Une Cellule d’Aide Médico-Psychologique pour les personnes évacuées à Marseille
Suite à l’effondrement du pont de Gênes et à la catastrophe rue d’Aubagne, nous mettions en lumière l’indispensable travail de la Cellule d’Urgence Médico-Psychologique (SAMU 13 / AP-HM) et l’engagement de son équipe auprès des personnes traumatisées. Un travail visant à restaurer le fil de la vie, brutalement interrompu par un drame collectif majeur.
Mais dans le cas de la Rue d’Aubagne, les répercussions sont telles que l’action de la CUMP ne pouvait se restreindre à une prise en charge de l’urgence psychologique liée aux effondrements : avec 2466 personnes délogées dont 1176 personnes temporairement hébergées en hôtels, 247 relogements (dont 51 définitifs), les besoins en matière de soutien, d’accompagnement et d’orientation psychologiques sont immenses et dépassent largement le seul périmètre de la rue d’Aubagne.
On peine à se représenter toutes les difficultés liées à une évacuation le plus souvent précipitée, où les personnes ont tout juste le temps de rassembler quelques affaires. Les hôtels sont parfois éloignés du quartier de résidence ce qui entraîne une perte de repères, peut poser problème pour l’accompagnement des enfants à l’école et l’organisation globale au quotidien. Les gestes simples de la vie de tous les jours deviennent complexes, voire impossibles à mettre en œuvre. Les familles hébergées en hôtels par exemple, ne peuvent pas y faire la cuisine. Les animaux de compagnie doivent être laissés à la SPA. Mais surtout, les personnes évacuées demeurent dans l’incertitude quant à l’avenir, même le plus proche. En effet la période estivale et l’afflux touristique qu’elle implique risque d’inciter bon nombre d’hôtels à libérer des chambres, des gens seront de nouveau délogés. « On est dans une situation de trauma qui perdure », résume Régis GALLIZIA, infirmier.
Soucieuse de proposer un soutien adapté et surtout de contribuer à inscrire ces personnes, lorsque cela est nécessaire, dans un véritable parcours de soins, la CUMP a créé une Cellule d’Aide Médico-Psychologique (CAMP) au sein même de l’Espace d’Accueil des Personnes Evacuées au 2 rue Beauvau. Les objectifs sont multiples : repérer les situations préoccupantes, réintégrer les personnes qui en ont besoin dans des réseaux de soins, les aiguiller vers des Centres Médico-Psychologiques, des hôpitaux comme Edouard Toulouse où une filière prioritaire de consultations a été créée (la réactivité de ces structures est essentielle pour une prise en charge rapide des troubles). Effectuer des maraudes, se déplacer dans les hôtels lorsque des problématiques particulières sont signalées (repli, isolement par exemple).
Pour cela Régis GALLIZIA, infirmier, assure une permanence sans rendez-vous du lundi au vendredi de 9H à 17H et Déborah FLATOT-BLIN, psychologue, est présente 2 jours et demi par semaine.
Sous la supervision du Dr Flavie DERYNCK, Ils travaillent en étroite coopération avec les autres intervenants de la rue Beauvau : France Horizon, l’ARS, Médecins du Monde, la fédération SOLIHA…
« L’incompréhension, le sentiment d’injustice et la perte de confiance liés à la précarité, l’accumulation de fatigue… tout cela peut profondément désorganiser la manière dont les personnes se sont structurées. Il faut prendre en compte non seulement leur vécu immédiat mais aussi l’histoire de vie qu’il y a eue avant. », explique Deborah FLATOT-BLIN.
Au mois de mars 2019, la Cellule d’Aide Médico-Psychologique a effectué 140 interventions environ auprès de personnes évacuées, adultes et enfants. De novembre 2018 à mars 2019, 320 personnes ont été accueillies, parfois à plusieurs reprises. Une fois de plus, la CUMP démontre sa capacité à s’adapter à des contextes extrêmement difficiles, des situations chaque fois inédites, en proposant des dispositifs innovants et surtout résolument tournés vers l’humain.