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Une première française au Centre des embolies pulmonaires de l’AP-HM

Publié le :
03/01/2022 à 16:00

Le Centre des embolies pulmonaires (EP) de l’Hôpital Nord, fer de lance du développement des Centres EP au niveau national, a récemment traité une patiente par reperfusion à l'aide d’un système de thrombo-aspiration : une première en France.  


Obstruction d’une artère des poumons par un caillot de sang (thrombus), l’embolie pulmonaire peut être, selon sa gravité, une urgence vitale absolue. Les phlébites ou thromboses veineuses profondes sont généralement à l’origine de cette pathologie. Un fragment de caillot sanguin se détache de la paroi veineuse au niveau de la jambe et, avec la circulation sanguine, est acheminé vers le cœur. En se contractant, ce dernier projette le caillot dans les poumons où il va finir par se bloquer dans une artère plus fine. Lorsque l’impact sur la quantité d’oxygène dans le sang est important (hypoxémie), cela peut provoquer une insuffisance cardiaque et entraîner la mort.


 
Au sein du service de Cardiologie de l’Hôpital Nord, un Centre dédié aux embolies pulmonaires a été créé en 2019, avec pour objectif d’optimiser la prise en charge des patients et d’améliorer leur pronostic vital. Le Centre EP collabore activement avec les différents hôpitaux de la région en particulier dans le cadre du GHT, aussi bien pour disséminer les techniques novatrices que pour accueillir des cas complexes nécessitant un haut niveau d’expertise.

Si pendant longtemps il y a finalement eu peu d’avancées thérapeutiques pour cette pathologie, depuis quelques années des outils et techniques nouvelles sont apparues, notamment de reperfusion, à l’image des coronarographies et angioplasties couramment pratiquées dans le service pour les infarctus du myocarde.
 

« Nous avons commencé par utiliser la thrombolyse in-situ, qui consistait à instiller à l’aide d’un cathéter fémoral une substance thrombolytique capable de désagréger le caillot. Cette technique nécessite une immobilisation totale du patient pendant une douzaine d’heures. Aujourd’hui nous disposons d’un système de thrombo-aspiration qui permet, en ponctionnant l’artère fémorale et en effectuant un cathétérisme sélectif du tronc de l’artère pulmonaire, d’aller directement aspirer le thrombus. Cette technique est pratiquée sous anesthésie locale et dure environ 30 minutes, avec une efficacité immédiate. Elle ne nécessite pas l’ajout de médicament trombolytique, ce qui nous autorise à en élargir les indications. »  (Pr Laurent BONELLO)


 


Une angiographie peut ensuite être réalisée pour vérifier l’aspiration complète du thrombus. L’amélioration est visible au niveau des paramètres hémodynamiques qui sont corrélés à la sévérité de l’embolie et au pronostic vital du patient, avec une diminution instantanée de la pression dans l’artère.


 
Cette technique a été utilisée pour la première fois en France en décembre 2021 par le Professeur Laurent BONELLO et son équipe, auprès d’une patiente de 63 ans adressée par le Centre Hospitalier d’Aix-en-Provence.


 
« La patiente a pu bénéficier de ce geste quasiment à son arrivée dans le service. Elle présentait une défaillance cardiaque droite en lien avec une hypertension pulmonaire sévère consécutive à l’embolie pulmonaire ainsi qu’une néoplasie, comorbidité souvent associée. Elle a pu repartir  dans l’après-midi même au Centre Hospitalier d’Aix, avec une normalisation complète de sa pression pulmonaire. Il s’agit donc d’une technique extrêmement efficace et surtout qui augmente, par rapport aux procédés antérieurs, le nombre de patients éligibles. » (Pr BONELLO)
 
Dans le contexte de la pandémie de COVID 19 notamment, elle peut s’avérer déterminante car l’incidence des événements thromboemboliques est particulièrement élevée dans cette pathologie. Des études ont mis en évidence les risques considérablement accrus de décès chez les patients COVID admis en réanimation avec une embolie pulmonaire. La thrombo-aspiration permet de traiter rapidement l’embolie chez ces patients qui, souvent, doivent déjà être placés sous oxygénation par membrane extra-corporelle (ECMO). De même pour les cas de thrombus en transit, avec des fragments ayant migré vers les poumons tandis que d’autres sont coincés dans les cavités cardiaques. Auparavant, la chirurgie cardiaque était la seule option thérapeutique pour ces patients.

Afin de développer et pérenniser cette prise en charge, l’équipe du Centre EP de l’Hôpital Nord coordonne un projet avec les Centres de Lille, Paris, Grenoble et Toulouse auprès des ARS dans le cadre de l’article 51, dispositif visant à favoriser l’innovation en santé.