Prothèses de hanches : des interventions sur-mesure grâce à la 3D
Adapter des prothèses de forme standardisée à des corps par essence uniques, en tenant justement compte de toutes leurs spécificités morphologiques : tel est le défi auquel sont confrontés les chirurgiens orthopédistes.
Depuis plusieurs années déjà, l’Institut du Mouvement et de l’Appareil Locomoteur utilise, notamment pour les prothèses totales de hanches, un logiciel extrêmement performant de planification en 3 dimensions. Cette technique qu’encore très peu de centres proposent à l’heure actuelle permet de prévenir de façon remarquable les complications telles que les inégalités de longueur ou les luxations de prothèse.
C’est un sujet que le Docteur Pierre-Olivier PINELLI, qui a réalisé plus de 1200 prothèses totales de hanche, connaît sur le bout des doigts. Dans une récente communication à l’Académie Nationale de Chirurgie, il est revenu sur cette révolution que constitue, dans le processus de planification, le passage à la 3D. Les scanners actuels dits « Low dose » permettent d’obtenir des images d’une précision infra millimétrique sans générer pour le patient d’irradiation importante (l’équivalent d’un bilan radiologique standard pour la pose d’une prothèse totale de hanche).
La planification en 2 dimensions, à partir de radios, ne permet pas au chirurgien d’analyser le volume du fémur dans lequel la prothèse va venir s’insérer. Or, c’est à partir de cette vision du volume récipiendaire de la prothèse que le choix du modèle le plus adapté va pouvoir s’effectuer.
« L’objectif est de se rapprocher le plus possible des paramètres biomécaniques de la hanche que l’on vient remplacer. Autrefois, les sociétés de prothèses nous fournissaient des abaques, sortes de calques de prothèses que l’on venait appliquer sur les radios. Il fallait alors tenter, en dessinant, de déterminer le niveau des coupes osseuses et d’imaginer la position des implants. Avec les premiers logiciels de planification 3D il était encore nécessaire d’aller rechercher les points remarquables dans les coupes scanners. Aujourd’hui, les logiciels sont très intuitifs et extrêmement performants. Ils permettent d’augmenter considérablement le taux de réussite des interventions » (Dr Pinelli)
Dans son allocution à l’Académie Nationale de Chirurgie, le Dr PINELLI illustre remarquablement combien chaque situation est particulière et appelle à des dispositions spécifiques de la part du chirurgien. Outre les questions de formes et de dimensions, les données fournies par le scanner informent sur la densité des os du patient, ce qui influera non seulement sur le choix de l’implant mais aussi de son mode de fixation.
« La méthode est particulièrement intéressante pour les prothèses de hanches, mais elle commence à être développée pour toutes les prothèses, et l’on peut imaginer que la réalité augmentée permettra de pousser plus loin encore cette démarche de planification et d’anticipation au bénéfice des patients. C’est un peu comme si avant même l’entrée au bloc, l’opération avait déjà été réalisée ! »
Voir et écouter en ligne l’allocution du Dr PINELLI à l’Académie Nationale de Chirurgie