L’échographie à présent, c’est dans la poche
Urgence dans un service de soins : l’état d’un patient se dégrade soudainement et très rapidement, avec des symptômes de détresse respiratoire. Un médecin réanimateur est appelé en urgence afin de poser un premier diagnostic et de déterminer les mesures à prendre.
Pour ce faire, il dispose d’un outil extrêmement précieux : un appareil d’échographie ultra portatif, de la taille d’un téléphone portable, qui va lui permettre de pratiquer sur place un examen déterminant.
Le gain de temps, la précision et la fiabilité du diagnostic permettront à ce patient de recevoir des soins et un traitement ciblé suffisamment tôt pour avoir la vie sauve.
L’échographie « point of care », c’est-à-dire réalisée sur les lieux de l’intervention, au chevet du patient, a déjà fait les preuves de son efficacité dans des circonstances très variées : en médecine générale, péri-opératoire, en réanimation, au cours d’urgences... au point que les appareils d’échographie point of care ont été surnommés les nouveaux stéthoscopes du XXIème siècle.
Les équipes du service Anesthésie-Réanimation (Pr LEONE) et du service Médecine Intensive Réanimation (Pr PAPAZIAN) de l’Hôpital Nord, ont voulu évaluer précisément et pour la première fois les bénéfices de leur utilisation dans la gestion des urgences intra-hospitalières.
Le Docteur Laurent ZIELESKIEWICZ, Chef de service adjoint du département d’Anesthésie-Réanimation / Médecine péri-opératoire et le Docteur Alexandre LOPEZ, praticien hospitalier (Hôpital NORD), ont ainsi coordonné une étude prospective portant sur deux cohortes de 83 et 82 patients. Pour un groupe, l’échographie point of care était systématiquement pratiquée tandis qu’elle n’était jamais utilisée dans l’autre groupe. En retraçant le parcours des patients, les équipes ont pu comparer pour chaque groupe la proportion de diagnostics initiaux qui se sont avérés exacts. C’est effectivement un critère déterminant : un patient correctement diagnostiqué au moment de l’urgence pourra recevoir un traitement adapté, sera correctement orienté et soigné plus rapidement.
Avec l’échographie point of care, la proportion de diagnostics exacts passe de 80% à 94%. Le délai d’administration d’un premier traitement ou de réalisation d’une première intervention baisse également de manière significative : 15 minutes en moyenne lorsque l’examen échographique est pratiqué contre 34 minutes si le médecin ne dispose pas de cet outil.
« Il y a moins d’incertitudes dans les thérapeutiques à utiliser. Les traitements sont beaucoup plus ciblés et on économise au moins un examen par diagnostic. La diminution de la mortalité n’était pas l’objet principal de notre analyse. Mais au regard des données compilées nous pouvons constater qu’elle est considérablement réduite grâce à l’échographie », explique le Dr LOPEZ.

Et le Dr ZIELESKIEWICZ de poursuivre : « Pour autant, il ne faut pas croire que l’appareil seul suffit. Comme c’est le médecin en charge du patient qui effectue l’examen et non un radiologue ou un cardiologue, un apprentissage est nécessaire. Nous avons donc effectué un gros travail de formation, élaboré des protocoles extrêmement précis où les médecins peuvent être guidés par des algorithmes décisionnels. C’est aussi ce travail en amont qui rend le système si efficace et en fait l’une des avancées majeures de la médecine au 20ème siècle. A tel point que l’on envisage de l’enseigner dans le tronc commun des études de médecine, en même temps que la sémiologie médicale ».
Les résultats de ce travail ont été publiés dans la revue Critical Care. Les auteurs ont pour projet de lancer une autre étude, cette fois multicentrique, avec pour principal objet la mortalité hospitalière.