L’hôpital de mes rêves
Grâce à un partenariat avec la structure culturelle La Marelle (résidence d'écrivains, actions littéraires, édition), 24 séances d’atelier de création de 2 heures ont pu être proposées dans 7 services de soins de l'Hôpital d'Enfants de la Timone. Une action du programme « Parcours d’hospitalité » de l’AP-HM.
Il fait nuit. Peu à peu les lumières des chambres s’éteignent à l’Hôpital d’Enfants. Toi aussi tu éteints la lumière, tu as envie de dormir à présent. Le temps ralentit sa course, seules quelques infirmières veillent encore. Les couloirs sont paisibles, le sommeil semble gagner le bâtiment lui-même. Imagine qu’au plus profond de la nuit tes paupières s’ouvrent sur un spectacle fantastique : un arbre magnifique a poussé dans l’hôpital. Son tronc majestueux traverse les étages et passe dans ta chambre. Ses branches, ses feuilles abritent de beaux oiseaux colorés dont les chants retentissent dans tous les services. Ou alors, imagine qu’à l’heure la plus silencieuse de la nuit, tu entends soudain le murmure de la mer et le chant délicat des baleines. Ta chambre est au fond de l’eau, des poissons merveilleux viennent te saluer, t’encouragent à nager avec eux au milieu des algues et des coraux.
Aux mois de septembre et octobre Antonia HARDING SHACKELFORD, artiste fondatrice de l’association La forêt en papier, a proposé aux enfants hospitalisés à La Timone, dans les salles de jeux des services, des ateliers de création sur le thème « L’hôpital de mes rêves ».
Spécialisée dans le livre jeunesse, il suffit à Antonia de quelques bouts de papier, quelques crayons, des ciseaux et un peu de colle pour aider les enfants à faire naître des mondes imaginaires, créer des ambiances, donner vie à des histoires fabuleuses. Mais si Antonia tient un peu de la fée, ce n’est pas parce qu’elle fait instantanément apparaître les choses comme par magie : au contraire la fabrication, le bricolage tiennent une place essentielle dans son travail et les ateliers qu’elle anime. Il ne suffit pas d’un coup de baguette magique ! Il faut commencer par dessiner, découper, plier, coller… et c’est alors que les histoires prennent véritablement forme, que la magie peut agir. C’est cela le pouvoir d’Antonia : savoir instaurer, en dehors du règne des écrans, une qualité de temps et d’espace où le plaisir du faire, du partage, de l’invention passe avant tout.
« C’est un moment de respiration où le mental peut s’ouvrir à d’autres réalités. Dans ces instants il y a une énergie vitale qui se remet en mouvement. C’est très émouvant de voir les enfants hospitalisés s’évader ainsi. C’est la première fois que j’animais des ateliers à l’hôpital et j’ai passé deux mois magnifiques. L’idée était de trouver un dispositif flexible qui puisse s’adapter à des âges très différents. La technique ne devait surtout pas être un obstacle. Je voulais aussi que les enfants puissent repartir avec quelque chose dont ils seraient fiers. »
En début d’atelier, Antonia distribuait à chaque enfant un petit livre découpé qui représentait une chambre avec un lit : leur chambre d’hôpital. Les enfants pouvaient alors transformer cet espace au gré de leur fantaisie en ajoutant divers éléments. A la fin de l’atelier, avec la lampe de poche de son téléphone, Antonia projetait les ombres au mur et tout s’animait comme dans un petit théâtre d’ombres.
« Il fallait pouvoir démarrer tout de suite dans le plaisir de la découverte, de la matière, des formes et des textures. Chacun a abordé le travail selon sa sensibilité, son imaginaire. En vérité, je ne m’attendais pas à trouver autant de joie, de créativité, d’énergie. Ces enfants sont formidables. Leur capacité à aller au-delà du contexte, de la souffrance est très impressionnante ».
Dans les groupes qui se formaient les enfants ne se connaissaient pas forcément mais l’esprit d’entraide était très présent. Chacun pouvait être à la fois absorbé par sa création et disponible pour aider, encourager son voisin ou sa voisine. Une maturité qui n’atténue en rien l’esprit de l’enfance. Voilà ce dont font preuve les jeunes patients.
« Bien sûr c’est également grâce à la présence des éducatrices que tout s’est déroulé au mieux. Elles ont beaucoup de finesse, savent repérer les difficultés, rassembler, accompagner. Sophie Bellon-Cristofol, qui est responsable des actions culturelles à l’AP-HM, a eu l’idée de nous réunir autour d’un atelier avant le lancement du projet . On s’est tout de suite mises au diapason ! »
Et lorsque des parents étaient présents, Antonia les mettait à contribution, les incorporait à l’atelier, faisant de ce temps en commun fait d’évasion, de partage et de rêve un moment privilégié pour tous.
Avec le soutien de la DRAC PACA, l'ARS PACA, la Région Sud et le Centre Français de la Copie