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Journée européenne de la psychomotricité : rencontre avec Mélanie CANNÈS et Florie DJARAYAN

Publié le :
19/09/2019 à 09:40

De leur métier de psychomotriciennes, Mélanie CANNÈS et Florie DJARAYAN pourraient parler pendant des heures, tant il est varié et requiert un éventail très large de compétences. Elles exercent au Centre d’Action Médico-Sociale Précoce, section Déficience auditive, de l’Hôpital Salvator. À ce titre elles suivent, souvent pendant plusieurs années, des enfants déficients auditifs âgés de 0 à 6 ans qui présentent des troubles ou retards moteurs associés à leur handicap. Mais elles rappellent qu’un psychomotricien peut avoir un rôle à jouer quel que soit l’âge, du nourrisson à la personne âgée.

« Nous travaillons sur prescription médicale, en fonction de signes d’appel que le médecin va déceler. Le premier rendez-vous, avec la famille, vise à faire un point global sur le développement de l’enfant.

Il s’agit de savoir par exemple à quel moment il a tenu sa tête, quand il a pu s’asseoir, s’il est passé par une phase de déplacement à quatre pattes, quand est-ce qu’il s’est mis debout et a commencé à marcher… Les questions vont aussi porter sur l’alimentation, le sommeil, afin de recueillir le plus d’informations possible »
.
 
Suite à cet entretien, un bilan psychomoteur est effectué avec l’enfant, sur la base d’une observation clinique et de tests standardisés qui permettront d’évaluer les compétences acquises en fonction de son âge ou de sa classe.
 
« Nous prenons en compte l’équilibre statique et dynamique, la coordination, la dissociation des membres, la latéralité, le tonus, la posture, le schéma corporel c’est-à-dire la manière dont l’enfant se représente lui-même, la structuration spatio-temporelle... Le bilan porte également sur tout ce qui relève de la motricité fine comme par exemple la vitesse, la dextérité manuelle, la mobilité au niveau des doigts, le graphisme… Et bien sûr le lien avec les émotions, avec des comportements tels que l’agitation ou l’inhibition, les troubles attentionnels ».
 
Une fois le compte-rendu rédigé, les psychomotriciennes vont élaborer un projet thérapeutique adapté aux problématiques de l’enfant avec différents axes de travail échelonnés dans le temps. Au CAMSP, des bilans sont effectués chaque année afin de suivre l’évolution de l’enfant, de réactualiser le projet en fonction des progrès accomplis ou des difficultés rencontrées.
 
« La part la plus importante du suivi se fait en individuel mais nous travaillons également en groupe, toujours en lien avec l’équipe. C’est ce qui fait aussi la richesse d’un Centre comme celui-ci, la collaboration entre différents professionnels ayant chacun une approche différente de l’enfant : psychologues, infirmières, orthophonistes,
psychomotriciennes… il y a une complémentarité évidente
»
 
Les outils pour travailler la psychomotricité varient en fonction de l’âge des patients, de leur pathologie. Pendant leurs 3 années de formation, les psychomotriciens apprennent ainsi à utiliser une grande variété de thérapies à médiation corporelle, incluant également des pratiques telles que la danse, le théâtre, le yoga, le tai-chi ou encore la relaxation. Au CAMSP section Déficience auditive, Mélanie CANNÈS et Florie DJARAYAN ont naturellement recours aux médiations par le jeu :
 
« L’idée est de faire en sorte que l’enfant travaille sans s’en rendre compte. Il faut rendre la séance la plus ludique possible. Outre les outils traditionnels comme le parcours psychomoteur ou les différents jeux, nous mettons également en place des activités de groupe autour du cirque adapté, de la danse, des percussions corporelles ou encore de la médiation canine. »
 
Lorsque l’enfant est très jeune, les parents participent aux séances. Ils ont parfois tendance à se focaliser sur le handicap de leur enfant et le travail psychomoteur leur permet de considérer avant tout ses aptitudes et son potentiel.
 
« Il y avait par exemple cet enfant qui au début de sa prise en charge rejetait complètement le graphisme et pouvait faire de grosses crises lorsque je lui demandais de dessiner. Il n’arrivait pas à tenir le crayon et à coordonner ses mouvements, il était complètement débordé au niveau émotionnel. Au fil des séances il s’est pourtant mis à investir de plus en plus le graphisme, je le vois à présent dessiner des maisons, des bateaux alors qu’au début il ne parvenait pas à faire ne serait-ce qu’un trait ! Il est fier de me montrer qu’il y arrive et moi je suis très fière de lui. »
 
« Ou encore cette petite fille qui n’arrivait pas à marcher et qui maintenant fait tout le couloir en courant pour venir me sauter dans les bras. C’est probablement ce qu’il y a de plus gratifiant dans notre métier : pouvoir suivre, accompagner le développement de l’enfant, constater ses progrès et partager cela avec les parents. »
 
 
Toutes les informations sur le CAMSP, section Déficience auditive : http://fr.ap-hm.fr/service/camsp-centre-action-medico-social-precoce-specifique-deficients-auditifs-hopitaux-sud