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Un nouveau traitement contre la maladie associée aux IgG4

Publié le :
07/01/2025 à 13:01

En plus de son activité de médecine polyvalente post-urgences auprès de patients souffrant de polypathologies, le service de Médecine interne de la Timone, dirigé par le Pr Nicolas SCHLEINITZ, a une expertise reconnue dans le domaine des maladies rares. Il est labellisé Centre de compétence et Centre de référence maladies rares pour différentes pathologies liées au dysfonctionnement du système immunitaire (maladies inflammatoires et auto-immunes ou déficits immunitaires).

Le service est notamment devenu Centre de référence constitutif national pour la maladie associée aux IgG4 (immunoglobulines G4), ayant il y a plusieurs années maintenant contribué à établir des critères de classification de cette pathologie d’identification récente. L’équipe poursuit à présent différents travaux de recherche en collaborant à des études et essais thérapeutiques. Le dernier en date, un essai clinique multicentrique international de phase 3 dont les résultats ont été publiés dans le prestigieux New England Journal of Medicine, a porté sur l’évaluation de l’utilisation dans cette indication d’un anticorps monoclonal : l’inebilizumab.

La maladie associée aux IgG4 induit une inflammation chronique et récidivante pouvant toucher un ou de multiples organes, en particulier le pancréas, les glandes salivaires, les reins ou encore les voies biliaires. Cette inflammation va rapidement s’associer à des lésions de fibrose susceptibles d’entraîner de graves dysfonctionnements des organes atteints. Jusqu’à présent, c’est essentiellement l’utilisation des corticoïdes qui permet d’enrayer l’évolution de la maladie, mais ce traitement présente des inconvénients majeurs :

  • Plus de la moitié des patients rechutent lorsque la posologie est diminuée ou que le traitement est stoppé, avec le risque de développer alors des insuffisances d’organes.
  • Sur le long terme, la prise de corticoïdes à forte dose provoque des complications nombreuses : infections, hypertension artérielle, ostéoporose, diabète…

« Notre challenge est par conséquent de trouver de nouveaux traitements qui soient efficaces sur le contrôle de la maladie et qui épargnent aux patients les effets secondaires des corticoïdes. L’étude publiée dans le New England Journal of Medicine constitue le premier essai randomisé en double aveugle évaluant l’efficacité d’un traitement (l’inebilizumab) dans cette indication. Cette molécule est dirigée contre le CD19, un marqueur exprimé par les lymphocytes B, qui jouent un rôle important dans la physiopathologie de la maladie. » (Pr Mikael EBBO)

135 patients ont été inclus dans 14 pays à travers le monde, tous traités par corticoïdes au moment de l’étude et ayant une atteinte multi-organes. 68 d’entre eux ont reçu deux perfusions d’inebilizumab à 15 jours d’intervalle, puis une troisième 6 mois plus tard. Les 67 autres patients se sont vus administrer un placebo aux mêmes périodes.

« Le critère principal d’évaluation était la survie sans rechute et à ce titre les résultats sont éminemment positifs. Dans le groupe ayant reçu le médicament, seulement 7 patients ont rechuté, contre 40 dans celui du placebo. Autre bénéfice secondaire non négligeable : le nombre de patients qui ne prenaient plus du tout de corticoïdes et se maintenaient tout de même en état de rémission s’est avéré significativement plus élevé chez les patients traités. »

En plus d’avoir inclus plusieurs de leurs patients, les professeurs SCHLEINITZ et EBBO ont aussi contribué à la méthodologie et au design de l’étude avec le laboratoire. Le Pr SCHLEINITZ était l’un des investigateurs principaux pour la France et faisait partie du Comité de pilotage qui a défini les critères de rechute organe par organe. Le Pr EBBO a pris part au comité d’évaluation pour l’inclusion des patients.

Ces travaux novateurs ouvrent des perspectives pour d’autres études à venir dans cette maladie, en particulier sur l’efficacité et la tolérance à plus long terme de l’inebilizumab et sur l’évaluation d’éventuelles autres stratégies thérapeutiques d’entretien et de prévention des rechutes après rémission.