Chirurgie vasculaire : l’intelligence artificielle pour améliorer le suivi des patients

Le service de Chirurgie vasculaire et endovasculaire de l’Hôpital de la Timone, dirigé par le Pr Michel Alain BARTOLI, a récemment conclu un partenariat avec la société INCEPTO pour le développement d’ARVA, une solution d’aide à la surveillance des endoprothèses basée sur l’intelligence artificielle.
 
Depuis plusieurs années déjà l’intelligence artificielle ouvre de vastes champs de recherche dans tous les domaines médicaux avec, bien souvent, des applications cliniques évidentes. C’est notamment le cas pour l’analyse d’images comme des radiographies par exemple, ou encore des photographies de grains de beauté. L’intelligence artificielle, nourrie de dizaines de milliers de clichés et de leurs interprétations afférentes, se montre capable de détecter en un laps de temps infime d’éventuelles anomalies. Plus la base de données sur laquelle s’appuie l’algorithme d’intelligence artificielle est étoffée et précise, plus les interprétations fournies seront fiables. Ces algorithmes, aux résultats reproductibles, constituent de nouveaux outils d’aide au diagnostic utilisés en routine clinique par le praticien.
 
Spécialisés dans l’implantation d’endoprothèses vasculaires, le Pr BARTOLI et son équipe réalisent un suivi rigoureux des patients et possèdent à ce titre une base de données qui fait figure de référence de par son ampleur et sa qualité. C’est la raison pour laquelle la société INCEPTO, experte dans le développement de solutions d’intelligence artificielle appliquée à l’imagerie médicale, s’est tournée vers le service de Chirurgie vasculaire de la Timone. L’endoprothèse est une technique qui a constitué une véritable révolution dans le traitement des anévrismes aortiques. Il s’agit d’une opération consistant non pas à retirer l’anévrisme par opération chirurgicale, mais à l’exclure par la pose d’un stent, de manière à ce qu’il ne soit plus alimenté par la circulation générale. Cette pratique mini-invasive réalisée par voie endovasculaire est nettement moins lourde que l’intervention classique et présente un risque de mortalité significativement moins élevé. Elle nécessite toutefois un suivi du patient à vie car, avec le temps, des complications peuvent survenir entraînant de nouveaux risques de rupture de l’anévrisme : endofuites, migration de la prothèse, perméabilité ou déformation du squelette métallique, plicatures, présence d’anévrismes au-dessus ou en dessous de la zone traitée...     
 
Cette surveillance est le plus couramment effectuée par scanner avec un certain nombre de paramètres à analyser (diamètre de l’aorte, présence de fuites...). La société INCEPTO et les chirurgiens de l’Hôpital Marie Lannelongue du groupe Hospitalier Paris Saint-Joseph ont développé pour cela la solution d’intelligence artificielle ARVA, destinée à fournir des mesures automatiques du diamètre anévrismal en scanner. ARVA propose d’ores et déjà des mesures du diamètre de l’aorte dans son intégralité, segment par segment, avec une reconstruction 3D de cette dernière. Sa force est de pouvoir comparer des images prises à différents moments pour déterminer l’évolution d’une endoprothèse. L’un des objectifs visés est d’inclure, à terme, la détection de toutes les problématiques précédemment mentionnées. Si la solution est d’ores et déjà marquée CE et utilisée en routine clinique, une deuxième phase de développement cruciale est désormais lancée pour l’enrichir de nouvelles fonctionnalités. Les quelques 3 500 scanners interprétés, datés et classifiés dont disposent le Pr Michel Alain BARTOLI et son équipe, soit plus de 4 000 gigas de données, représentent pour cela un support de travail idéal.
 
La mise à disposition des données a nécessité l’obtention du consentement de chacun des patients ainsi qu’un important travail d’anonymisation en lien avec les services juridiques et la Direction de la Recherche Santé de l’AP-HM. Les praticiens du service de Chirurgie vasculaire de la Timone vont pouvoir évaluer ARVA et, en collaboration avec les ingénieurs, l’enrichir de nouveaux paramètres, ce travail sera supervisé par le docteur Marine GAUDRY, MCU-PH en chirurgie vasculaire. Une convention public-privé qui est fructueuse et innovante puisqu’elle devrait contribuer à améliorer le suivi et la sécurité des patients.