Se dépasser pour les autres
Il enchaîne les kilomètres, couvre des distances phénoménales parfois sur plusieurs jours, à en perdre haleine. L’asphalte défile, et tandis qu’il puise dans ses réserves pour aller au bout, tout au bout de lui-même, ses pensées s’estompent. Il n’y a plus que le rythme de ses foulées, les pieds qui se posent et s’élancent alternativement, régulièrement, inlassablement.
Mais après quoi court Erik Sanguinetti ?
Ce technicien de laboratoire à l’Hôpital Nord s’est véritablement pris de passion pour la course, au point de s’entraîner dix heures par semaine et de se lancer fréquemment des défis un peu fous. Alors bien sûr il y a cette volonté de dépassement, de découvrir les capacités insoupçonnées du corps et les étonnantes ressources de l’esprit. Mais au fond, pour Erik la course représente bien davantage.
A l’Hôpital Nord, il travaille depuis 2009 dans le laboratoire de biochimie du Pr Gabert. C’est là que sont réalisées toutes les analyses d’hématologie et de biochimie pour les services, mais aussi les urgences. Le labo fonctionne en continu et Erik occupe un poste de nuit, avec une plage horaire allant de 20h à 6h du matin.
« Nous sommes une équipe de 3 techniciens. Souvent les résultats sont attendus en urgence. Ils permettent en effet de confirmer ou d’invalider un diagnostic et de déterminer la prise en charge la plus adaptée ».
Un travail prenant avec des horaires décalés, qui laisse pourtant à Erik le temps et l’énergie de s’adonner à sa passion.
« Au début je me suis mis à courir en dilettante, puis j’ai rejoint un club et j’ai rencontré un entraîneur qui m’a initié au marathon, puis à la longue distance. Une fois passée la barrière des 42km, comment le corps réagit ? Qu’est-ce qui se passe ? C’est ce que j’avais envie de découvrir au départ. Dans une course longue distance, à un moment donné on ne ressent plus de fatigue. Au contraire, il y a comme une sensation d’harmonie totale, une sorte d’euphorie. La douleur n’existe plus. C’est trompeur. Souvent on accélère et c’est une erreur car peu de temps après, on s’effondre complètement. J’ai beaucoup appris par rapport à mon corps. »
En 2009, Erik participe au Spartathlon, une course quasi mythique de 245km qui relie Athènes à Sparte. Le trajet doit être accompli en moins de 36 heures ! Mais ces exploits ne le satisfont pas entièrement. Il manque quelque chose.
« Un jour j’ai réalisé ce que c’était. Je me suis dit : tu vas courir à droite à gauche, et au fond c’est assez égoïste comme démarche. C’est là que j’ai eu l’idée de courir pour les autres. »
Toujours en 2009, Erik organise un périple entre l’Hôpital Nord et Superdevoluy dans les Hautes-Alpes. Il monte une association en vue de recueillir des fonds pour le service d’onco-pédiatrie. L’épreuve est renouvelée en 2010 et 2011, avec près de 8000€ récoltés pour les enfants. L’association est nommée « Cœur à cœur » pour signifier que finalement, le plus important ce n’est pas la performance mais plutôt le don de soi et le partage.
C’est toujours avec ces valeurs en tête qu’Erik fait évoluer son association pour en faire une sorte de club ouvert à tous, avec pour maître mot la convivialité.
« Au départ l’association a été créée pour le projet, puis petit à petit je m’en suis servi pour montrer aux gens que l’on peut faire des choses extraordinaires sans pour autant être dans la compétition. L’association compte une quinzaine d’adhérents. Nous nous entraînons trois fois par semaine, à la course à pied bien sûr, mais aussi à la natation et au vélo. Il y a tous les âges, de 20 à 66 ans. C’est une ambiance familiale, n’importe qui peut venir. »
En 2019, un nouveau projet visant à soutenir des actions associatives devrait voir le jour. Il s’agira de relier l’Hôpital Nord au Mont Ventoux en trois jours !
Erik Sanguinetti prouve ainsi que le véritable dépassement de soi, c’est celui qui permet d’aller au-devant des autres.
Plus d’informations sur l’association Cœur à cœur :