Actualités

Le nez, un organe d’avenir !

Publié le :
16/08/2013 à 12:29

Greffe de cellules souches nasales:
la recherche avance à l'AP-HM

 

Des souris amnésiques ont recouvré la mémoire grâce à une greffe de cellules souches nasales humaines. Le service ORL de l’Hôpital Nord a participé à cette expérience inédite de thérapie cellulaire.

 

En 2011, le très prestigieux Journal of Clinical Investigation a publié les résultats d’une expérience menée par plusieurs équipes universitaires associées au CNRS, en collaboration avec une équipe de l’Hôpital Nord. En greffant des cellules souches olfactives humaines dans le cerveau de souris rendues amnésiques, les chercheurs ont obtenu des résultats étonnants : les souris greffées ont retrouvé leurs capacités à apprendre et à mémoriser l’emplacement d’un objet, ou à associer une récompense avec une odeur.

 

Cette étude pourrait ouvrir la voie à un essai clinique basé sur l’autogreffe de cellules souches nasales, par exemple chez des patients devenus amnésiques suite à un AVC, ou souffrant de la maladie d’Alzheimer.

 

Aucun risque de rejet

 

 

Dr Arnaud DEVÈZE

« L’utilisation de cellules souches nasales présente de nombreux avantages », explique le Dr Arnaud DEVÈZE, ORL à l’Hôpital Nord, qui a effectué les biopsies pour l’expérience : « elles sont relativement faciles à prélever et à cultiver, et à tout âge chaque individu peut être son propre donneur, ce qui élimine tout risque de rejet immunitaire ».

 

Le médecin prélève une quantité infime de la muqueuse olfactive du nez, un geste indolore sous anesthésie locale, qui n’altère en rien l’olfaction. S’ensuit un processus de purification en laboratoire, au cours duquel les cellules neurologiques sont mises en culture.

 

« Deux types de cellules vont alors se développer : les cellules souches et les cellules engainantes. Enveloppant les fibres nerveuses pour les protéger et permettre leur régénération, les cellules engainantes peuvent être utilisées pour soigner des paralysies faciales ou des traumatismes de la moelle épinière par exemple. Quant aux cellules souches, non différenciées, elles pourront devenir des neurones, ou de l’os…grâce à leurs remarquables facultés de développement ».

 

 

Tradition de recherche

 

 

Arnaud DEVÈZE parle avec enthousiasme de la « tradition de recherche sur les déficits neurosensoriels » au sein du service ORL dirigé par le Pr LAVIEILLE et ne manque pas de souligner  « une collaboration optimale entre équipes.  Nous travaillons sur le dysfonctionnement de l’oreille interne - à l’origine de troubles de l’équilibre et de vertiges - et la surdité ». L’AP-HM est par ailleurs l’initiatrice d’une étude clinique avec le Centre gérontologique départemental, sur le handicap, les troubles de l’équilibre et la surdité. « C’est pour participer à des programmes de recherche que je travaille dans un CHU et non ailleurs !».

 

 

 

Le but de la thérapie cellulaire est de soigner l’organisme en y introduisant des cellules souches destinées à remplacer ses cellules « défaillantes ». Les cellules souches ont la capacité de se reproduire à l’infini et sont non différenciées, c’est-à-dire « non spécialisées ». Dans le cadre de l’expérience sur des souris amnésiques, les cellules souches nasales humaines implantées dans les zones endommagées des cerveaux des souris sont devenues des neurones, leur permettant à nouveau d’apprendre et de mémoriser.