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Réparer ou remplacer les ligaments croisés ?

Publié le :
24/05/2019 à 10:11

L’Institut du Mouvement et de l’appareil Locomoteur (IML), dirigé par le Pr Jean-Noël ARGENSON, a récemment conduit une étude sur une technique novatrice de réparation des ligaments croisés antérieurs. L’IML est l’un des rares centres de la région à pratiquer ce type d’interventions.  

Les ligaments croisés sont les garants principaux de la stabilité du tibia sous le fémur, leur position centrale à l’intérieur du genou les place dans une situation à risque majeur de blessure lors de la pratique du sport ou des accidents de la vie quotidienne.
 
Les entorses du ligament croisé antérieur (LCA), sont très fréquentes, la perte de la fonction de ce stabilisateur compromet la mécanique naturelle et reporte les efforts habituellement fournis par le LCA sur les autres « freins » de l’articulation (tendon musculaire, ménisques et cartilage).
 
Le renforcement et la réhabilitation neuro-musculaire sont les premières étapes de la prise en charge des entorses du genou. Avec l’aide d’un masso-kinésithérapeute, de nombreux patients souffrant d’entorse grave pourront compenser la perte de leur(s) ligament(s) croisé(s) et stabiliser le genou. Quand ce renforcement est insuffisant, la fonction genou se détériore rapidement empêchant les activités sportives et les gestes de la vie quotidienne (escaliers, terrains instables, marche rapide etc…).
 
La prise en charge est alors souvent chirurgicale, elle vise un remplacement du ligament croisé par l’utilisation d’une greffe récupérée sur un muscle ou un tendon autour du genou pour se substituer au ligament atteint. L’amélioration des techniques chirurgicales permet désormais une autre voie : dans des cas précis, le ligament croisé (habituellement sacrifié et remplacé), est réparé, suturé et re-inséré sur ses points d’accroche au fémur à l’aide d’un tuteur.
 
Suivant des publications scientifiques très encourageantes, et certains résultats exceptionnels chez des sportifs professionnels de très haut niveau, ces techniques se répandent et séduisent de plus en plus de chirurgiens.
 
Pour évaluer l’intérêt de ces réparations comparativement aux reconstructions habituelles, une étude pilote a été réalisée à l’Institut du Mouvement et de l’appareil Locomoteur par les Pr Jean-Noël ARGENSON et Matthieu OLLIVIER ainsi que toute l’équipe de l’Institut. Quinze patients souffrant d’entorse du genou avec rupture du ligament croisé antérieur ont été opérés en effectuant une réparation avec suture directe et ré-insertion de leur LCA. (images arthroscopiques)
 
L’analyse des résultats préliminaires confirme l’intérêt de cette technique, qui présente de nombreux avantages : 
 
- Plus de prélèvement de greffe pour remplacer le LCA !
- Maintien du ligament croisé en place : on conserve les vaisseaux mais aussi les petits nerfs vecteurs des sensations naturelles à l’intérieur du genou (proprioception).
- Retour plus rapide aux activités sportives
- Pas de période de « prise de greffe » (6-9 mois avec un remplacement du LCA)
- Cicatrice et préparation osseuse (tunnel) plus réduites.
 
Les indications sont toutefois précises (notamment la qualité du ligament rompu qui est évaluée sur l’IRM et lors de l’arthroscopie : s’il s’avère trop abimé la réparation est difficile). En outre, le délai entre l’accident et la réparation doit être court (6-8 semaines dans l’idéal). En cas d’atteinte des stabilisateurs secondaires (ménisques, ligaments latéraux) la réparation n’est pas recommandée, même si les indications sont alors déterminées au cas par cas.
 
Une étude de plus grande envergure, comparative, est en cours en collaboration avec plusieurs autres centres pour analyser en détail le bénéfice de ces techniques de réparation sur les remplacements habituels : leur simplicité et le ressenti des patients opérés à l’IML sont déjà très encourageants.
 


 



 


RÉFÉRENCES 

Knee. 2019 Mar 19. pii: S0968-0160(19)30042-0. doi: 10.1016/j.knee.2019.02.004. [Epub ahead of print]
Identifying candidates for arthroscopic primary repair of the anterior cruciate ligament: A case-control study.
van der List JP1Jonkergouw A2van Noort A3Kerkhoffs GMMJ4DiFelice GS2.
  
Knee Surg Sports Traumatol Arthrosc. 2019 Jan;27(1):21-28. doi: 10.1007/s00167-018-5338-z. Epub 2019 Jan 5.
Arthroscopic primary repair of proximal anterior cruciate ligament tears: outcomes of the first 56 consecutive patients and the role of additional internal bracing.
Jonkergouw A1van der List JP2DiFelice GS1.
 

BMJ Case Rep. 2019 Mar 15;12(3). pii: e227735. doi: 10.1136/bcr-2018-227735.
ACL rupture in the immediate build-up to the Olympic Games: return to elite alpine ski competition 5 months after injury and ACL repair.
Praz C1Kandhari VK1Saithna A2,3Sonnery-Cottet B1.