Du laboratoire au chevet des patients

Elles ont choisi la recherche sans pour autant perdre de vue un seul instant le soin et la clinique. Elles étudient, analysent dans l’espoir d’optimiser les traitements et de mieux soigner les patients. Elles travaillent sur des enjeux médico-scientifiques ultra spécialisés, mais ont constamment à cœur d’améliorer tous les aspects de la prise en charge. Si elles coordonnent, supervisent et transmettent, c’est pour mieux mutualiser les ressources et favoriser les coopérations, pour susciter des vocations et assurer la relève. Leur ambition n’est pas d’être les plus reconnues dans leur domaine, mais que leur domaine soit source d’avancées significatives, d’innovations ayant des applications concrètes dans la lutte contre le cancer.

Pneumologue spécialisée en pneumo-cancérologie, le Pr Pascale TOMASINI est Cheffe de service du Centre d’Essais Précoces en Cancérologie de Marseille (CEPCM), coordinatrice du Centre Labélisé INCa de Phases Précoces (CLIP²). Elle exerce également à l’Hôpital Nord au sein du Département de Pneumologie dirigé par le Pr Laurent GREILLIER et mène une activité d’enseignement à la Faculté de Médecine. Elle s’est essentiellement formée à Marseille, mais a effectué une année de mobilité à Toronto, dans l’unité des cancers du poumon du Princess Margaret Cancer Center, le plus grand centre de soins, de recherche et d’enseignement canadien dédié aux pathologies cancéreuses.

Le Pr Emeline TABOURET est quant à elle Directrice adjointe de l’Institut de Neurophysiopathologie (AMU / CNRS), où elle codirige une équipe de recherche avec le Dr Aurélie TCHOGHANDJIAN. Elle est également neuro-oncologue dans le service de Neuro-oncologie de la Timone, dirigé par le Pr Olivier CHINOT. Elle a effectué son internat en cancérologie à la Faculté de Médecine de Marseille et, pendant un semestre, à Paris. En parallèle, elle s’est surspécialisée en neuro-oncologie avec une thèse de sciences sur la biologie des tumeurs cérébrales primitives. Tout comme le Pr TOMASINI, elle s’est aussi formée à l’étranger, avec un post-doctorat d’une année dans un laboratoire de recherche du National Institute of Health à Washington.

De multiples responsabilités qui impliquent, pour toutes deux, un emploi du temps particulièrement chargé et surtout une organisation des plus rigoureuses. En plus de son activité clinique et de ses travaux de recherche, Pascale TOMASINI gère la vie quotidienne du CEPCM et s’assure d’une bonne coordination entre personnel de soins et chercheurs (l’équipe est composée de 5 médecins, 10 infirmières, 3 aides-soignants, un cadre de santé, une psychologue et 14 techniciens d’études cliniques). Elle est l’interlocutrice de l’ensemble des partenaires du CEPCM : laboratoires de recherche, services de soins, d’imagerie, pharmacie… ainsi que l’Institut National du Cancer (INCa), auquel elle adresse régulièrement cahiers des charges, programmes et rapports d’activité.

« Nos objectifs sont aujourd’hui de favoriser la promotion interne de projets afin de développer l’activité de recherche locale tout en augmentant encore les essais et collaborations avec les industriels. Très important également : permettre qu’un enseignement universitaire d’excellence puisse directement émaner du CLIP². » (Pr TOMASINI).

Avec une équipe de recherche de plus de 25 personnes sous sa supervision et le suivi de ses patients, Emeline TABOURET parvient elle aussi à structurer son temps de manière à ne négliger aucun aspect de ses différentes missions.

« Ce qui me donne l’opportunité de conjuguer toutes ces activités, c’est avant tout le fait de travailler avec des équipes formidables ! La répartition des tâches est très bien faite, je peux trouver des relais, déléguer en toute confiance. » (Pr TABOURET).

