Said Ahmady : accro à la course
Cela faisait deux ans qu’il y pensait. S’inscrire à la course Marseille-Cassis. Lui qui avait toujours couru seul, de plus en plus loin, de plus en plus vite. Grâce à Lucas Belmonte de l’AS AP-HM, il a enfin obtenu un dossard pour l’édition 2018. Deux ans qu’il y pensait. Et pour sa première participation, à 54 ans, en partant à la 3ème vague avec beaucoup de monde devant lui à dépasser, il a terminé la course en 1H31 et 35 secondes ! Un temps exceptionnel, que pourraient lui envier bon nombre de participants dans la fleur de l’âge.
Said Ahmady est aide-soignant brancardier à l’Hôpital Nord depuis 2006, mais sa carrière à l’AP-HM a débuté bien plus tôt, il y a 24 ans exactement. Il s’installe alors à Marseille après avoir travaillé en tant qu’ASH à Nancy pendant 5 ans, et débute à l’Hôpital Nord le 1er octobre 1999 en réanimation pédiatrique. Saïd est un homme très calme et posé, mais aussi un fonceur qui ne se laisse pas intimider, quelle que soit l’adversité. En 2002 il passe le concours d’aide-soignant : 80 candidats, un seul poste à pourvoir. Il est reçu et travaille dans un premier temps en réanimation à la Conception, puis aux urgences à l’Hôpital Nord avant de devenir aide-soignant brancardier au pôle mère-enfant.
« J’aime ce que je fais, je n’ai jamais été malade ou absent en 24 ans. Je travaille toujours avec passion, de même que je cours avec passion. Plusieurs collègues m’ont poussé à faire le Marseille-Cassis, notamment Claire Gardette, Saoudi Belkacem et Mathieu Boutros. Je leurs suis reconnaissant d’avoir ainsi cru en mes capacités ».
Said a toujours aimé courir. Enfant déjà, à Madagascar, quand il n’allait pas à l’école son père l’emmenait aux champs et il fallait parcourir la forêt sur une dizaine de kilomètres environ. Mais c’est après la naissance de sa fille il y a quatre ans qu’il a commencé à s’entraîner très régulièrement.
« Je cours 3 à 4 fois par semaine. Je fais souvent le trajet suivant : je pars de chez moi près du Conseil régional, je passe par le Vieux-Port, le Pharo puis la Corniche jusqu’au parc Borely. Je fais alors 4 fois le tour du parc, le grand tour. Puis je rentre par le même chemin. 21 km en tout. C’est à la fois une drogue et une hygiène de vie ! Tous les jours, je prends mon petit déjeuner à 4 heures. J’aime courir très tôt le matin, à partir de 6 heures »
Bien souvent il se rend également au travail en courant… un trajet de 13 km ! Voilà peut-être le secret de la forme : développer une addiction saine, qui implique une alimentation équilibrée et un entraînement régulier. Mais pour Said, cela va plus loin encore :
« quand je cours je me sens libre, je pense à plein de choses mais avec plus de recul. Quand j’ai des soucis, quand quelque chose me tracasse, en courant je trouve toujours une solution ! »
Pour se préparer le mieux possible au défi du Marseille-Cassis, il modifie à partir de juin son itinéraire habituel en intégrant deux fois par semaine le trajet Stade vélodrome – Col de la Gineste en aller-retour (21 km), faisant ainsi davantage de dénivelé. Puis un mois avant la course, il effectue une fois par semaine le trajet Stade vélodrome – Cassis, Cassis – Stade vélodrome, ce qui représente 36 km, soit 15 km de plus que la course officielle !
« Le jour de la course, quand j’ai réalisé que j’étais parvenu au bout je me suis dit : c’est déjà fini ? »
Mais outre cette hygiène de vie irréprochable, ces entraînements si intenses, ce qui a été déterminant pour Said c’est le soutien de son épouse. Elle l’a encouragé, poussé à aller de plus en plus loin, de plus en plus vite. Le 28 octobre 2018, lorsqu’il a franchi la ligne d’arrivée, c’est à elle qu’il pensait. Ce jour-là ils ont fêté leurs 10 ans de mariage.
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