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Un traitement innovant contre l’arthrose sévère du genou et du poignet

Publié le :
18/08/2021 à 16:10

Constitué majoritairement d’eau et de collagène, le cartilage n’est pas vascularisé et comporte peu de cellules, les chondrocytes. Il ne peut pas cicatriser ou se régénérer tout seul, ce qui pose un véritable défi aux médecins lorsqu’il est endommagé. En 2017, on dénombrait 303 millions de personnes souffrant d’arthrose dans le monde. En contrariant la fonction articulaire, cette pathologie a un retentissement considérable sur la qualité de vie. La mobilité est de plus en plus douloureuse et restreinte car le cartilage ne joue plus son rôle de tampon entre les os (tibia et fémur dans le cas du genou, le plus fréquemment rencontré). En dehors des opérations chirurgicales de remplacement (greffe, prothèse), des traitements pharmaceutiques sont utilisés pour soulager les articulations altérées. Mais analgésiques, anti-inflammatoires, corticostéroïdes ou encore injections d’acide hyaluronique n’ont généralement qu’un effet à court terme.
 
Deux essais cliniques ont récemment été menés sur l’injection intra-articulaire de micrograisse autologue (prélevée chez le patient lui-même), mélangée ou non à du plasma riche en plaquettes. Grâce à une haute teneur en cellules souches mésenchymateuses, capables de différenciation chondrogénique, la micrograisse possède d’importantes propriétés régénératives. Le plasma riche en plaquettes (PRP) contient quant à lui des facteurs de croissance qui agissent à différents niveaux sur l’activation cellulaire et la réparation tissulaire.


 
Fruit d’un partenariat entre l’AP-HM (Laboratoire de culture et thérapie cellulaire du Pr Florence SABATIER) et le groupe Alma-Viva Santé (Clinique Juge), l’étude MICROPREP a concerné 30 patients souffrant d’arthrose du genou, pour lesquels les traitements classiques étaient inopérants. 10 d’entre eux ont reçu une injection de micrograisse associée à du sérum physiologique. 10 autres ont reçu la micrograisse associée à une faible dose de PRP. Enfin, une injection de micrograisse avec une haute dose de PRP a été réalisée chez les 10 derniers patients.

Le Docteur Marie-Laure LOUIS (Clinique Juge / AP-HM) et le Docteur Jérémy MAGALON (Laboratoire de culture et thérapie cellulaire) ont constaté, dans l’ensemble des trois groupes, « des résultats très positifs avec une importante diminution de la douleur, une nette amélioration des scores fonctionnels et une reprise de l’activité physique au bout de 3 mois. »

Chez certains patients, le suivi IRM atteste même d’un début de repousse cartilagineuse. Le bénéfice ressenti, pour tous les groupes, se pérennisait jusqu’à 6 mois après l’injection. Grâce à ce procédé à la fois sûr, simple et rapide à mettre en œuvre (une seule injection réalisée sous anesthésie locale), les patients encore jeunes peuvent retarder l’échéance d’une intervention chirurgicale. « La chirurgie ne permettant pas de conserver toutes les capacités de l’articulation, pouvoir différer les interventions lourdes et invasives telles que la mise en place d’une prothèse est une véritable chance pour les patients. » 
 
Une collaboration public - privé fructueuse ayant bénéficié d’une bourse de recherche de la Société Francophone d’Arthroscopie.

A l’Hôpital de la Timone le Pr Régis LEGRÉ (chef du service de Chirurgie de la main) et le Docteur Alice MAYOLY ont réalisé une étude avec le même procédé (injection de micrograisse et de plasma riche en plaquettes) sur 12 patients présentant des lésions ou séquelles post-traumatiques du poignet.

« La biomécanique du poignet est extrêmement complexe. C’est une chaîne articulaire comprenant 15 os qui se meuvent les uns par rapport aux autres et sont maintenus par des dizaines de ligaments. L’arthrose du poignet est le plus souvent d’origine post-traumatique, contrairement à l’arthrose du genou dont l’origine est couramment dégénérative. Pour le poignet il n’existe pas de solution chirurgicale véritablement opérante. D’où l’intérêt de pouvoir développer des thérapies innovantes » (Pr LEGRÉ).


 
L’étude de phase 1 portait sur la tolérance du traitement. Aucun effet secondaire ou effet indésirable n’a été détecté et les observations cliniques suggèrent des bénéfices en termes de force et de diminution de la douleur avec une amélioration globale de la qualité de vie.

« Il s’agit d’un traitement peu invasif, réalisé en ambulatoire, mais les normes et la réglementation de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament sont particulièrement strictes. Rien n’aurait été possible sans le concours du Laboratoire de culture et thérapie cellulaire qui possède tous les agréments et réunit toutes les compétences pour fabriquer, contrôler et délivrer des préparations de thérapie cellulaire innovantes » (Dr Alice MAYOLY).       
 
De nouveaux essais de plus grande ampleur seront prochainement lancés de manière à affiner les résultats et les comparer à d’autres thérapeutiques.
 
Consulter la publication sur l’essai MICROPREP dans le journal Arthroscopy