Patrick Chamboredon, élu président de l'Ordre National des Infirmiers
Patrick Chamboredon, infirmier en hémodialyse à l’AP-HM, vient d’être élu Président du Conseil National de l’Ordre des Infirmiers. Rencontre avec un Marseillais monté à Paris plein d’ambitions pour sa profession.
Parlez-nous un peu de votre parcours.
Recruté à l’AP-HM en 1987, en qualité d’Agent des Services Intérieurs, à l’Hôtel Dieu, après un premier contact avec l’hôpital Michel Lévy, suite aux Travaux d’Utilités Collectifs, je suis passé par la Validation des Acquis de l’Expérience, pour accéder à l’Ecole d’Infirmiers de Sainte-Marguerite en 1993, et j’ai obtenu mon diplôme en 1996. J’ai toujours été engagé pour la profession, impliqué dans les questions de sécurité et de qualité des soins en siégeant au sein de différentes commissions institutionnelles.
En 2008, je suis devenu président du Conseil interrégional de l’Ordre de Paca Corse. J’ai alors beaucoup collaboré avec l’ARS Paca, la CRSA de Corse également, au titre des organismes en charge de la promotion de la santé publique. Le 11 décembre 2017, j’ai été élu à la présidence de l’Ordre National des infirmiers, qui rassemble tous les modes d’exercice de la profession.
Il s’agit d’une énorme responsabilité. Les chantiers sont considérables et passionnants.
Justement, pourriez-vous nous expliquer ce qu’est l’Ordre des infirmiers et quels sont les dossiers qui vous tiennent à cœur pour ce mandat ?
Toutes les grandes professions ont un Ordre. Il s’agit d’une vraie reconnaissance, et d’un outil grâce auquel il est possible de se fédérer. L’Ordre a une mission de régulation (accès aux soins, protection du patient, respect des règles éthiques et déontologiques), mais aussi un rôle de promotion de la profession, tant auprès des instances que du grand public. Mon premier souhait est de rassembler. L’Ordre n’est riche que par les gens qui le composent, la diversité des professions infirmières est pour nous un atout, mais l’Ordre doit être représentatif de toute l’entité. Pour le moment il compte 250 000 inscrits mais nous sommes 600 000 à exercer la profession. A terme, il s’agira donc du premier Ordre de France par le nombre d’inscrits. Il faut que l’Ordre devienne une ressource pour les infirmiers. Tout est à construire. Développer l’entraide par exemple, le soutien aux personnes victimes de violences…
Et bien entendu le plus important ce sont les usagers. Il faut être à même de leur apporter la garantie qu’ils ont à leurs côtés la bonne personne, avec le bon diplôme. Le code de déontologie qui a été publié le27 novembre 2016 est déjà en train d’être mis à jour. Il s’agit d’un texte vivant qui doit être remanié en fonction de la réalité du terrain, un texte de référence pour la profession, écrit par la profession. L’Ordre assure par délégation une mission de service public dont l’objectif est la qualité et la sécurité des soins aux usagers.
Et comment voyez-vous l’avenir de la profession ?
Radieux. Oui je suis vraiment optimiste. Il y a une évolution, les compétences évoluent, de nouveaux métiers émergent. Avec l’officialisation de la notion de Pratique avancée en soins infirmiers, la profession voit son rôle étendu, son autonomie accrue. Les infirmiers vont prendre en charge et accompagner des patients en travaillant en collaboration avec les médecins, réaliser des actes techniques qui requièrent un haut niveau de compétence. Cela répond à des besoins bien réels : plus la durée de séjour à l’hôpital diminue, plus il est important d’avoir des personnes bien formées afin d’assurer la continuité des soins pour une prise en charge efficiente. De même, avec l’augmentation des maladies chroniques les patients eux-mêmes plébiscitent cette prise en charge infirmière. Le Département Universitaire des Sciences Infirmières (DUSI) crée par la Faculté de Médecine d’Aix-Marseille Université illustre bien ces changements et les perspectives qui en découlent.
Quelques mots à propos de l’AP-HM ?
Vous savez, j’ai quitté l’école en 2nde. C’est l’AP-HM qui m’a permis d’arriver là où j’en suis. L’hôpital public joue encore ce rôle d’intégrateur social : dans une période où tout change, il y a toujours des possibilités de progression, de valorisation. C’est un vrai message d’espoir ça aussi.
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