Mouiller le maillot pour les enfants malades
Jeudi 25 avril. C’est le grand jour, le départ. Au pied de la tour Eiffel au petit matin, sur son vélo chargé de sacoches, il se sent à la fois heureux et intimidé par l’ampleur du trajet à accomplir. Mais rapidement, dès les premiers coups de pédales, tous les doutes se dissipent. Il doit être vigilant, tout entier dans le moment présent pour affronter le trafic omniprésent. Sortir de Paris n’est pas une mince affaire : circulation très dense, véhicules en tous genres, trottinettes et deux-roues se livrant bataille dans tous les sens de circulation et à chaque intersection. Après quelques frayeurs, il peut enfin s’élancer sur les routes de campagne.
Arnaud Parturier est avocat. Il a commencé à faire du vélo dès son plus jeune âge et n’a jamais cessé de pratiquer. Parisien d’origine, il est venu s’installer à Aix-en-Provence il y a une vingtaine d’années. Le vélo de route est pour lui une respiration, une activité de ressourcement qui participe de son équilibre général. Il sillonne régulièrement les routes autour d’Aix et de Marseille. Depuis un certain temps déjà, il avait dans l’idée de faire un trajet bien plus long, sur plusieurs jours, une itinérance. Le projet de partir de sa ville d’origine pour traverser la France à vélo jusqu’au Sud, jusqu’à sa région d’élection pour atteindre la Méditerranée, lui est venu de cette envie. Mais pourquoi accomplir de tels efforts avec pour unique visée une satisfaction ou un accomplissement purement personnels ? Pourquoi ne pas dédier le projet à une cause collective, porteuse de valeurs humaines d’entraide et de solidarité ? D’emblée, cela est apparu à Arnaud Parturier comme une nécessité. Avec son épouse, il a donc cherché une association pour laquelle récolter des fonds. Que ce soit par l’achat de matériel ou l’organisation d’animations, 1, 2, 3, Soleil œuvre depuis près de 30 ans auprès des enfants hospitalisés, pour améliorer leurs conditions d’accueil et de séjour, soutenir les familles et les équipes de soins. Petite par la taille, grande par ses actions, l’association a immédiatement séduit le couple et Arnaud s’est mis en relation avec ses membres.
Dimanche 28 avril. La pluie battante et le froid s’immiscent sous ses minces couches de vêtements. Il se trouve dans les Monts du Lyonnais et se demande encore ce qui lui a pris, l’année de ses 59 ans, pour se lancer pareil défi. C’est son quatrième jour. Il a déjà parcouru une distance considérable, mais il est encore loin du compte ! Pour ne pas céder aux sirènes du renoncement, il songe qu’il ne pédale pas simplement pour lui mais pour les enfants hospitalisés, pour leurs parents en proie à l’angoisse et au stress. Il est lui-même père de 4 enfants, il peut imaginer l’épreuve que cela représente. En comparaison, qu’est-ce qu’un peu de froid et de pluie ?
Une cagnotte a été créée spécifiquement pour le projet. Les dons collectés par 1,2,3 Soleil sont reversés à Phoceo, le fonds de dotation de l’AP-HM avec lequel l’association est partenaire. Aidé par ses enfants, Arnaud a aussi ouvert un compte Instagram sur lequel il a régulièrement posté images et vidéos tout au long de son parcours. Afin de mettre toutes les chances de son côté, il a par ailleurs suivi avant son départ un entraînement rigoureux, 3 à 4 fois par semaine, et adapté son alimentation sur les conseils d’un nutritionniste. En matière d’équipement aussi il n’a rien laissé au hasard et s’est consciencieusement documenté afin d’effectuer les meilleurs choix possibles. Un maillot et un cuissard aux couleurs de l’association ont, bien sûr, été confectionnés.
Mardi 30 avril. Après plus de 850km parcourus, le voilà qui arrive à l’Hôpital de la Timone, sous les applaudissements d’un petit comité d’accueil enthousiaste. Il aura emprunté des chemins peu carrossables pour son vélo de route, des nationales sans accotement où les poids-lourds le dépassaient à pleine vitesse. Il aura bravé les intempéries et même essuyé un orage de grêle peu avant d’arriver à Moulins (03), mais qu’importe ? L’expérience était belle, riche des sensations ressenties au fil des jours, des paysages traversés, des personnes croisées et rencontrées au gré des étapes. Le corps s’est habitué à l’effort, l’esprit s’est nettoyé de toutes les préoccupations professionnelles et autres tracasseries du quotidien. Ici à la Timone, aux côtés des membres de l’association, chacun des kilomètres parcourus fait d’autant plus sens.
La collecte reste ouverte ! Elle a permis de récolter à ce jour 4 112 € grâce auxquels Phoceo a déjà pu financer :
- l’acquisition de 2 fauteuils-lits pour les services de pédiatrie, permettant aux parents de rester, de jour comme de nuit, au chevet de leur enfant malade.
- 20 porte-bébés donnés par la Maternité de l’Hôpital de la Conception à des mamans en grande précarité.
- le déploiement du dispositif Kid Calm à l’Hôpital Nord, permettant de réduire le stress des enfants lors de leurs séances de radiothérapie.
Arnaud Parturier est quant à lui déjà en train de songer à de nouveaux périples. Peut-être un « Aix-en-Provence – Mont Saint-Michel » en perspective…