Le pari de l’innovation technologique à l’hôpital : retour sur le Consumer Electronic Show 2024 à Las Vegas
Chaque année à Las Vegas, se tient le plus grand salon mondial dédié aux nouvelles technologies : le Consumer Electronic Show (CES). L’édition 2024 s’est déroulée du 9 au 12 janvier derniers et Sophie ANGOGNA, chef de projet informatique et biomédical à la Direction des Services Numériques, a eu l’opportunité de s’y rendre grâce à l’Association Française des Ingénieurs Biomédicaux (AFIB). Sélectionnée avec 5 autres professionnels à travers toute la France afin de mener une mission de prospection, Sophie ANGOGNA a donc pu découvrir, 4 jours durant, ce salon hors normes aux 4000 exposants et 140 000 participants, dans une ville elle-même en perpétuelle effervescence.

Avant de rejoindre la Direction des Services Numériques de l’AP-HM, Sophie ANGOGNA a exercé des fonctions similaires à la Fondation Rothschild à Paris, travaillant sur des projets à la frontière entre le biomédical et l’informatique. Mais c’est dans le domaine de l’Imagerie médicale qu’elle a commencé sa carrière, chez Siemens. Un parcours qui lui permet d’avoir un regard averti et aiguisé sur les différentes innovations, mais aussi les besoins technologiques et les possibles développements au sein de l’hôpital.
« Environ 10% des exposants au CES présentaient des technologies directement axées sur la santé, avec 400 entreprises et start-up dont 22 françaises. La French Tech, globalement, était bien représentée avec 150 sociétés dont de grands constructeurs français. L’une des grandes tendances qui se dégageaient était les objets connectés conçus pour l’aide au diagnostic, l’autonomisation des patients, le bien-être et aussi la gestion des handicaps. Des outils visant notamment à limiter autant que possible les passages inutiles à l’Hôpital. La Corée du Sud avait des stands très importants où étaient présentées des interfaces de téléconsultation, avec des capteurs pour prendre les constantes et les retransmettre en direct au médecin. Ce système semble déjà bien étendu à travers le pays, avec un réseau structuré et cohérent. »
La robotique n’était pas en reste avec des machines cette fois spécifiquement pensées pour l’Hôpital :
« Nous avons vu des robots élaborés avec beaucoup de créativité par une société française pour en faire des acteurs de logistique sociale. Destinés à être implantés au cœur même des services, ils sont capables d’interagir avec les patients et le personnel. Ils pourraient avoir un apport certain en pédiatrie par exemple. Des dispositifs de récupération de mobilité post-AVC avec des casques EEG ou des robots étaient également présents, destinés à accélérer et améliorer la rééducation pour certains mouvements comme la marche par exemple. Un autre projet que nous avons remarqué était un Dossier Patient Informatisé amélioré par l’intégration d’Intelligence Artificielle. Dans ce cas l’IA est principalement utilisée pour l’analyse de données et la rédaction de comptes rendus, afin de faciliter le travail du personnel soignant et de lui faire gagner du temps. »
Une grosse innovation française qui devrait être mise sur le marché dès cette année : un appareil miniaturisé qui, à terme, devrait remplacer dans les foyers le classique thermomètre. Il est effectivement capable de mesurer, outre la température, la saturation en oxygène, avec la possibilité de réaliser un ECG
« Cet appareil n’est pas plus gros qu’un stylo et il fait aussi stéthoscope digital. Pendant une téléconsultation, le médecin peut recevoir en direct le son du stéthoscope et écouter les battements de cœur de son patient. »
On le voit les innovations sont extrêmement diverses et nombreuses. Elles incluent très souvent une dimension humaine et relationnelle, ne limitant pas les nouvelles technologies à des applications purement fonctionnelles et logistiques. A ce titre il est intéressant de mentionner aussi des lunettes de réalité virtuelles destinées à simuler les troubles liées à certaines maladies oculaires comme la DMLA :
« Le dispositif est présenté comme un outil d’éducation thérapeutique, pour préparer les patients qui n’en sont encore qu’à un stade précoce de leur maladie par exemple, ou encore l’entourage qui pourra prendre pleinement conscience des difficultés vécues par le malade, tout comme les médecins et le personnel soignant finalement. C’est un concept assez novateur et qui favorise la compréhension et l’empathie. »
Avec les 5 autres professionnels sélectionnés, Sophie ANGOGNA a maintenant pour mission de rédiger un article pour la revue spécialisée IRMB – Ingénierie et recherche biomédicale. Une présentation est par ailleurs prévue au congrès annuel de l’AFIB qui aura lieu à Strasbourg au mois d’octobre.
« C’était une belle expérience, l’occasion de voir ce que font d’autres pays et aussi le rayonnement de la France à l’international. La vocation d’un CHU est aussi de pouvoir inclure les toutes dernières avancées technologiques et il y a en France énormément de savoir-faire. »