Actualités

Trouble bipolaire : une simple prise de sang pour affiner le diagnostic

Publié le :
30/03/2021 à 14:08

Depuis un certain temps rien ne va plus. Il se sent épuisé, dénué de toute envie, se trouve inconsistant, incapable. Il n’a plus goût à rien, éprouve une grande culpabilité vis-à-vis de ses proches qui tentent de l’encourager, de le soutenir comme ils peuvent. En même temps il en est de plus en plus convaincu : tous les efforts du monde ne suffiraient pas à le tirer de là. Pourtant, il y a eu des périodes où il se sentait pousser des ailes : il se lançait à corps perdu dans des projets, ne tenait pas en place. Mais cela ne durait jamais très longtemps : il se dispersait, était vite rattrapé par la tristesse et l’abattement. Et maintenant plus rien ne l’intéresse, il vit replié sur lui-même. 

À l’évidence, ses symptômes évoquent une dépression profonde et c’est pour ce motif qu’il finit par aller consulter. Le médecin confirme ce diagnostic, lui prescrit des antidépresseurs. Les années qui suivront seront pourtant un véritable calvaire : traitements inefficaces, humeur instable, incompréhension et désarroi des proches, isolement, tentative de suicide... Jusqu’à une consultation avec un psychiatre qui va enfin parvenir à déceler ce qui aura échappé à ses confrères : ce n’est pas de dépression dont il souffre, mais d’un trouble bipolaire.


Cette pathologie est classée par l’Organisation Mondiale de la Santé parmi les 10 maladies les plus invalidantes. Malheureusement sa détection est difficile et nécessite pour les praticiens une formation très spécialisée. Les phases de manie sont parfois moins marquées et d’autres troubles associés peuvent complexifier l’évaluation clinique. Une étude montre que plus de 40% des personnes atteintes de bipolarité sont au départ diagnostiquées dépressives (unipolaires). Le délai moyen pour un diagnostic exact est de 7,5 ans : une durée absolument considérable si l’on prend en compte les souffrances, le risque suicidaire et les multiples effets néfastes causés par la maladie, d’autant que sans être accompagnée par des régulateurs de l’humeur, la prise d’antidépresseurs ne fait qu’aggraver les symptômes.

Le Dr Raoul BELZEAUX (Psychiatre aux Hôpitaux Universitaires de Marseille), le Pr Nicolas GLAICHENHAUS (Professeur d’immunologie à l’Université Côte d’Azur), en collaboration avec le Pr Philippe COURTET (Professeur de Psychiatrie au CHU de Montpellier) ainsi que d’autres chercheurs et médecins de la Fondation FondaMental à l’origine de l’étude, ont récemment découvert trois biomarqueurs sanguins permettant d’affiner le diagnostic du trouble bipolaire.

Le dosage de ces trois protéines dans le sang, facilement quantifiable par un laboratoire d’analyses médical public ou privé, pourra donner une indication précieuse aux praticiens sollicités, qu’ils soient médecins traitants ou psychiatres. Limiter les diagnostics erronés et le délai d’identification de la pathologie est en effet un enjeu crucial, quand on sait qu’au moins un patient sur deux fera une tentative de suicide dans sa vie et qu’au moins un patient sur dix non traité décédera par suicide (données de la Haute Autorité de Santé).
 
Les résultats de l’étude ont été obtenus grâce à l’analyse des échantillons biologiques et des données cliniques de plusieurs centaines de patients et à l’aide de méthodes d’intelligence artificielle. Une cohorte indépendante a permis de les vérifier ultérieurement. Un nouvel outil diagnostic porteur d’espoir en cette Journée mondiale des troubles bipolaires, que le Dr BELZEAUX et toute l’équipe de recherche va s’efforcer de développer et déployer le plus largement possible avec l’aide de la Fondation FondaMental.