L’endothélium rénal dans tous ses états
Créé il y a deux ans par le Pr Noémie JOURDE CHICHE (AP-HM et C2VN-AMU) et les Dr Véronique FREMEAUX-BACCHI et Lubka ROUMENINA (Institut des Cordeliers, INSERM, Paris), le groupe FRENDS (« French Renal ENDothelial Society ») rassemble des chercheurs et néphrologues travaillant sur l’endothélium dans les maladies rénales à travers la France (Marseille, Paris, Rouen, Nantes, Lille, Montpellier). Le groupe FRENDS vient de publier une mise au point détaillée de l’état des connaissances sur le rôle de l’endothélium au cours des maladies rénales dans la prestigieuse revue Nature Reviews Nephrology.
L’endothélium est le nom donné aux cellules qui bordent l’intérieur des vaisseaux. Il ne s’agit pas simplement d’un conduit passif : l’endothélium a un rôle anti-inflammatoire, anti-thrombotique et au niveau rénal il participe à la fonction de filtre permettant de séparer ce qui doit être éliminé dans les urines (déchets) de ce qui doit rester dans le sang (albumine, cellules sanguines).
Le travail du groupe FRENDS, intitulé « Structure et fonctions de l’endothélium en situation normale et au cours des maladies rénales », a consisté à compiler l’ensemble des données existantes de manière à pouvoir les croiser et fournir une revue exhaustive des connaissances actuelles dans ce domaine. L’intérêt est de déceler des liens, des similitudes entre différentes pathologies, de mettre en perspective les techniques d’étude de l’endothélium et les mécanismes qui l’agressent au cours de maladies rénales rares ou fréquentes, pour trouver des cibles thérapeutiques communes.
L’endothélium rénal est particulièrement vulnérable à certaines agressions comme la présence de toxines bactériennes dans le sang (syndrome hémolytique et urémique), l’action du système immunitaire dans les maladies auto-immunes, ou la formation d’anticorps dirigés contre le greffon après transplantation rénale. La souffrance de l’endothélium rénal est aussi responsable de complications de la grossesse (pré-éclampsie) ou de certaines chimiothérapies anti-cancéreuses.
Les lésions de l’endothélium se manifestent par une protéinurie (fuite d’albumine dans les urines), par une hypertension artérielle, la survenue d’œdèmes, et parfois une insuffisance rénale aigüe. Les séquelles rénales entraînent une insuffisance rénale chronique, au cours de laquelle s’accumulent des toxines urémiques, qui à leur tour vont léser l’endothélium, cette fois dans l’ensemble de l’organisme, favorisant la survenue de maladies cardiovasculaires.
Plusieurs pistes thérapeutiques visant à protéger l’endothélium sont à l’étude et pourraient ainsi conduire à des évolutions importantes dans la prise en charge de tout un éventail de maladies rénales, qu’elles soient rares ou au contraire très répandues.
Bravo à l’ensemble du groupe FRENDS et en particulier au Pr Noémie JOURDE-CHICHE, au Dr Laetitia DOU (C2VN-AMU), au Pr Stéphane BURTEY et au Dr Marion SALLEE (C2VN – AMU et AP-HM, Centre de Néphrologie et Transplantation Rénale de l’Hôpital de la Conception), ainsi qu’au Pr Gilles KAPLANSKI et au Dr Pierre-André JARROT (C2VN – AMU et AP-HM, Service de Médecine Interne et d’Immunologie Clinique) pour ce beau travail collaboratif.