La prise en charge des syndromes coronaires aigus s’est fortement structurée au cours des dernières décennies grâce à la mise en place d’un maillage territorial dense et au développement de réseaux de soins.
Les recommandations internationales ont d’ailleurs souligné le rôle essentiel de ce maillage et des réseaux de soins. L’objectif est de permettre d’améliorer les taux de reperfusion myocardique en facilitant l’interaction entre cardiologues et urgentistes, en particulier dès le préhospitalier. Le choix éclairé d’une stratégie de reperfusion avec la définition des délais optimaux facilite cette décision.
Les dernières études réalisées confirment que l’angioplastie primaire doit toujours être privilégiée à chaque fois que les délais de transport le permettent.
Du point de vue pharmacologique, le panel des anticoagulants et des antiagrégants disponibles s’est considérablement élargi ces dernières années. Nous sommes donc passés d’une seule stratégie thérapeutique associant l’héparine non fractionnée et la bithérapie aspirine/clopidogrel, à un nombre important de possibilités d’associations. Une grande partie de ces associations possibles n’a jamais été évaluée dans le cadre d’essais cliniques. Là encore, la définition du réseau et du protocole de ce réseau joue un rôle essentiel pour favoriser une homogénéité des pratiques et son optimisation.
Déterminer le protocole le plus efficace sur le plan clinique est complexe. En effet les diverses possibilités n’ont pas été évaluées ou comparées et il est peu probable qu’elles le soient un jour. Le choix est donc pragmatique, basé sur le niveau de preuve, la facilité d’utilisation, l’efficacité clinique dans les études pivots mais aussi sur l’adhérence des praticiens et l’adoption du protocole par le réseau.
Nous avons récemment montré que l’adhésion de l’ensemble des médecins d’un réseau à un protocole était en effet très variable. Par exemple, une modification du protocole de prise en charge des SCA ST+ dans les Bouches-du-Rhône (simple remplacement du clopidogrel par le prasugrel) a immédiatement entraîné une baisse de l’adhésion des mêmes médecins (application du protocole dans seulement 60% des cas). Cette sous-utilisation du prasugrel était liée principalement à leur méconnaissance des résultats cliniques de l’étude TRITON TIMI 3 8 et à leur méconnaissance des contre-indications de cette molécule malgré de nombreuses réunions locales de consensus et de FMC. Le taux d’adhésion après la diffusion de cette évaluation est passé à plus de 80%.
Cet exemple souligne le rôle essentiel de la FMC, de la nécessaire collaboration entre cardiologues et urgentistes, du rôle du réseau de soins et aussi de l’évaluation des pratiques.
Laurent BONELLO, Richard TOESCA
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