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Stéphanie CARLIER : première infirmière française au congrès européen des IBODES

Publié le :
21/06/2022 à 14:04

Lors de la croissance rapide du cerveau durant les premières années de vie, la boîte crânienne se développe de manière conjointe grâce à des sutures qui permettent d’articuler les os du crâne entre eux. Dans de rares cas cependant, il arrive qu’une ou plusieurs de ces sutures se soudent prématurément. La poussée encéphalique engendre alors une conjonction de malformations au niveau du crâne et de la face.

 

Ces craniosténoses peuvent être isolées ou liées à un syndrome dont le patient est atteint tel que le syndrome de Crouzon. Dans ces formes syndromiques, les craniosténoses peuvent être associées à une rétrusion du massif facial. Les conséquences sur la santé et le quotidien des enfants sont dramatiques et susceptibles de mettre en jeu leur pronostic vital :

 

  • Hypertension intracrânienne
  • Exophtalmie avec risques de cécité
  • Obstruction partielle ou totale des voies aériennes supérieures (respiration par le nez impossible et nécessité d’une ventilation nocturne)
  • Inversé de l’articulé dentaire (les dents du bas vont être plus en avant que celles du haut)

 

Lorsqu’elle travaillait au sein du service de Neurochirurgie infantile du Pr SCAVARDA, Stéphanie CARLIER, IBODE, a développé une véritable expertise concernant cette pathologie et l’intervention chirurgicale qu’elle requiert. L’avancée fronto-faciale mono-bloc est une opération délicate qui nécessite 7 à 8 heures de collaboration entre un neurochirurgien pédiatrique et un chirurgien maxillo-facial. Différentes ostéotomies sont pratiquées au niveau du crâne de manière à pouvoir, comme l’indique le nom de l’intervention, avancer le massif facial et faire plus de place au cerveau. L’AP-HM est l’un des trois CHU de France à pouvoir pratiquer cette technique.

 

     

 

Stéphanie CARLIER a participé à l’élaboration du protocole en collaboration avec les chirurgiens de l’équipe, notamment le Dr Grégoire PECH-GOURG (Neurochirurgie infantile) et le Dr Audrey GALLUCCI (Chirurgie maxillo-faciale). Cette connaissance approfondie d’un procédé rare et complexe lui a valu d’être la première infirmière française à être sélectionnée pour participer au Congrès européen des IBODE organisé en Norvège en mai 2022 par EORNA (European Operating Room Nurses Association).

 

« Réaliser cette communication en anglais, sur un sujet aussi pointu, était pour moi un challenge, c’est certain. Mais pouvoir échanger avec d’autres professionnels du monde entier est surtout une très belle aventure humaine, aussi enrichissante que stimulante. Cela permet de s’ouvrir à d’autres pratiques et modes de fonctionnement, de se remettre en question pour toujours évoluer vers le meilleur… mais aussi de prendre davantage conscience de nos atouts et d’être fiers des compétences que nous avons acquises et développées ! »

 

Le rôle de l’IBODE est crucial aussi bien pour atténuer le stress du petit patient et de ses parents que pour assister les chirurgiens lors de l’opération avec énormément de matériel et de paramètres à gérer selon un timing extrêmement précis (alternance ou concomitance de différents temps opératoires). La commande et la préparation des implants est également l’une des tâches auxquelles l’infirmière de bloc doit veiller. L’opération implique en effet la pose d’implants appelés distracteurs qui permettront de poursuivre l’écartement progressif des fragments osseux pendant deux à trois semaines après l’intervention, à raison d’environ 1mm par jour sur chaque tige des distracteurs. L’enfant devra ensuite retourner brièvement au bloc pour l’ablation de ces derniers.

 

« L’intervention est très lourde et il est important que les membres de l’équipe aient tous un même niveau de formation. C’est une épreuve terriblement angoissante pour les enfants et leur famille mais nous parvenons ainsi à traiter l’hypertension intracrânienne, l’exophtalmie et l’obstruction des voies aériennes supérieures. Bien sûr il y a également un intérêt esthétique certain. Les enfants sont bien conscients de l’image qu’ils renvoient avant et après l’opération et c’est quelque chose de merveilleux que de pouvoir contribuer à ce mieux-être. »       

 

Stéphanie CARLIER a récemment intégré le service de Chirurgie cardio-thoracique du Pr COLLART. Nul doute qu’elle saura là aussi relever de nouveaux défis et mettre toutes ses compétences au service des patients.