Pour une terre de cœurs
Il y aurait tant à faire, tant à mettre en œuvre. Tandis que beaucoup se sentent dépassés par l’ampleur des actions à accomplir et préfèrent éviter d’y penser, certains décident de s’engager, de faire leur possible pour mettre leurs compétences au service des plus démunis. Quitte à partir parfois très loin, sur des routes perdues et des pistes cahoteuses.
François FAURE, infirmier au sein du service d’Anesthésie-Réanimation du Pr BRUDER à la Timone, a fait ce choix en rejoignant Terre 2 Cœurs, une association humanitaire d’assistance médicale créée en 2017.
En avril 2019, il participe à une mission au Sénégal : prévention, don de 150kg de matériel chirurgical et orthopédique à l’hôpital de Kaolak, formation des équipes et surtout consultations gratuites avec distribution gratuite des médicaments prescrits pour la population locale, souvent dans des zones reculées de la brousse.
Un séjour d’une semaine qui se révèle être, de bout en bout, une expérience d’une rare intensité, un concentré de rencontres, de partage, d’apprentissage et de travail sans relâche pour mettre à profit chaque journée sur le terrain : 963 patients de tous âges auront été soignés, soit plus de 120 personnes par jour !
L’association Terre 2 Cœurs est présidée par le Dr Eric DOLLA, cardiologue très expérimenté ayant à maintes reprises effectué des missions humanitaires dans différents pays d’Afrique de l’Ouest et exerçant au sein du service de Cardiologie du Pr PAGANELLI à l’Hôpital Nord. François est d’emblée séduit et convaincu par la démarche et le fonctionnement de l’association. Tout en apportant une aide médicale de base, elle met l’accent sur la prévention et la lutte contre les maladies chroniques telles que l’hypertension ou le diabète. Des pathologies qui se répandent comme un feu de broussailles dans cette région du monde, du fait notamment d’un régime alimentaire et d’un mode de vie qui s’occidentalisent : apports excessifs en sucre et en sel, sédentarité.
De nombreux imprévus surviennent pendant le voyage. François se souvient notamment d’un incident et de sa résolution improbable :
« Le système de refroidissement de notre camion a explosé au milieu de nulle part. Cela aurait pu nous bloquer un long moment mais à notre grande surprise un garagiste est arrivé sur les lieux et a réparé la panne on ne sait comment, à l’aide d’une bouteille en plastique ! »
Une faculté d’adaptation, une capacité à faire beaucoup avec très peu de moyens qui se retrouve dans les dispensaires reculés où François est amené à consulter.
« Les infirmiers font là-bas un boulot extraordinaire. Ils sont isolés géographiquement mais extrêmement débrouillards, très pragmatiques et capables de gérer un grand nombre de situations avec les moyens du bord comme des accouchements, des pré-éclampsies... Je me sentais gêné de leur expliquer le fonctionnement du matériel tant ils étaient déjà polyvalents et compétents. »
L’équipe a procédé à un dépistage systématique de l’hypertension et du diabète. Ces pathologies ont de nombreuses incidences particulièrement graves comme l’hémiplégie, la cécité ou le déclenchement d’accidents vasculaires cérébraux. L’accès aux médicaments reste un problème, de même que la continuité des soins.
« Nous avons reçu une dame qui avait 30 de tension. Elle est repartie avec un traitement médicamenteux mais en France elle aurait été immédiatement hospitalisée ! Les enfants qui venaient en consultation étaient auparavant lavés et soigneusement habillés avec des vêtements tout propres. C’était vraiment touchant. »
Une expérience qui permet également d’apprendre énormément du personnel local et des autres membres de l’association engagés dans la mission.
« C’était un groupe vraiment soudé avec un bon esprit ce qui nous a permis d’être efficaces. Il y a une osmose qui se crée dans le groupe et le côté hiérarchique qu’il peut y avoir à l’hôpital est beaucoup moins présent. Alors une semaine après être rentré, une fois reposé, j’avais déjà envie de repartir. »
Mais se rendre sur le terrain est bien sûr loin d’être le seul moyen d’aider l’association, chacun peut apporter son soutien. Lors de la dernière mission de l’association au Sénégal le Pr BRUDER, chef du service d’Anesthésie-Réanimation où travaille François, a effectué une visio-conférence depuis la France pour former les jeunes médecins sénégalais. Vous pouvez vous aussi, en devenant adhérant ou en faisant un don, contribuer à amener sur cette terre toujours plus de cœur.