Octobre Rose : faire une fleur à la Radiothérapie

Entrée du service de Radiothérapie de l’Hôpital Nord. Autour de deux grandes tables, plusieurs personnes absorbées par un travail méticuleux. Majoritairement des femmes, une adolescente, mais aussi un homme. Studieux, appliqués, ils sont en train de confectionner des fleurs et des branches de cerisier en papier crépon pour décorer le service à l’occasion d’Octobre Rose. Il émane de la scène beaucoup de douceur, une forme d’apaisement. Parfois quelques mots sont échangés, des rires partagés. Dans ce lieu d’attente et de passage, l’activité manuelle, artisanale, crée un moment un peu hors du temps, une bulle où les préoccupations n’ont plus cours et où seul compte le moment présent.

A l’initiative de cet atelier singulier, Karine MOCCI, une ancienne patiente qui a voulu se mobiliser pour Octobre Rose, apporter du réconfort aux femmes en train de traverser une épreuve similaire à la sienne, soutenir leurs proches, mais aussi remercier toute l’équipe du service.

« Je me sens bien à l’Hôpital Nord. Je me sens protégée. Le personnel est incroyable. Disponible, gentil. Ils ont beaucoup fait pour ma guérison. Le premier jour de radiothérapie je me souviens j’étais hyper stressée. Dans le couloir, je suis tombée sur des galets roses fabriqués dans l’école primaire où était inscrite ma fille. C’est quelque chose qui m’a réconfortée, tout comme l’image des branches de cerisiers qui orne le plafond de la salle de Radiothérapie. Cette image m’a accompagnée tout au long de mes 25 séances. L’équipe du service est très attentionnée. Elle met tout en œuvre pour les patients. Et chaque année pour Octobre Rose, elle imagine des projets qui redonnent du courage et délivrent des messages de prévention. Je n’ai pas pu participer en 2023 car j’ai été de nouveau opérée, mais cette année me voilà ! »

D’ordinaire, c’est le personnel qui est à l’origine des actions menées pour Octobre Rose, en partenariat avec des associations, des écoles, des entreprises du territoire. Pour Nora BELAIDOUNI, cadre du service, le fait qu’une ancienne patiente ait cette démarche de revenir proposer deux séances d’atelier, s’organisant sur son temps personnel et amenant tout le matériel nécessaire, est extrêmement touchant.

Karine a commencé à réaliser ces fleurs de crépon pour elle-même, lors de son traitement. Une manière de se concentrer sur l’essentiel, de créer de la beauté aussi. Puis elle a mené des séances à son travail, avec des collègues, pendant la pause de midi. En transmettant ce qu’elle a appris à des patientes de Radiothérapie ou à leurs proches, c’est un autre bénéfice de l’activité créatrice qui se révèle : celui de rassembler, de tisser du lien entre des inconnus en instaurant le plaisir simple d’être ensemble, dans la convivialité et le partage.

« Au départ, les participantes ne sont pas complètement à l’aise. Certaines craignent de mal faire, mais petit à petit elles prennent confiance et se lancent. Il ne faut pas rechercher la perfection, car rien n’est parfait dans la nature ! Ce que je souhaite c’est créer une espèce de synergie, un peu comme si nous étions en train de cuisiner toutes et tous ensemble. Je crois beaucoup au collectif ! Lorsque j’étais malade, beaucoup ont pensé à moi. Il est normal que je pense aux autres à mon tour. Je veux d’ailleurs redire toute ma gratitude à chacun des membres de l’équipe de Radiothérapie. Merci pour leur confiance, leur accompagnement, leur présence qui sont une véritable leçon d’humanité. »

Et comme Karine a le sens de l’équité, elle a déjà élaboré un projet à destination des hommes pour Movember. La création d’un arbre à moustaches, pour lequel elle a inventé un conte allégorique.

« Je veux amener un peu de féérie et de magie dans ces sujets si graves. Les sourires et les échanges que cela peut susciter valent tout l’or du monde. »