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Une étude prometteuse pour traiter l’incontinence anale

Publié le :
15/01/2024 à 16:14

En dépit de leur fréquence et de la souffrance qu’elles peuvent générer, certaines pathologies demeurent tabou, et cela n’est pas sans conséquences. Retards de diagnostic, manque d’informations, difficultés sociales, méconnaissance des traitements et recours possibles, manque de visibilité pour les recherches en cours ne font qu’aggraver les répercussions physiques et psychologiques de symptômes déjà par eux-mêmes invalidants.

C’est le cas pour l’incontinence anale qui, contrairement aux idées reçues, ne concerne pas seulement les personnes âgées mais environ 10% de la population tous âges confondus. L’incontinence anale, c’est-à-dire l’incapacité à contrôler le passage du contenu intestinal (gaz et/ou selles) à travers l’anus, peut être causée par de nombreux facteurs. Notamment les lésions dues à un accouchement traumatique, qui bien souvent ne sont pas immédiatement décelables mais provoquent des troubles des années plus tard.

photographie du professeur Véronique VITTON Le Professeur Véronique VITTON, experte dans les troubles du transit au sein du service d’Hépato-Gastro-Entérologie de l’Hôpital Nord, a récemment participé à une étude multicentrique sur un traitement novateur. Mené à l’initiative du CHU de Rouen (Pr Anne-Marie LEROI), ce Programme Hospitalier de Recherche Clinique (PHRC) s’inspire d’une procédure déjà pratiquée par les urologues contre les fuites urinaires par urgence.

« En cas d’hyperactivité vésicale et d’urgence mictionnelle, l’injection de toxine botulique ou botox dans la paroi vésicale a pour effet de réduire la contractilité de la vessie. Le botox est en effet connu depuis maintenant longtemps pour bloquer la transmission neuromusculaire. Notre étude repose sur un principe identique mais au niveau de la paroi rectale, afin d’empêcher son hypercontractilité. Il ne s’agit donc pas de réduire le nombre de selles, mais d’atténuer l’urgence d’aller aux toilettes. » (Pr VITTON)

La procédure est réalisée sans anesthésie au bloc d’endoscopie. Elle n’est pas douloureuse et ne dure pas plus de 5 minutes. Elle a été pratiquée sur près de 200 patients réévalués à 3 et 6 mois. Aucun effet secondaire n’a été identifié en dehors d’une constipation occasionnelle mais transitoire, tandis qu’une amélioration significative a été constatée chez l’ensemble des patients.

« Il s’agit du premier essai randomisé contre placebo au monde sur ce sujet. Les résultats ont fait l’objet d’une publication dans une revue de référence, le LANCET GASTROENTEROL. Ils laissent augurer une petite révolution dans la prise en charge de cette pathologie. » (Pr VITTON)

De quoi donner de l’espoir à toutes les personnes dont la qualité de vie est bouleversée par ces symptômes.