Éric Schneider, gueriduncancer
Savoir partager son expérience pour que d’autres puissent en bénéficier, être à même d’insuffler de l’espoir, de transmettre aux moments les plus difficiles de l’existence ce supplément de courage qui permet de ne pas baisser les bras... voilà qui n’est pas donné à tout le monde. Peut-être faut-il avoir soi-même traversé suffisamment d’épreuves, avoir été malmené par la vie pour finalement en saisir l’essentiel, ce qui la rend inestimable et que Giono appelait si justement « les vraies richesses ».
Eric Schneider n’a pas été épargné. A 28 ans, les médecins lui diagnostiquent un cancer fulgurant. Les pronostics ne sont pas bons, son espérance de vie est estimée à quelques mois, trois tout au plus. L’équipe médicale (Institut Gustave Roussy) met néanmoins tout en œuvre pour le soigner. Eric survit à trois arrêts cardiaques, une embolie cérébrale qui le laisse paralysé, puis traverse quatre cycles de chimiothérapie avant l’ablation de sa tumeur. Se remettre sur pieds, au sens propre comme au sens figuré, nécessite alors un long travail de rééducation. Eric, soutenu par les siens, parvient petit à petit à retrouver sa mobilité. La marche d’abord, un pas après l’autre, puis un premier footing qui, se souvient-il, le laisse à bout de souffle, épuisé au bout de cinq petites minutes.
« La course à pied, c’est ce qui vient en premier, spontanément, quand on essaye de reprendre le sport. C’est une façon de reprendre possession de son corps. Le sport agit comme une thérapie ».
Courir est alors un acte de résistance et de libération. Eric en fera par la suite un moyen privilégié pour témoigner sa gratitude et surtout délivrer un message d’espoir. Mais en 2011, alors que la vie semble reprendre son cours, le cancer fait une nouvelle fois irruption dans la famille Schneider. Cette fois c’est son fils Téo, trois ans et demi, qui est atteint d’une tumeur au cerveau.
« J’ai éprouvé un sentiment d’injustice. J’aurais préféré mille fois rempiler à nouveau… retraverser le calvaire que j’avais vécu, tout plutôt que ça. C’est encore dur pour moi d’en parler ».
Téo subit une première opération en février, puis une seconde en août. Ses parents réorganisent complètement leur vie pour être à ses côtés. Lorsque le sort semble ainsi s’acharner, on a vite fait de ne voir que le négatif, de penser que tout s’est ligué contre soi et les siens. Chez Eric, ces épreuves produisent l’effet inverse. Téo est en vie, il est en vie, alors il considère qu’ils ont de la chance.
« Le cancer a changé l’homme que j’étais. J’étais un gars plutôt introverti, timide, je me suis ouvert aux autres. On a tous un savoir ou quelque chose à transmettre, on a souvent des qualités qu’on ignore. »
Après avoir couru un marathon en 2013, lui vient l’idée d’un défi qui, à prime abord, peut paraître totalement fou au regard de son parcours : enchaîner 18 marathons pour rallier Marseille (Institut Paoli-Calmettes) à Villejuif (Institut Gustave Roussy), récolter des fonds au profit de la recherche de thérapies ciblées contre les cancers de l’enfant. Et il le fait ! 22 915€ sont récoltés, beaucoup de gens sont touchés par son histoire et sa démarche, Florent Carvalho, athlète de haut niveau, court une étape à ses côtés… et six mois plus tard naît l’association Gueriduncancer.
« Je voulais montrer que rien n’est impossible. En fait, pour y arriver je me suis menti à moi-même : à chaque fois que je reprenais la course, je me disais que je partais pour faire 5 km. J’essayais de ne pas voir le cheminement dans son ensemble mais étape par étape. »
Gueriduncancer est très active à la Timone Enfants. Que ce soit pour l’amélioration des conditions de séjour, l’information et le soutien aux parents, l’aide à la recherche… Eric et Laure, son épouse, connaissent parfaitement les besoins, comment aider, être utiles et tirer tout le monde vers le haut.
« Les familles que l’on suit on les connaît vraiment. Tous les premiers dimanches du mois on organise un gouter à la Timone. C’est aussi un prétexte pour faire sortir les parents des chambres et créer des liens. Les familles ne se connaissent pas entre elles. Pourtant c’est important car on arrive avec tant d’interrogations ! Et aussi cette part importante de culpabilité ».
En 2016, Eric réitère un exploit sportif en reliant Nice et Marseille à la course (l’équivalent de 6 marathons !). Les 16 000€ collectés serviront à financer la création d’espaces de jeu au sein des nouvelles urgences enfants de la Timone.
L’association s’efforce également d’interpeller les pouvoirs publics pour une meilleure répartition des fonds consacrés à la recherche :
« 2 % seulement du plan cancer sont consacrés aux cancers pédiatriques. Chaque année 2500 enfants et ados sont atteints de cancers et 500 d’entre eux disparaissent. On se prive d’un bel avenir. »
Elle a récemment fait un don de 20 000€ au fonds de dotation HTC project, pour l’élaboration de traitements plus personnalisés pour les jeunes patients atteints de leucémie.
Le service d’hémato-oncologie du Pr Gérard Michel à la Timone Enfants est impliqué dans ce projet d’envergure nationale.
Avec son ambassadrice, Super Nanny, Gueriduncancer élabore par ailleurs un magnifique projet pour les enfants, qui devrait se concrétiser cette année. On ne vous en dit pas plus !
« Je veux être riche de ta victoire face au cancer » : ces belles paroles de Soprano sont devenues le fer de lance de l’association. Tous les membres, bénévoles, sportifs arborant fièrement le tee-shirt de Gueriduncancer, sont des messagers de l’espoir.
Eric est un messager de l’espoir et le rencontrer, l’écouter parler de son expérience avec humilité, bienveillance et humour, est en soi une vraie richesse.
Site Internet de Guéri d’un cancer
Page facebook d’Eric