Les P’tits doudous de l’Hôpital Nord : une alchimie écologique et solidaire
Faire en sorte que l’indispensable effort de lutte contre la pollution et le réchauffement climatique ait également un effet immédiat sur le mieux-être des enfants hospitalisés. C’est là le génie du réseau associatif Les P’tits doudous qui mobilise des soignants et des bénévoles partout en France, dans des actions de recyclage de matériaux à usage unique issus des blocs opératoires.
L’argent collecté grâce à la revente de ces matériaux (cuivre, inox, nickel…) est utilisé pour mener des actions en faveur des enfants hospitalisés. Un principe d’économie circulaire sur fond d’engagement écologique et solidaire qui permet d’améliorer les parcours de soins en diminuant l’anxiété des petits patients. Il n’en fallait pas davantage pour convaincre une équipe de l’Hôpital Nord de créer la première antenne marseillaise des P’tits doudous.
Portée par Chloë JAY, Raphaëlle FRESCO, Emmanuelle HAMMAD, Julien TAIEB (anesthésistes réanimateurs), Delphine CICONNE (cadre de santé IBODE) et Stéphanie GRAMMATICO (référente secteur environnement de l’Hôpital Nord), l’association Les P’tits doudous de l’Hôpital Nord de Marseille s’astreint à valoriser tout le matériel à usage unique provenant de la réanimation polyvalente, des blocs opératoires et de la maternité : les fils électriques des bistouris, les lames des laryngoscopes utilisés pour intuber, les pinces des gynécologues, les instruments cassés et non réparables, ainsi que les canettes de boissons. En permanence à la recherche de nouveaux gisements, l’équipe des P’tits doudous a tout mis en œuvre pour créer une filière de tri et de recyclage efficace et respectueuse des valeurs qu’elle partage avec l’ensemble du réseau. Une convention de don a d’abord été signée avec l’AP-HM car ces déchets associés aux soins appartiennent à l’Hôpital. Un circuit de désinfection a ensuite été validé avec le Comité de Lutte Contre les Infections Nosocomiales, puis un ferrailleur local situé à proximité immédiate de l’Hôpital (« Broyage du midi ») a été trouvé grâce à l’association Cap au Nord Entreprendre. Les directions des affaires juridiques, des services techniques ainsi que la direction de l’Hôpital ont toutes apporté leur soutien à cette initiative inédite et novatrice, dont la mise en place a nécessité un travail considérable en termes de logistique et d’organisation.
Cette démarche verte est, par elle-même, déjà louable à plus d’un titre. Mais le cœur du projet est de soutenir les enfants dans cette expérience difficile d’entrée au bloc, et en cela il ne peut laisser personne indifférent. Même les moins sensibles aux enjeux écologiques trouveront là des motifs d’adhésion et d’engagement : qu’un doudou, objet de réconfort par excellence, puisse être remis à chaque enfant devant subir une intervention. Que des planches de gommettes puissent leur être distribuées afin qu’ils personnalisent leur masque d’anesthésie et se sentent plus apaisés au moment de l’endormissement. Qu’un casque virtuel leur soit proposé avant ou pendant l’opération afin qu’ils s’évadent, se détendent et abordent plus sereinement les différentes étapes de leur parcours. Que des tablettes avec des jeux interactifs soient mises leur disposition, car en ces circonstances les moments d’attente sont toujours longs et stressants. Les médecins anesthésistes ont pu le constater, l’effet bénéfique de ces actions est aussi perceptible chez les parents, qui sentent que le vécu de leur enfant est véritablement pris en considération.
Pour donner un ordre d’idée de la quantité de métaux récupérés et valorisés, ce sont par exemple 6 pinces qui sont utilisées par les gynécologues obstétriciens à chaque accouchement. Sur la maternité et le bloc gynécologique, entre 2500 et 2700 accouchements par an sont réalisés. Ce sont donc a minima 15 000 pinces pouvant être recyclées tous les ans. Au bloc, les bistouris électriques sont employés au cours de 12 000 interventions environ chaque année.
Bien sûr, ce ne sont pas des gisements de métaux précieux que l’on trouve à l’hôpital. Le cuivre se vend entre 25 et 40 centimes le kilo, et pour les autres métaux la valeur moyenne est de 15 centimes le kilo. Mais ce qu’en fait l’équipe des P’tits doudous de l’Hôpital Nord est juste inestimable.