Filière digestive : entre coopération médicale et maillage territorial
La filière digestive du GHT hôpitaux de Provence est composée de trois disciplines majeures : l'endoscopie, la chirurgie digestive (dont bariatrique) et l'oncologie digestive. Cette filière doit faire face à divers défis et s'efforce donc d'établir une organisation territoriale solide pour offrir des soins de qualité dans ces spécialités. L'objectif est de proposer une gamme de soins diversifiée qui répond aux besoins de la population, y compris les personnes en situation de précarité, ayant des difficultés financières ou étant éloignées géographiquement des centres de soins.
Collaboration et structuration des relations entre les équipes médicales
Afin de répondre à ces enjeux, la stratégie mise en place au sein de cette filière consiste à développer des outils de collaboration en se concentrant sur deux priorités principales :
- La première est axée sur le patient et vise à organiser une coopération entre l'Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille (APHM) et les centres hospitaliers en fonction des pathologies pour les soins de recours et les complications. La coopération entre les établissements de santé publics, au sein de cette filière, doit faciliter notamment le transfert des patients entre les centres hospitaliers et le CHU. Ainsi, en cas de besoin, les patients peuvent bénéficier priotairement de plateaux techniques intégrant les dernières avancées médicales ainsi que d'une prise en charge de référence et de recours. Cette orientation permet de répondre de manière personnalisée aux besoins spécifiques de chaque patient et de chaque centre hospitalier.
- La deuxième est centrée sur le personnel médical. Elle cherche à renforcer l'attractivté des centres hospitaliers en créant un environnement professionnel de qualité pour les médecins. Dans ce dispositif, les Assistants Spécialisés à Temps Partagé (ASTP), les Praticiens hospitaliers partagés avec le Centre Hospitalier Universitaire (CHU) jouent un rôle essentiel. Les médecins occupant ces postes sont intégrés simultanément au CHU et au Centre Hospitalier (CH) , permettant ainsi de créer des équipes dimensionnées à taille humaine et d'importer l'expertise du CHU dans l'activité des centres hospitaliers. L’organisation de réunions de concertation pluridiscipinaires communes CHU/CH est un élément fédérateur et de rigueur dans la prise en charge des maladesEn cas de besoin, les médecins peuvent recourir immédiatement à la filière médicale à laquelle ils appartiennent, offrant ainsi un environnement professionnel de haute qualité combinant des conditions de travail de premier ordre avec les spécificités et les expertises uniques à l'activité du CHU. Ce dispositif contribue à améliorer la qualité de vie des médecins et contribue à la notoriété de la discipline au sein du centre hospitalier concerné.
La coopération, facteur de réduction de la mortalité
Une organisation qui se base sur la coopération est de plus en plus nécessaire pour répondre aux évolutions des modalités de prise en charge et des parcours soins de nombreuses pathologies hyper spécifiques prises en charge sur les différents sites de l’APHM.Comme par exemple la prise en charge des urgences vasculaires digestives au sein du Stroke ischémie mésentérique de la Timone. Ce dispositif pluridisciplinaire et de recours, propose une prise en charge innovante des infarctus digestifs, afin de réduire significativement la mortalité aujourd’hui élevée. Le pronostic vital est extrêmement sévère, avec une mortalité atteignant 30 à 80% mais qui peut chuter à 10% dans ce modèle de prise en charge de diagnostic précoce et de revascularisation digestive.
Il est crucial d'avoir une collaboration et une coordination opérantes entre les différents services des établissements du GHT et du CHU pour assurer une prise en charge rapide et adaptée en cas d'accident vasculaire intestinal. En effet, la stratégie thérapeutique repose sur un diagnostic précoce afin d'éviter une aggravation de l'état de santé et des séquelles majeures. Cette prise en charge rapide doit inclure une analyse et un diagnostic précis, une expertise radiologique, un transfert approprié, une revascularisation radiologique et une prise en charge réanimatoire. Il est donc important d'avoir cette collaboration et cette coordination à l'échelle du territoire pour garantir une bonne gestion des cas d'accident vasculaire intestinal.
La filière « chirurgie bariatrique », un exemple de coopération réussie
Incluse dans la filière digestive, la chirurgie bariatrique a été la première spécialité de la discipline à se constituer en filière médicale. Cette initiative a contribué à renforcer le maillage territorial pour la prise en charge de l'obésité.
Les différentes actions entreprises ont répondu à des enjeux majeurs de santé publique. Tout d'abord, il s'agissait de recevoir et de traiter plus facilement les cas difficiles. Le transfert de patients présentant des complications vers le l’APHM (CHU) a été une solution efficace pour répondre à cet enjeu. De plus, la collaboration entre les différents établissements facilite le transfert de patients difficiles.En effet, le travail en réseau a grandement simplifié la collaboration entre médecins.
Un autre enjeu était d'atteindre les seuils d'activité réglementaires pour maintenir l'activité publique sur un bassin de vie. En effet, la chirurgie bariatrique est soumise un nombre minimum d'interventions pour être maintenue dans un établissement.Grâce à une collaboration en réseau il a été possible pour les équipes d’organiser des RMM (Revue de Morbidité Mortalité), et de discuter de dossiers qui ont posé problème pour bénéficier d'un retour d'expérience. La coopération s’est également traduite par l’organisation de réunions de concertation pluridisciplinaires. Ces rencontres ayant permis aux différents spécialistes de discuter des cas les plus complexes et de prendre des décisions de manière concertée.
Toutes ces actions oeuvrent au maintien d’une offre de soins diversifiée qui constitue un élément clé de la stratégie du groupe public, à l’heure où l’activité de chirurgie bariatrique va être soumise à un seuil minimum d’activité (50 patients/ centre/an) qui n’est pas atteint dans tous les établissements du GHT. Enfin, le GHT a permis de formaliser les collaborations entre les services cliniques des différents établissements, ainsi d'initier des rencontres pour professionnaliser les relations entre médecins.
L'étude « OSEAN », publiée par le CHU de Lille en 2018, a démontré les effets bénéfiques de la coopération entre centres hospitaliers et CHU. Cette étude a révélé que, grâce à la collaboration médicale qui débouche sur des soins centralisés, le taux de mortalité dans le domaine de la chirurgie bariatrique, avait diminué de manière significative pour un nombre de complications post opératoires identiques. Les résultats indiquent, donc, que cette réduction n’est pas due à une baisse de complications mais à l’amélioration de la prise en charge.
Pilotage de la filière digestive
Dr Guillaume ALLARD - CHIAP
Dr Thierry BEGE – APHM
Dr Amine BOUAYED – CH du Pays Salonais
Marc CATANAS - CHIAP
Pr Laetitia DAHAN - APHM
Pr Jean-Michel GONZALEZ - APHM
Pr Philippe GRANDVAL - APHM*
Dr Olivier PICAUD – APHM – CH Martigues
Hélène SABATIER – CH du Pays Salonais