Une avancée importante dans le suivi des patients épileptiques
Première française au service d’Epileptologie et Rythmologie cérébrale de la Timone, avec l’implantation sous-cutanée d’un dispositif novateur d’Electro-encéphalogramme (EEG) pour le suivi au long cours d’un patient souffrant d’épilepsie pharmaco-résistante.
L’EEG est un examen destiné à enregistrer en temps réel l’activité électrique du cerveau. Il permet, à l’aide d’électrodes, d’évaluer le fonctionnement cérébral global, à la fois au repos et au cours de stimulations. Pour les personnes atteintes d’épilepsie il s’agit d’un examen courant, prescrit en cas de suspicion de crise ou encore pour le suivi de la pathologie. Si un EEG standard dure environ 20 minutes, des examens plus longs sont parfois requis comme des EEG de sieste, pratiqués en hospitalisation de jour, ou l’enregistrement vidéo-EEG sur une semaine effectué en unité spécialisée. Il existe même des EEG portables de type Holter, mais les batteries ne permettent pas d’excéder 24 à 48H d’enregistrement. Or, il arrive fréquemment qu’aucune crise ne survienne pendant ces laps de temps. Les EEG ne fournissent alors pas aux équipes de données suffisantes.
« Les épilepsies sont des maladies qui engendrent des troubles au niveau des rythmes électriques du cerveau, un peu à l’image des pathologies du rythme cardiaque. Les Cardiologues disposent depuis déjà longtemps d’appareils d’ECG (Electrocardiogramme) capables de mesurer sur de longues périodes l’activité électrique du cœur. Dans notre spécialité, c’est quelque chose qui jusqu’à présent faisait encore défaut, que ce soit en termes d’autonomie ou de puissance. Le dispositif novateur (UNEEG) que nous utilisons actuellement, pour la toute première fois en France, nous permet d’assurer pendant plusieurs mois une surveillance à distance du patient, 24H sur 24. » (Pr Fabrice BARTOLOMEI, Chef du service d’Epileptologie et Rythmologie cérébrale de la Timone)
C’est le Dr Romain CARRON, Neurochirurgien adulte, MCU-PH dans le pôle des neurosciences cliniques AP-HM (unité medico-chirurgicale d’épileptologie), qui a réalisé l’implantation de l’électrode avec ses 3 plots d’enregistrement et son petit module émetteur. Cela n’a pris qu’une quinzaine de minutes, au bloc opératoire de neurochirurgie adulte Timone, sous anesthésie locale et en chirurgie ambulatoire.
Connecté à son téléphone portable, le système miniature capte en continu l’activité cérébrale du patient, qui peut lui-même transmettre les données à l’équipe via des serveurs informatiques sécurisés et réaliser des signalements de ses crises. Un logiciel dédié offre aux neurologues plusieurs visualisations du tracé EEG avec des relevés temporels précis et une détection automatique d’éventuelles anomalies à contrôler.
L’équipe a obtenu pour ce projet le soutien du Comité de Sécurisation des Produits de Santé (COSEPS). Mélissa DENIS, Infirmière de Pratique Avancée au sein du service, assure l’accompagnement du patient à domicile et surveille l’évolution des crises, l’effet du traitement et le ressenti du patient. Elle a travaillé en lien avec les fabricants de manière à savoir parfaitement expliquer et gérer le fonctionnement du dispositif. En plus d’être une interlocutrice privilégiée pour le patient en cas de doute, de crise ou de dysfonctionnement, elle collabore étroitement avec les neurologues et neurochirurgiens pour améliorer le suivi des patients en ambulatoire, grâce à l’organisation de consultations pluridisciplinaires.
Si le dispositif n’atteint pas encore le niveau de précision des EEG standard, réalisés avec 21 électrodes en moyenne, il constitue par contre une véritable révolution en matière de suivi. Il permettra de faciliter l’établissement du diagnostic après une suspicion de crise, de contrôler l’efficacité des traitements médicamenteux ou d’une intervention chirurgicale, d’éviter aux patients des périodes d’hospitalisation pour certains examens.
L’implantation du système chez deux autres patients est d’ores et déjà prévue dans les mois qui viennent.