Une championne de natation plongée dans la génétique
Elle a le goût de l’effort, cette forme de persévérance qui est la marque des véritables sportifs. Elle aime se mesurer à d’autres, mais dans le seul but de se dépasser elle-même. Elle s’entraîne après le travail, avec ce même mélange d’application et de bonne humeur que lui connaissent tous ses collègues. Ingénieure hospitalier au sein du Laboratoire de Génétique Moléculaire du Pr LEVY à l’Hôpital de la Timone, Véronique BLANCK est également une nageuse hors pair. Elle est devenue cet été championne de France en 50m papillon et a terminé deuxième au 50m nage libre, dans la catégorie 50/54 ans.
Classée dans le top ten depuis plusieurs années, elle était déjà montée à plusieurs reprises sur des podiums sans jamais en atteindre la plus haute marche. C’est désormais chose faite avec ce championnat qui a pu se dérouler au mois de juillet à Mulhouse, malgré les contraintes sanitaires.
« Toutes les concurrentes n’ont pas pu faire le déplacement, c’est peut-être aussi ce qui a pu faciliter ma victoire » dit-elle très humblement avant d’ajouter : « pour autant, cela n’enlève rien au plaisir et à la satisfaction que je peux ressentir. On s’entraîne dur et ensuite, on a envie de savoir ce qu’on vaut. Les restrictions liées à la pandémie nous ont pour la plupart empêchées de nager d’octobre à avril. Mais je ne me suis pas laissée aller pendant cette période : de la course à pied, de la gym, du renforcement musculaire... c’est comme ça que j’ai pu garder la forme ! »
Le sport (notamment la natation mais aussi d’autres activités comme le tennis, l’athlétisme, le ski, la randonnée), l’a accompagnée toute sa vie jusqu’à devenir pour elle un élément essentiel de son équilibre. Une passion d’ailleurs partagée par toute sa famille, dont ses deux filles elles-mêmes excellentes nageuses. Son entraîneur à Allauch, voyant ses capacités et son potentiel, la pousse un jour à participer aux qualifications pour les championnats de France.
« Je lui suis vraiment reconnaissant de m’avoir donné cette envie. En plus de ce bien-être que je ressens dans mon corps et dans ma tête à chaque fois que j’entre dans l’eau, j’ai pu ainsi découvrir l’adrénaline, le stress positif des compétitions, mais aussi leur ambiance vraiment conviviale. »
Et si l’une des qualités apportées par la natation était justement ce courage, en toutes circonstances, de passer outre son appréhension pour se jeter à l’eau ? A son entrée à l’AP-HM en tant qu’ingénieur en génétique, Véronique BLANCK prend part à la création de la banque d’ADN et de cellules, devenue aujourd’hui Centre de Ressources Biologiques. La double compétence que lui confère son DESS en informatique lui permet de créer de toutes pièces, avec un collègue, un logiciel de traitement des données recueillies.
« On partait de rien. C’était une formidable expérience de s’impliquer ainsi dans le lancement du projet ! »
Aujourd’hui au laboratoire de Génétique moléculaire elle est responsable du plateau de séquençage et génotypage Sanger et travaille également avec le système NGS pour Next Generation Sequencing. Concrètement, il s’agit d’analyser des échantillons (ADN, tissu et cellules) provenant de toute la France et même de l’étranger afin de déceler, d’identifier et de répertorier des pathologies génétiques. Bien souvent cela met fin à de longues errances diagnostiques pour des patients atteints de pathologies rares. Une fois qu’une mutation a été identifiée chez une personne, ceci permet d’établir un diagnostic précis et d'adapter la prise en charge du patient. Par ailleurs débute ensuite un important travail d’enquête au sein de la famille. Cela permet également d’aider et de conseiller les couples en cas de désir de grossesse.
« Ce sont des analyses longues et complexes avec de nombreux paramétrages à prendre en compte. Les ingénieurs préparent des listings pour les biologistes et les chercheurs. Nous avons énormément de bases de données pour classifier les différents variants. Mon seul regret est que bon nombre de pathologies que nous parvenons à identifier ne peuvent pas encore être soignées. Mais il existe beaucoup d’associations qui font un travail formidable pour informer, organiser des rencontres et créer du lien. »