Un centre leader à l’AP-HM pour le syndrome de Cushing
Le service d’Endocrinologie de l’Hôpital de la Conception, dirigé par le Pr Thierry BRUE puis par le Pr Frédéric CASTINETTI, s’intéresse depuis de nombreuses années au diagnostic et à la prise en charge du syndrome de Cushing, une maladie rare le plus souvent liée à un adénome hypophysaire. Centre coordonnateur du Centre de Référence national Maladies Rares HYPO sur les maladies de l’hypophyse, le service a développé une expertise dans cette pathologie qui fait de lui l’un des plus actifs d’Europe, comme l’attestent les données du Registre ERCUSYN (The European Registry on Cushing’s Syndrome ) ainsi que sa participation à de nombreux consensus et essais thérapeutiques internationaux.
Le syndrome de Cushing se caractérise par une hypersécrétion de cortisol entraînant des symptômes et complications métaboliques variés : hypertension, diabète, prise de poids, apparition de vergetures, faiblesse musculaire, infections et fractures inexpliquées… auxquels sont souvent associés des épisodes dépressifs marqués. Le diagnostic survient fréquemment de manière tardive, après 2 ou 3 ans d’errance thérapeutique des patients et une aggravation de leurs symptômes. En outre, l’état de fatigue et les troubles cognitifs qui persistent même après le contrôle de la maladie est bien souvent un frein pour une reprise d’activité professionnelle ou sportive.
« Ce sont des patients pour lesquels le risque de récidive est élevé et, même une fois guéris, des séquelles peuvent altérer leur qualité de vie. Nous avons donc élaboré une prise en charge innovante axée autour de parcours spécifiques, uniques en France, tels que l’évaluation des séquelles neuropsychologiques et musculaires, la gestion des émotions en lien avec la neuropsychologue et les psychologues du Pôle, ou l’organisation d’ateliers thérapeutiques. » (Pr CASTINETTI)
Cette prise en charge multidisciplinaire se fait principalement en lien avec les services de :
- Neurochirurgie - Pr DUFOUR,
- Chirurgie stéréotaxique - Pr REGIS,
- Radiothérapie – Pr PADOVANI,
- Neuroradiologie - Pr GIRARD
- Chirurgie endocrinienne - Pr SEBAG,
Mais aussi avec le Laboratoire de biologie moléculaire du Pr BARLIER et le département de Médecine nucléaire du Pr TAIEB.
Cela vaut au service une reconnaissance internationale, comme en témoigne la publication prochaine avec des équipes américaines, allemandes, espagnoles et anglaises de 2 revues générales sur le sujet dans des journaux à haut facteur d’impact, Endocrine reviews et Nature review Disease Primers.
Des avancées majeures dans la compréhension du syndrome de Cushing pour un traitement personnalisé :
Sur le plan de la recherche, une collaboration récente avec l’équipe du Pr G. KROEMER (Institut Gustave Roussy) a permis d’identifier une nouvelle voie de signalisation impliquée dans le phénotype métabolique des patients porteurs du syndrome de Cushing, aboutissant à 2 articles dans les revues Nature Metabolism et Autophagy.
Ces travaux précurseurs pourraient permettre de développer dans les prochaines années une prise en charge personnalisée des patients, via un modèle intégratif incluant des données épidémiologiques, cliniques, hormonales et d’imagerie, ainsi qu’une analyse individualisée des polymorphismes influençant la sévérité de l’atteinte ou les risques de récidive.
Comme dans nombre de maladies rares, la recherche translationnelle collaborative doit permettre d’améliorer la compréhension de la pathologie, mais également de ses séquelles, et aboutir à une amélioration de la qualité de vie des patients en personnalisant leur prise en charge.
« S’intéresser non seulement aux aspects purement médicaux mais aussi plus généralement aux conséquences sur la qualité de vie est essentiel pour nous. Nous travaillons de fait avec le Laboratoire de Psychologie sociale d’Aix Marseille Université sur les représentations que les patients et leur entourage peuvent se faire de la maladie. Un post-doctorant a également été recruté pour une étude spécifique sur l’annonce du diagnostic d’adénome hypophysaire car celle-ci peut avoir une influence importante. Certains patients pensent avoir un cancer au cerveau alors que l’adénome hypophysaire est une pathologie bénigne dans la grande majorité des cas, malgré son impact parfois important sur le plan fonctionnel. Lorsqu’ils sont informés correctement dès le début de leur prise en charge, les patients adhèrent beaucoup mieux aux protocoles et parcours de soins. »
Enfin, s’il relève des maladies rares, ce syndrome constitue également un modèle de l’exposition aux corticoïdes à forte dose qui concerne, elle, un grand nombre de personnes à l’heure actuelle.