Une réhabilitation dès la salle de réveil améliore le pronostic des patients après chirurgie majeure
De par les bénéfices considérables qu’elle apporte dans la prise en charge des patients, la Réhabilitation Améliorée Après Chirurgie (RAAC) est devenue une véritable norme aux Hôpitaux Universitaires de Marseille, s’inscrivant dans un parcours de soins toujours plus optimisé et personnalisé. Une commission spécifiquement dédiée à la chirurgie ambulatoire et la RAAC a de fait été créée en début d’année au sein de la Commission Médicale d’Établissement.
Le département d’Anesthésie Réanimation de l’Hôpital Nord (Pr LEONE) a toujours été à la pointe de ce protocole multidisciplinaire où le patient est partie prenante de sa guérison grâce à un ensemble de techniques préparant et mobilisant tout son corps (kinésithérapie et nutrition notamment). La sécurité du protocole élaboré conjointement par les chirurgiens, anesthésistes, infirmiers, nutritionnistes et kinésithérapeutes a pu être attestée avec la prise en charge réussie de plus de 1 000 patients (dont certains avaient subi des chirurgies majeures comme des thoracotomies) en collaboration avec le service de Chirurgie thoracique et des maladies de l'œsophage (Pr THOMAS et Pr D’JOURNO).
Pour aller plus loin, l’équipe a voulu évaluer l’efficacité de la mise en œuvre ultra précoce du dispositif post-opératoire, à savoir une éducation à la kinésithérapie respiratoire, une renutrition, une verticalisation et si possible une déambulation durant le séjour en salle de surveillance post-interventionnelle (SSPI ou salle de réveil). Pour ce faire elle a mené une étude comparative de grande ampleur sur des patients ayant subi une chirurgie particulièrement à risque de complications, la résection pulmonaire (lobectomie ou segmentectomie). Les conditions de rétablissement de chacun des patients ayant bénéficié de la RAAC dès la salle de réveil ont été comparées avec celles de trois patients pris en charge antérieurement à l’adoption du protocole.
(Photographie prise avant la crise sanitaire de COVID 19)
Les résultats montrent que cette prise en charge spécifique ultra précoce permet de diminuer considérablement les risques de complications telles que l’infection pulmonaire post-opératoire ou l’atélectasie (collapsus du poumon). Les bénéfices sont d’autant plus significatifs pour les patients qui ont été en mesure de marcher (80 mètres en moyenne), avec une diminution deux fois plus importante de leur durée de séjour à l’hôpital. Ces bénéfices peuvent être attribués à la seule prise en charge en SSPI, car tous les patients de l’étude étaient pris en charge par une équipe pluridisciplinaire qui fait de la RAAC de façon habituelle depuis de nombreuses années.
(Photographie prise avant la crise sanitaire de COVID 19)
« A partir du moment où les patients constatent qu’ils sont en capacité de se mobiliser sans risque, ils n’hésitent pas à le refaire par la suite. Ce sont des patients qui sont beaucoup plus mobiles en chambre, plus autonomes et qui nécessitent moins de travail pour l’équipe infirmière car ils gardent à l’esprit qu’ils sont acteurs de leur santé et que plus ils se mettront en mouvement, plus ils auront de chances de sortir rapidement. Notre étude est la deuxième dans le monde et la première en Europe à montrer cette corrélation entre une mobilisation extrêmement précoce du patient en post-opératoire et une amélioration considérable de son pronostic. » (Professeur Laurent ZIELESKIEWICZ, chef de service adjoint du département d’Anesthésie Réanimation et à l’origine de l’étude).
Ce travail de recherche, dont les premiers auteurs sont les Docteurs Bruno PASTENE et Ambroise LABARRIERE, anesthésistes réanimateurs, a permis d’entériner avec la Direction de l’Hôpital Nord et le Pôle de Médecine Physique et de Réadaptation (Pr VITON) le recrutement totalement inédit d’un kinésithérapeute à temps plein pour la Salle de Surveillance Post-Interventionnelle. Ce nouveau renfort permettra d’améliorer encore ce projet unique en France.