Syndrome des Anti-Phospholipides : des biomarqueurs pour identifier les patients à risques et adapter les traitements
Une revue de la littérature publiée récemment dans le prestigieux journal « Auto-Immunity Review » par l’équipe du laboratoire d’Immunologie du Biogénopole (Hôpital de la Timone), fournit aux cliniciens des données précieuses concernant les marqueurs biologiques associés au risque de récidive de thrombose chez les patients atteints du Syndrome des Anti-Phospholipides (SAPL). Cette maladie auto-immune systémique liée à la persistance d’auto-anticorps anti-phospholipides dans le sang se caractérise principalement par la formation de caillots dans les vaisseaux, veines ou artères. Elle se manifeste aussi fréquemment par des complications obstétricales telles que des fausses couches récurrentes, un retard de développement fœtal et un accouchement prématuré. Cette maladie touche des sujets souvent jeunes et peut entraîner des défaillances d’organes et le décès.
« Notre laboratoire a développé une véritable expertise de cette pathologie en travaillant depuis de nombreuses années en étroite collaboration avec l’équipe du service d’Hématologie et les services cliniques. Cette interface nous permet d’associer les problématiques diagnostiques et thérapeutiques soulevées par les cliniciens en routine hospitalière à une importante activité de recherche et d’innovation au sein du service. » (Professeur Nathalie BARDIN, Chef de service)
Le Dr Mathilde LAMBERT, d’abord externe en pharmacie puis interne en Biologie médicale au sein du Laboratoire d’Immunologie, est la première auteure de la publication, aboutissement de ses travaux de mémoire et de thèse :
« Il s’agit d’un article de synthèse qui illustre les principaux marqueurs biologiques permettant d’identifier, parmi les patients porteurs d’un SAPL, ceux qui ont le plus haut risque de récidive de thrombose. L’enjeu est majeur puisque ces marqueurs biologiques pourraient, in fine, permettre de guider les cliniciens dans leur stratégie thérapeutique anticoagulante, les thromboses étant la principale cause de décès dans cette pathologie. »
La revue minutieuse de plus d’une centaine de références a permis de démontrer qu’il existe plusieurs marqueurs pertinents qui, utilisés en routine, pourraient apporter aux cliniciens des indicateurs significatifs pour personnaliser les traitements en fonction de chaque patient. Jusqu’à présent, les patients porteurs du SAPL se voient administrer un traitement anticoagulant possiblement à vie, avec les risques hémorragiques que cela comporte.
« Une stratification du risque individuel de récidive thrombotique grâce à de nouveaux marqueurs biologiques, serait un outil de décision supplémentaire pour la mise en place et l’optimisation du traitement (Dr Daniel BERTIN, Adjoint du chef de Service, Responsable qualité).
Les principaux marqueurs biologiques de récidive thrombotique étudiés dans la revue sont: le profil immunologique des auto-anticorps anti-phospholipides, l’effet de leur état de glycosylation, le rôle des pièges extracellulaires des neutrophiles (NETs), celui du stress oxydatif et de la Paraoxonase (PON-1), et l’interêt des auto-anticorps anti-acide lysobisphosphatidique (LBPA), ces derniers ayant fait l’objet d’un second article en cours de révision dans le journal Rheumatology.
La publication est émaillée de schémas et illustrations scientifiques réalisés par Alexandre BRODOVITCH, Ingénieur recherche du service :
« L’objectif de l’iconographie est de synthétiser des concepts très précis, très pointus et de les rendre accessibles tout en conservant le plus haut niveau de rigueur scientifique. Ces résumés graphiques permettent de diffuser le message plus rapidement et constituent toujours une réelle valeur ajoutée au contenu rédactionnel. »
Une activité de recherche porteuse d’espoir pour les patients et leurs proches, qui contribue au rayonnement du Biogénopole et de toute l’AP-HM.
« J’ai eu l’occasion en tant que chef de service d’accompagner la politique du laboratoire d’Immunologie afin de mieux comprendre les maladies auto-immunes et inflammatoires, en particulier vasculaires, en développant un secteur phare d’étude de l’auto-immunité. Cet investissement sur des décennies a conduit à des progrès technologiques et une expertise qui dépassent les limites du CHU. Ceci a été rendu possible par des interactions permanentes avec les autres acteurs du Biogénopole et d’autre part les unités de recherche portées par Aix-Marseille Université (C2VN et LAI). Les travaux que nous publions montrent combien est essentielle la synergie entre AP-HM et AMU pour mieux comprendre les maladies vasculaires et être source de propositions pour de nouveaux traitements reposant sur la manipulation du système immunitaire. » (Pr Jean Louis MEGE, chef de service jusqu’à fin 2019)