Le sport pour se jouer des cancers de l’enfant
L’annonce d’un cancer produit une véritable onde de choc. Après ce diagnostic, la réaction première est de se focaliser entièrement sur les traitements à mettre en œuvre pour combattre la maladie. Tout le reste est provisoirement mis entre parenthèses, notamment les pratiques sportives. Pourtant, l’inactivité physique peut entraîner des complications susceptibles d’accroître le retentissement de la maladie, à court comme à long terme.
Cela est d’autant plus vrai pour des enfants ou des adolescents. Chez eux le mouvement est crucial, synonyme d’une vitalité globale contribuant au développement physique et psychologique. Paradoxalement, très peu d’études ont été réalisées sur l’efficacité et la sécurité des programmes d’activité physique chez les enfants atteints de cancer.
L’équipe du service d’Hématologie, Immunologie et Oncologie Pédiatrique de l’Hôpital de la Timone Enfants a effectué un travail de recherche qui a permis d’apporter de nouvelles connaissances sur ce sujet. Les résultats de cette étude ont été très récemment publiés dans la revue internationale Cancers*.
Il s’agit d’une étude randomisée ayant inclus 80 enfants et adolescents âgés de 5 à 18 ans. La moitié d’entre eux ont participé dès le début de leur traitement contre le cancer à un programme d’activité physique. Les séances se déroulaient au sein même du service ou dans les locaux de l’association. Les autres enfants ont eux aussi bénéficié de ce programme, mais 6 mois après le début de leur traitement.
« Un test de marche de 6 minutes était le critère d’évaluation principal de l’étude. Au bout de 6 mois les enfants qui avaient suivi d’emblée le programme d’activité physique avaient amélioré leur test de marche de 83 mètres, contre 32 mètres dans le groupe témoin. Concrètement, cela signifie que ce programme permet d’améliorer significativement la capacité de ces enfants à faire de l’exercice. Nos résultats montrent les bénéfices d’une activité physique précoce, aussi bien sur des paramètres physiques comme l’endurance, le tonus, la souplesse et l’équilibre, que sur l’estime de soi ou la qualité de vie. », explique le Docteur Paul SAULTIER.
L’équipe a également constaté une persistance des bénéfices chez les enfants ayant commencé le programme d’activités physiques dès le début de leur traitement. Au final, les évaluations font état de scores proches des valeurs de référence d’enfants en bonne santé, ce qui est remarquable au regard de la gravité de la maladie et de la lourdeur des traitements administrés.
« Nous apportons non seulement la preuve que ces programmes adaptés sont sûrs, puisque aucun effet secondaire n’a été rapporté pendant l’étude, mais qu’ils sont également extrêmement bénéfiques, et ce quel que soit le type de cancer dont les enfants sont atteints. Cela devrait inciter à renforcer et à multiplier de telles initiatives. » (Docteur Paul SAULTIER)
C’est une collaboration étroite entre les équipes du Centre de Cancérologie Pédiatrique et de l’association Sourire à la vie, initiée depuis déjà plusieurs années, qui a permis de mener cette étude dans les meilleures conditions possibles. Le programme d’activité physique de l’étude a notamment été élaboré par Clothilde Vallet, directrice adjointe de Sourire à la vie et professeur d’activités physiques adaptées. Dès le diagnostic de la maladie, l’équipe de Sourire à la vie s’engage en effet auprès des enfants et des adolescents, leur proposant des programmes d’accompagnement complets alliant activités physiques adaptées avec des éducateurs sportifs, nutrition, soins de support et relaxation.
Se défouler, se dépenser pour mieux supporter les soins et combattre la maladie, lutter contre la fatigue, contre la perte musculaire, limiter les effets secondaires des traitements, éviter l’isolement social tout en s’amusant : voici les prouesses dont sont capables les enfants et adolescents traités pour un cancer, si tant est qu’ils soient bien accompagnés.
*Saultier P, Vallet C, et al. Cancers. 2021 Jan 2;13(1):121.