Sophie Prach : puéricultrice et femme de fer
Quiconque a déjà pratiqué le sport à haut niveau sait combien il est difficile de s’arrêter, ne serait-ce que temporairement. Le goût de la performance est trop ancré dans le mental et dans le corps. Les muscles gardent en mémoire le plaisir de l’effort, de la maîtrise et de l’explosivité, de l’endurance et du dépassement.
Avant de devenir infirmière puéricultrice en Réanimation néonatale, Sophie PRACH a pratiqué la natation synchronisée en sports études. Durant cette période elle a atteint, dans cette discipline si exigeante, un niveau suffisant pour intégrer l’équipe de France.
« Quand j’ai finalement arrêté la compétition en natation synchronisée, j’ai momentanément mis le sport entre parenthèses. Mais rapidement j’ai ressenti un manque. Cette fatigue, ce dépassement de soi… il fallait que je les ressente à nouveau. J’aime puiser au fond de moi, travailler mon mental. Alors je me suis mise à courir des marathons puis, logiquement, je suis passée au triathlon il y a 5 ans. »
Mais pour cette acharnée de l’effort qui, lorsque le corps semble avoir atteint ses limites, parvient encore à trouver des ressources tout au fond d’elle-même, il fallait des défis XXL : les courses Ironman. 3,8 kilomètres de natation, 180 kilomètres à vélo, et 42,195 kilomètres de course à pied. En 2023 à Nice, elle se qualifie pour les Championnats du monde d’Hawaï, mais n’est malheureusement pas en mesure de faire le déplacement pour y participer.
Qu’à cela ne tienne, elle se qualifie de nouveau cette année lors de la compétition de Thoune en Suisse début juillet, en terminant 3ème de sa catégorie !
« Je m’étais cassé coude et poignet mi-avril, et je ne pensais vraiment pas pouvoir faire cette course. Mais j’ai bien fait de me lancer même si ce n’était pas encore guéri à 100%. »
Et comme le Championnat du monde féminin 2024 s’est déroulé à Nice, elle a pu concourir sans devoir se rendre à l’autre bout du monde. Ayant réalisé un temps de 11 heures 37 minutes, elle est à présent classée 49ème mondiale de sa catégorie.
« C’était une course bien plus dure qu’en Suisse sur le plan mental et au niveau des sensations. Terminer dans le Top des 50 premières est déjà une belle satisfaction ! »
Pour atteindre ce niveau de performance, Sophie s’entraîne entre 15H et 20H par semaine. Diététicienne avant de devenir infirmière, elle accorde beaucoup d’importance à son alimentation et, plus globalement, à son hygiène de vie. Elle a en outre un coach qui l’aide à distance pour planifier ses séances d’entraînement.
« Je préfère m’entraîner que faire la fête ! Mon travail en 12H me permet d’avoir du temps pour pratiquer de façon très régulière. Tout le monde dans l’équipe est au courant de ma passion et ils m’encouragent. Le travail auprès des nouveau-nés ou des bébés prématurés est délicat, imprévisible aussi. Mais j’aime le travail en équipe, à la fois technique et aussi très humain, notamment avec les parents. Il y a beaucoup de bienveillance. »
Sa discipline favorite est étonnamment celle qu’elle a découverte le plus tardivement : le cyclisme. Elle a d’ailleurs un petit vélo stylisé tatoué sur le bras, marquant son attachement à ce qui est, pour elle, davantage qu’un simple sport :
« Le vélo c’est une évasion. On peut très vite oublier toutes les préoccupations, découvrir des paysages, aller de l’avant. »