À l’IFSI Capelette, une infirmerie des erreurs
Un véritable enseignant est toujours en apprentissage, un formateur ne doit jamais cesser de se former. C’est ainsi qu’il est en mesure de transmettre non seulement un savoir théorique, mais aussi une expérience, un vécu. L’équipe enseignante de l’IFSI Capelette en est pleinement consciente. Ses membres s’efforcent d’être autant que possible dans une dynamique de transmission de savoirs et de valeurs.
Récemment ils ont proposé aux étudiants d’expérimenter un dispositif pédagogique nouveau, basé sur les méthodes de simulation en santé mais aussi inspiré par les « escape game » dont la popularité n’a cessé de croître ces dernières années. Les formatrices, ont transformé aussi minutieusement que possible une salle de cours en infirmerie des erreurs. L’objectif est multiple. Il s’agit de former les futures infirmières et les futurs infirmiers à l’évaluation des pratiques professionnelles, de les sensibiliser et de les inciter à développer une véritable « culture qualité ». Pour cela, les étudiants de troisième année ont été invités à endosser le rôle des experts visiteurs lors des certifications.
La certification est une procédure obligatoire d’évaluation de la qualité et de la sécurité des soins pour l’ensemble des établissements de santé. Instituée depuis 20 ans, elle est régulièrement remaniée et actualisée pour correspondre le plus possible aux évolutions des pratiques et tenir compte des nouveaux enjeux en matière de santé. Depuis 2020, elle est davantage axée sur les pratiques de soins, le parcours patient et le travail d’équipe. Les étudiants entrent par petits groupes dans l’infirmerie des erreurs avec des grilles d’audit qu’ils ont eux-mêmes construites au préalable. Ils ont pour mission de repérer tout ce qui peut nuire à la qualité de la prise en charge des patients, ainsi qu’à une bonne gestion du matériel et des stocks de médicaments.
« Étudier et assimiler des procédures peut être rébarbatif si cela est fait uniquement dans le cadre de cours magistraux. Cette mise en situation est un bon moyen, pour les étudiants, de s’approprier les protocoles, d’en saisir réellement le sens et les implications. »
Quatre thématiques sont plus spécifiquement abordées dans l’infirmerie des erreurs :
- la gestion de la pharmacie
- la gestion des stupéfiants
- le chariot d’urgence
- la gestion des traitements personnels du patient
Les visites sont conduites par petits groupes ce qui permet aux formateurs d’avoir des échanges privilégiés avec les étudiants, de les accompagner dans le processus d’apprentissage. L’équipe pédagogique a pris le parti de ne pas évaluer les étudiants sur ce module, qui fonctionne donc plus sur l’investissement personnel que sur un enjeu de notation.
« C’est de la pure culture qualité à laquelle nous les sensibilisons. Bien sûr il y a l’idée de les préparer à la certification qui aura lieu l’an prochain. Nous nous sommes d’ailleurs appuyées sur la campagne actuelle réalisée en interne. Mais nous insistons en permanence sur le fait que ces procédures doivent être appliquées et travaillées au quotidien, et pas uniquement pour la visite de certification. Cette visite doit être, pour les soignants et soignantes, un jour comme les autres, ce qui veut dire que la rigueur et l’attention doivent être constantes. »
Une étudiante interviewée l’a parfaitement compris et a trouvé l’initiative extrêmement pertinente :
« Cela donne du sens à la pratique, à des consignes dont on ne mesure pas forcément les implications si elles restent théoriques. C’était une expérience vraiment productive, le dispositif a favorisé la communication dans la groupe et avec le recul, je me rends compte combien les formateurs ont travaillé pour tout mettre en place. Je pense que les objectifs pédagogiques sont pleinement atteints et c’est définitivement une expérience à reproduire. »