Maladie de Huntington : vers un nouveau traitement de thérapie génique
L’AP-HM est l’un des 5 centres en France à participer au 1er essai international de thérapie génique dans la maladie de Huntington.
La maladie de Huntington est une maladie génétique neurodégénérative qui touche environ 6000 malades en France. Elle a des caractéristiques génétiques un peu particulières qui font que de génération en génération la maladie commence plus tôt et prend des formes plus graves. Le risque de transmission de la maladie aux enfants est de 50%. Les premiers symptômes apparaissent généralement aux alentours de 30 ans mais il arrive que la maladie se déclare bien plus tôt, parfois pendant l’enfance. C’est une pathologie extrêmement sérieuse qui occasionne des troubles moteurs avec des mouvements anormaux (la « chorée » de Huntington), des troubles intellectuels (démence progressive) et aussi beaucoup de troubles psychiatriques (dépression, apathie, agressivité et tendances suicidaires). Les structures d’accueil adaptées étant rares, ces patients se retrouvent souvent en situation d’isolement ou en hôpitaux psychiatriques dans lesquels ils ne reçoivent pas les soins appropriés.
Jusqu’à présent, les traitements à disposition ne visaient qu’à atténuer les symptômes. Le service de Neurologie et pathologie du mouvement du Pr Jean-Philippe AZULAY à l’Hôpital de la Timone prend actuellement part au premier essai de thérapie génique de la maladie de Huntington. Il s’agit d’un essai de grande ampleur impliquant environ 600 patients en tout début de maladie, répartis dans différents centres à travers le monde. 8 patients sont suivis à l’AP-HM. L’objectif est de ralentir l’évolution de la maladie en réduisant la production de protéine anormale (Huntingtine) par le gène muté. Pour ce faire, un médicament composé d’oligonucléotides antisens est administré aux patients par voie intrathécale (au niveau lombaire).
Cette technique, dont le principe est de moduler l’expression de gènes ciblés, est véritablement révolutionnaire, d’autant plus novatrice dans le domaine de la neurologie. Son champ d’application pourrait s’étendre à d’autres maladies neuro-génétiques et neuro-dégénératives dans les années à venir. La mise en œuvre d’un tel protocole nécessite un important travail d’équipe et une collaboration parfaite entre les différents chercheurs avec, aux côtés du Pr AZULAY, le Dr Frédérique FLUCHERE, le Pr Alexandre EUSEBIO, le Dr Stéphan GRIMALDI ainsi que les assistantes de recherche clinique de l’Equipe Mobile d’Aide à l’Investigation (Valentine VERDIER et Claire DIMIER).
Si le traitement fonctionne, cela conduira également à une toute autre approche du dépistage de la maladie de Huntington.
En effet le diagnostic présymptomatique est actuellement proposé aux descendants des personnes atteintes (à l’AP-HM, au sein du Département de Génétique Médicale du Pr LEVY, sous la supervision du Dr NGYUEN). Mais comme il n’existe aucun traitement curatif ou permettant de retarder l’évolution de la maladie, les familles choisissent souvent de ne pas avoir recours au dépistage. Cette tendance pourrait changer du tout au tout avec l’avancement de la recherche, le but étant de traiter les patients le plus précocement possible, dès les premiers symptômes voire même avant leur apparition.
Voir l’interview du Dr Frédérique FLUCHERE (3 questions à 1 expert)