Le Pr Joëlle Micallef au conseil scientifique d’EPI-PHARE
Pionnière en France dans les études de pharmaco-épidémiologie, responsable du Centre Régional de PharmacoVigilance Marseille Provence Corse et Cheffe du service de Pharmacologie clinique et pharmacosurveillance de l’AP-HM, le Pr Joëlle MICALLEF a récemment intégré le conseil scientifique du groupement d’intérêt scientifique EPI-PHARE. Cette nomination la place aux côtés des plus grandes sommités de sa discipline, venant couronner un travail et un engagement de longue date sur des questions cruciales de santé publique.
Les français consomment en moyenne 41 boîtes de médicaments par an. Les données de l’Assurance Maladie de 2023 montrent que les dépenses remboursées nettes de médicaments s’élèvent à 25,5 milliards d’euros. On comprend aisément au vu de ces chiffres combien est primordiale, en termes de sécurité sanitaire, la surveillance des traitements mis sur le marché.
Créé en 2018 par la réunion des services de pharmaco-épidémiologie de l’ANSM et de la Cnam, le groupement d’intérêt scientifique EPI-PHARE coordonne en routine des études pharmaco-épidémiologique au niveau de la population globale. L’objectif est d’évaluer, en situation réelle, les effets bénéfiques ou indésirables liés à la prescription des produits pharmaceutiques : usages et mésusages, facteurs de risques, disparités d’accès ou d’utilisation en fonction des grandes catégories de populations… Toutes ces données ont pour finalité d’éclairer les pouvoirs publics dans leurs prises de décisions relatives à la sécurité du médicament et autres produits de santé, grâce à une expertise extrêmement fiable et totalement indépendante de l’industrie pharmaceutique. Pour ses analyses, l’équipe d’EPI-PHARE s’appuie sur le Système National des Données de Santé (SNDS), une base de données sans équivalent dans le monde, contenant toutes les prescriptions de médicaments remboursés ainsi que toutes les consultations et hospitalisations des 67 millions d’assurés.
« Nous avons la chance en France, contrairement aux Etats-Unis par exemple, que l’ensemble de la population soit couverte par l’assurance maladie. Nous avons donc une véritable mine d’or à disposition pour la recherche, même s’il s’agit d’une base très complexe à exploiter qui demande une technicité et des compétences spécifiques. Nous pouvons déterminer comment sont utilisés les médicaments, qui en prend, à quelle échelle, dans quelles indications ils sont prescrits… nous sommes aussi en mesure de comparer le devenir des patients qui prennent tel médicament plutôt qu’un autre, avec des critères très précis comme la durée des traitements ou leur posologie. » (Pr Joëlle MICALLEF)
A l’occasion de la pandémie de COVID 19 par exemple, EPI-PHARE a pu fournir des informations essentielles sur le nombre de patients vaccinés, sur les rapports bénéfices risques de tel ou tel vaccin en fonction de l’âge ou du sexe, contribuant de ce fait à une adaptation rapide des stratégies vaccinales. Si les essais cliniques pour les médicaments sont effectués sur des échantillons restreints de personnes et dans des conditions particulières, la surveillance d’EPI-PHARE s’effectue quant à elle en situation réelle ce qui permet d’aviser les pouvoirs publics et les professionnels de santé d’éventuels risques, contre-indications ou au contraire bénéfices probants de traitements selon les populations et pathologies concernées.
Lors de la pandémie, le Pr MICALLEF avait déjà intégré le conseil scientifique d’EPI-PHARE, mais pour une mission particulière qui était justement le programme de développement des études de pharmaco-épidémiologie sur les vaccins anti-COVID 19. Cette expérience a naturellement eu une influence pour sa nomination récente. Mais il faut également mentionner le fait qu’elle est très investie non seulement en pharmaco-épidémiologie, mais aussi en pharmacovigilance et addictovigilance, domaines éminemment complémentaires lui donnant une vision transversale des enjeux et problématiques actuelles. Elle a en outre été, avec son équipe de l’AP-HM, parmi les premiers en France à réaliser des études de pharmaco-épidémiologie à partir des données de l’assurance maladie, alors exclusivement à l’échelle de la région PACA.
« Nous avons commencé dès 1998. Nous n’avons cessé depuis de développer ces compétences à Marseille et depuis 5 ans, avec mon collaborateur le Dr Thomas SOEIRO, nous menons des études d’envergure nationale grâce au SNDS. Ces travaux concernent entre autres les psychotropes comme la Benzodiazépine, très utilisée en France, mais aussi les médicaments opioïdes employés comme antalgiques qui ont causé en quelques années une crise majeure aux Etats-Unis. On voit là tout l’intérêt d’un système de surveillance tel que celui déployé par EPI-PHARE : avoir une sorte de baromètre en continu des tendances de consommation et de leurs effets pour mieux anticiper les crises, amener à des décisions importantes en matière de politiques de santé, susciter des actions concrètes de prévention. »
Le conseil scientifique d’EPI-PHARE est composé de 9 experts internationalement reconnus, dont le rôle est de déterminer collectivement la stratégie et les orientations de travail à prioriser pour le groupement d’intérêt scientifique. Les membres du conseil scientifique identifient également les thématiques d’intérêt en fonction de l’actualité et évaluent les équipes scientifiques pour le financement d’études en lien avec celles-ci.
« Je suis très honorée de faire partie de ce groupe aux côtés de personnalités scientifiques de premier plan comme Dominique Costagliola, Bernard Bégaud ou Jean-Louis Montastruc. Mais ce n’est pas tant une reconnaissance individuelle qu’une reconnaissance de toute l’équipe avec laquelle je travaille, impliquée depuis plus de 20 ans dans ce domaine, et je souhaite que cela contribue à valoriser l’AP-HM dans son ensemble. »