Toujours en quête de meilleurs traitements et protocoles, Emeline TABOURET innove également sur le plan de la collaboration entre chercheurs. Grâce au financement du Cancéropole PACA, elle a récemment contribué à la structuration et au lancement du réseau PETRA (Réseau PrEclinique et TRAnslationnel de recherche en neuro-oncologie), unique en son genre, qui permet à l’ensemble des chercheurs et cliniciens de Marseille et toute la Région PACA d’échanger résultats, pistes de recherche, conseils et compétences. Mais surtout, le consortium composé de 6 équipes spécialisées en neuro-oncologie adulte et pédiatrique est en mesure de répondre à des besoins très spécifiques avec ses trois plateformes dédiées :

• PETRATECH : une plateforme technique avec une offre large de modèles précliniques humains en 3D ainsi que de modèles animaux.
• PETRANSLA : une plateforme de recherche translationnelle facilitant l’accès aux ressources biologiques annotées et capable de proposer un accompagnement des équipes vers les essais cliniques
• PETRADVICE : une plateforme de conseil, d’orientation et de formation dans la conception des plans expérimentaux, le choix des modèles précliniques, l’accès aux technologies/expertises les plus pertinentes.

Le Pr TOMASINI est naturellement, elle aussi, partie prenante de ce réseau impulsant une remarquable synergie en faveur de la recherche.

Les travaux de recherche des Pr TOMASINI et TABOURET sont d’ailleurs éminemment complémentaires. Au sein de l’Unité d’oncologie prédictive du Centre de Recherche en Cancérologie de Marseille, la première étudie les métastases cérébrales du cancer du poumon, leurs caractéristiques biologiques et surtout la manière dont elles échappent jusqu’à présent aux traitements anticancéreux dont l’immunothérapie. La seconde s’intéresse aux tumeurs cérébrales primitives, dont la plus fréquente est le glioblastome, également première tumeur solide de l’enfant et première cause de mortalité par cancer chez les patients jeunes. A ce titre, elle travaille en relation étroite avec les pédiatres, dont le Pr Nicolas ANDRE. Toutes deux encadrent des étudiants en thèse sur ces thématiques respectives.

« Le cancer du poumon est la principale source de métastases cérébrales. Ces dernières sont particulièrement difficiles à traiter de par leur hétérogénéité moléculaire. Elles sont généralement découvertes fortuitement par imagerie, ou parce qu’elles causent des symptômes neurologiques. Nous cherchons des voies qui pourraient permettre d’outrepasser les résistances des cellules cancéreuses à l’immunothérapie en travaillant sur de nouvelles familles de traitements ciblés comme les anticorps bi-spécifiques. » (Pr TOMASINI)

« Nous nous efforçons de mieux comprendre comment la cellule tumorale se comporte et interagit avec son micro-environnement tumoral. Caractériser la cellule tumorale permet d’identifier des vulnérabilités afin de développer des approches et modalités thérapeutiques innovantes comme les CAR-T cells ou des thérapies par l’ARN. Les cellules CAR-T sont des globules blancs génétiquement modifiés pour que le système immunitaire soit à même de reconnaître et combattre le cancer. » (Pr TABOURET)

On l’aura compris, ces deux femmes de science font en permanence le lien entre le laboratoire et le lit des malades, avec le souci de combattre la maladie tout en considérant pleinement l’être humain qui en est atteint. Elles sont de fait très attachées au bien-être des patients, à leur bonne information et à l’amélioration de leur qualité de vie, sans oublier les aidants dont la présence aux côtés des malades est essentielle. Elles mènent ainsi régulièrement des opérations de sensibilisation et d’information auprès du grand public. Emeline TABOURET fait en outre partie du comité scientifique et du comité d'administration de l’Association pour la Recherche sur les Tumeurs Cérébrales du Sud (ARTC Sud) qui depuis près de 20 ans apporte un soutien sans faille à la recherche, aux patients et à leur famille.