARLON lui explique en détail les deux options thérapeutiques envisageables, à savoir une exérèse de la glande surrénale par chirurgie, ou un traitement médicamenteux spécifique. Monsieur R choisit ce dernier.

 

La réussite d’un traitement de ce type repose sur une bonne compréhension de la maladie et des enjeux thérapeutiques, une bonne observance du traitement et des recommandations en matière d’hygiène de vie. Dans les maladies chroniques, environ un patient sur deux ne suit pas correctement le protocole, et le plus souvent ce n’est pas du tout par négligence mais par défaut d’un interlocuteur disponible, capable de rassurer, conseiller et procéder à des ajustements ou à de nouvelles prescriptions lorsque cela s’avère nécessaire. Lors de son hospitalisation de jour pour examens complémentaires, Monsieur R se voit ainsi convié à un entretien avec Sophie DOLADILHE, infirmière en pratique avancée.

 

« J’étais surpris que me soit proposé cet entretien, je ne connaissais pas du tout ce statut d’Infirmière en Pratique Avancée mais immédiatement, cela m’a rassuré. Lors d’une consultation médicale il y a souvent beaucoup d’informations à assimiler, du stress. Avec cet entretien j’ai pu réentendre certaines explications, formulées différemment. J’ai pu aussi prendre le temps de poser certaines questions, me familiariser avec la manière de surveiller ma tension une fois de retour chez moi. Et surtout j’ai les coordonnées de Sophie, je sais vers qui me tourner en cas de problème ou de doute et ça c’est essentiel. » (Monsieur R)

 

Sophie DOLADILHE a obtenu son diplôme d’IPA en juillet 2021. Infirmière depuis 1993, elle a travaillé 11 ans en Réanimation polyvalente puis une dizaine d’années au bloc d’électrophysiologie, avant de devenir infirmière coordinatrice dans le Service de Cardiologie-Rythmologie.

 

 

« Je voulais que ces expériences et cette expertise que j’ai développée en cardiologie puissent être mises à profit dans le service. La formation d’IPA, avec la mention Pathologies chroniques stabilisées, permet d’utiliser autrement les connaissances déjà acquises et de monter en compétences. Elle est très exigeante mais aussi passionnante. Mon mari et mes enfants se souviennent encore de cette période d’études. Je révisais les partiels en même temps que mon fils ! » (Sophie DOLADILHE)

 

Son intégration dans l’équipe de Cardiologie / Médecine Vasculaire avec ce nouveau statut a été pensée collectivement bien en amont, comme l’explique Madame Hasnia SAID, cadre de santé :

 

« Le projet d’implantation de l’infirmier en pratique avancé a été largement soutenue par la coordination générale des soins, ce soutien s’est confirmé par notre direction de site. L’accompagnement de Sophie s’est fait dès sa candidature et tout au long de sa formation jusqu’à sa prise de poste. Des protocoles de coopération et sa fiche de poste ont été clairement définis en amont, en collaboration médicale et avec l’encadrement, ce qui fait que l’implantation au sein du service s’est faite de manière très naturelle. Lorsque Sophie a fait part à son chef de service de son projet de formation, il l’a immédiatement soutenue et l’a aidée dans la construction de son projet professionnel. Le Professeur SARLON l’a également aidée dans l’élaboration du protocole de coopération concernant le suivi des patients hypertendus. En effet Sophie peut prendre en charge des patients atteints de trouble du rythme mais aussi présentant une HTA / maladie vasculaire. L’Infirmière en Pratique Avancée assiste si besoin aux réunions de service. Les autres infirmières peuvent la solliciter pour des problématiques précises… elle travaille vraiment main dans la main avec tout le monde.»

 

A l’AP-HM on compte aujourd’hui huit Infirmières de Pratique Avancée réparties dans les services de :

 

  • Cardiologie : Rythmologie et Médecine vasculaire
  • Chirurgie vasculaire et endovasculaire
  • Dialyse et greffe rénale
  • Endocrinologie
  • Neurologie
  • Oncologie-Hématologie
  • Pneumologie

 

Toutes se connaissent et échangent régulièrement à propos de leur pratique, toutes ont à cœur de développer et de faire connaître leur métier.  

 

« Les IPA ne doivent pas être vues par les médecins comme des concurrents qui viendraient empiéter sur leur pré carré. Leur complémentarité apporte une plus-value essentielle qui dégage du temps de présence médicale pour la gestion des urgences. Ils peuvent renouveler des ordonnances, prescrire des examens complémentaires, réaliser des actes techniques mais aussi repérer d’éventuelles fragilités et par exemple mettre le patient en rapport avec une assistante sociale pour faciliter son autonomie. C’est une prise en charge personnalisée, de manière à rassurer le patient, l’aider dans l’observance des traitements et la compréhension de sa maladie » (Pr Gabrielle SARLON)

 

Aujourd’hui Monsieur B est en mesure de réaliser sereinement son automesure tensionnelle. Il est conscient des efforts diététiques et sportifs à mettre en œuvre car parfaitement informé de leurs  enjeux et bénéfices.