Actualités

Greffe pulmonaire : la nouvelle donne

Publié le :
25/06/2021 à 13:59

En matière de greffe pulmonaire, deux nouvelles données viennent révolutionner la pratique des spécialistes et donner plus d’espoir à de nombreux patients en attente de greffe. Explications au cœur du service de chirurgie thoracique et maladies de l’œsophage dirigé par le Pr Pascal THOMAS à l’Hôpital Nord l’un des centres les plus actifs de France.
 
Maastricht III, élargit le champ des possibles

Le manque de greffons persiste et est responsable de 300 à 500 décès chaque année en France. Pour élargir les possibilités du prélèvement d’organe au-delà des seuls donneurs en mort encéphalique, le protocole « Maastricht III » permet désormais les  prélèvements de donneurs décédés après un arrêt circulatoire  secondaire à une limitation des soins décidé dans le cadre de la Loi de bioéthique de 2005. L’AP-HM a su saisir l’enjeu d’un tel dispositif en termes d’innovation et d’augmentation de l’activité de greffe  en signant une convention avec l’Agence de la Biomédecine.
 
OCS, une révolution pour la greffe pulmonaire

Par ailleurs, le service de chirurgie thoracique dispose d’un équipement capable de prolonger la vie d’un greffon : L’OCS (Organ Care System). Cet équipement, est arrivé à Marseille grâce à l’association Maryse! pour la vie, et au Département des Bouches-du-Rhône. Jusqu’à présent, la conservation et le transport des poumons prélevés en vue d’une greffe s’effectuait en situation d’hypothermie, l’organe étant placé dans un environnement stérile refroidi à 4°C par la glace pour une durée limitée de 6 à 8 heures.
L’OCS bouscule cette pratique en permettant de prolonger la durée de conservation d’un greffon après son prélèvement. L’OCS permet de faire fonctionner les poumons à une température de 37°C en dehors du corps (ex vivo), c’est-à-dire de ventiler et perfuser les poumon comme à l’intérieur du corps jusqu’à 12heures. Puisque ces poumons fonctionnent en ex vivo, il est ainsi possible d’évaluer voir d’améliorer la qualité de ces greffons. Ce surcroît de délai est mis à profit pour sortir de la dimension urgence, élargir la sélection  des greffons et diminuer les risques de rejet en approfondissant les tests de compatibilités entre donneurs et receveurs. Autre avantage : la possibilité de greffer de jour en mobilisant tous les spécialistes plutôt que de nuit avec une équipe d’astreinte. « Environ un tiers des poumons prélevés sont potentiellement excellents, mais après le décès, ils présentent temporairement une mauvaise fonction qui rend la greffe impossible. En les laissant fonctionner ex-vivo, on les laisse récupérer », précise Pr Pascal THOMAS. « De plus, la machine peut vérifier la qualité des poumons prélevés, ce qui amène à prévoir d’élargir le champ de sélection des greffons et récupérer un pool d’organes jusqu’à présent écartés ».

« L’AP-HM a fait partie des 4 centres français autorisés à tester cet équipement. » complète le Dr Geoffrey BRIOUDE, chirurgien dans le service. « La machine appelée aussi cocon reproduit les conditions du corps humains soit à 37° ;  le poumon est ventilé comme s’il était dans le corps humain ; on peut ensuite le tester pour évaluer sa qualité et le greffer chez le receveur sans prendre de risque de rejet »

« Cette machine de perfusion ex vivo transportable très facilement représente un très grand espoir car ce programme permettra d’augmenter de 15 à 30% par an le nombre de transplantations pulmonaires, ce qui signifie qu’environ 10 receveurs par an pourrons bénéficier de greffons supplémentaires » conclue le Dr David BOULATE, chirurgien dans le service de chirurgie pulmonaire.


 
 


Pierre premier patient greffé sous OCS
 
Pierre, âgé de 42 ans a pu bénéficier en mars de ces belles avancées. Il est le premier patient à avoir été greffé avec un poumon placé sous OCS à Marseille et issu d’un donneur répondant aux critères de Maastricht 3 « Souffrant d’une BPCO et d’un emphysème, un jour mon médecin m’a annoncé que la seule alternative était la greffe pulmonaire et m’a orienté vers les équipes de l’hôpital Nord. Je suis très heureux de témoigner d’un retour à une vie normale, je monte des escaliers sans essoufflement. C’est magique ! Il faut à tout prix parler du don d’organe pour faire réfléchir les gens et augmenter le nombre de donneurs. »
 
Pour rappel, tout Français majeur est présumé donneur d’organes après sa mort sauf s’il en a exprimé l’opposition par l’inscription au registre national des refus du don d’organes, l’expression sur papier libre ou par le témoignage circonstanciel d’un proche.

Maryse pour la vie un précieux allié pour l’AP-HM
 
Cette association œuvre pour une « priorité nationale » : le don d’organes. Pour sensibiliser le grand public et faire appel à son soutien et sa générosité, elle multiplie les campagnes et l’organisation de nombreuses manifestations tout au long de l’année : la course Marseille-Cassis, le Challenge de Golf à Allauch, un Tournoi de Contrée, ainsi que des concerts. Ces événements permettent de toucher le plus grand nombre, de diffuser les informations aidant chacun à se positionner sur le don d’organes et d’essayer d’enrayer la pénurie de donneurs en France.
Elle soutien régulièrement les équipes de l’AP-HM dans l’achat de matériels : OCS, dons de tablettes …
 
www.maryse-pourlavie.com
  
Greffe pulmonaire : une coopération interdisciplinaire exemplaire à l’Hôpital Nord

L’expertise des équipes de l’hôpital Nord est une référence interrégionale en matière de transplantation pulmonaire.

Depuis l’installation à l’hôpital Nord du service de chirurgie thoracique dirigé par le Pr Pascal
Thomas en 2010, près de 400 transplantations pulmonaires ont été réalisées.

Les patients bénéficient d’une prise en charge d’excellence grâce à une coopération active entre spécialistes de plusieurs disciplines :
Pneumologie, maladies respiratoires rares, mucoviscidose - Pr Martine Reynaud-Gaubert,
Chirurgie thoracique et des maladies de l'oesophage - Pr Pascal Thomas
Réanimation médicale - Détresses respiratoires - Infections sévères - Pr Laurent Papazian
Département d'anesthésie/réanimation - Pr Marc Leone