Insuffisance rénale : un risque accru d’AVC
Le Docteur Mickaël BOBOT, Maître de Conférence des Universités - Praticien Hospitalier au Centre de Néphrologie et transplantation rénale de l’Hôpital de la Conception, a récemment reçu le prix Jeunes chercheurs Gabriel Richet de la Fondation du Rein pour ses travaux sur les liens entre insuffisance rénale et accidents vasculaires cérébraux.
Les personnes atteintes d’insuffisance rénale aiguë ou chronique ont davantage de risques de faire un AVC. Non seulement l’incidence de cette pathologie est chez elles plus importante (4 à 6 fois plus d'AVC qu’en population générale en cas d'insuffisance rénale), mais aussi sa gravité. Comment l’expliquer ?
Soutenu notamment par Phoceo, le fonds de dotation de l’AP-HM, le Dr BOBOT a effectué en 2021/2022 une année de mobilité à Paris au sein de l'unité de recherche CoRaKID (Inserm, Sorbonne Universités, Hôpital Tenon), pour y mener un projet sur la Caractérisation des atteintes neuro-cognitives au cours de l'Insuffisance Rénale Aiguë.
Il débute à présent à Marseille, notamment grâce au financement du prix Jeunes Chercheurs, une étude destinée à mieux comprendre la physiopathologie de l’AVC au cours de la maladie rénale chronique. Ce travail mené au sein du laboratoire C2VN (Aix-Marseille Université, INSERM, INRAE), dans l’équipe du Pr Benjamin GUILLET, viendra étayer et compléter l’étude clinique BREIN actuellement en cours, qui porte plus spécifiquement sur l’impact, au niveau de la barrière hémato-encéphalique, de certaines toxines urémiques accumulées dans le sang. La barrière hémato-encéphalique a pour fonction de séparer le système nerveux central de la circulation sanguine. Le Dr BOBOT a déjà pu mettre en évidence chez l’animal qu’une présence anormalement élevée de toxines urémiques rendait cette barrière plus perméable. Le cerveau est alors fragilisé et soumis aux inflammations car davantage exposé à des micro-organismes et molécules toxiques.
Un processus similaire pourrait expliquer la propension des patients insuffisants rénaux aigus ou chroniques à développer des troubles cognitifs de type démence précoce, ainsi que leur prédisposition aux Accidents Vasculaires Cérébraux.
Ces études sont le résultat de collaborations étroites avec des chercheurs spécialisés dans les maladies rénales (Equipe du Pr Stéphane BURTEY - C2VN), des parmaciens et radio-pharmaciens spécialisés dans les évaluations neuro-comportementales et l’imagerie cérébrale (équipe du Pr Benjamin GUILLET, Dr Guillaume HACHE), des médecins nucléaires (équipe du Pr Eric GUEDJ), des neuroradiologues (Dr Jean-François HAK), des neurologues et médecins vasculaires (Pr Laurent SUISSA) de l’AP-HM.
La cérémonie officielle de remise du prix Jeunes chercheurs au Dr Mickaël BOBOT aura lieu le 8 mars prochain à la Salle Gaveau à Paris, à l’occasion du gala de la Fondation du Rein. Le mécénat permet à la Fondation du Rein de financer des projets de recherche sur les maladies rénales, la dialyse et la greffe, mais aussi de développer des actions de prévention, d’inciter au don de rein et d’aider les patients à mieux vivre avec leur maladie.