Pouvoir envisager la vie
Mission humanitaire de chirurgie réparatrice faciale en Côte d’Ivoire
Il est à la fois ce qui nous distingue et ce qui nous rassemble. Il permet que l’on soit reconnu, dans l’instantanéité, aussi bien en tant qu’individu unique que membre de la communauté humaine. Avant même la voix, notre visage est interface avec autrui, il instaure d’emblée un rapport, nous met en lien. Tous, par nos traits, en même temps différents et semblables.
Lorsqu’il part en mission humanitaire le Pr Laurent GUYOT, chirurgien maxillo-facial à l’Hôpital de la Conception, est confronté à des enfants privés de visage. Atteints de malformations (becs de lièvre notamment), de tumeurs n’ayant pas été prises en charge ou encore de la maladie de Noma, une infection gangréneuse foudroyante aux effets dévastateurs si aucun soin n’est prodigué à temps. Visages fendus. Visages rongés, trous de chair, béances mettant parfois à nu les os du crâne. Ou au contraire visages enflés, déformés, devenus presque tout entiers protubérances ou boursouflures. Dans tous les cas, visages défigurés auxquels une chirurgie réparatrice peut permettre de reprendre forme, de retrouver des traits. Pour ces enfants ayant majoritairement entre 2 et 6 ans, l’opération est souvent synonyme de survie et, dans tous les cas, de véritable réintégration sociale, scolaire, communautaire. En retrouvant un visage, leur visage, ils retrouvent une identité, la possibilité de se construire, d’être et de devenir quelqu’un parmi les autres, c’est-à-dire parmi nous.
Le Professeur GUYOT a déjà effectué une quinzaine de missions humanitaires dans de nombreux pays : Algérie, Mali, Burkina Faso, Niger, Côte-d’Ivoire, Bénin, Laos, Mayotte, Madagascar…
Il repartira début mars en Côte-d’Ivoire avec l’association « Sourire un jour », fondée par le Dr Ali BOURJI, chirurgien plasticien. L’équipe sera composée de 3 autres chirurgiens, 2 anesthésistes et 4 infirmières.
« Nous allons opérer dans la clinique du Dr BOURJI au centre d’Abidjan. Les enfants sont issus de familles démunies qui viennent de toute la région. Grâce à son réseau sur place, l’association permet la diffusion de l’information et organise le transport des petits patients. Souvent dénutris, ils ont un système immunitaire affaibli qui les rend plus vulnérables. À l’origine de la maladie de Noma, il y a une infection bucco-dentaire bénigne qui, au lieu de se résorber, va évoluer de façon dramatique en abcès puis en gangrène. » (Pr GUYOT)
La mission va durer une dizaine de jours. Le premier jour une grande consultation sera organisée pour recruter les patients opérables et réaliser un programme opératoire. Les jours suivants seront consacrés aux interventions. Elles consistent le plus souvent à prélever des tissus sur le patient lui-même, ce que l’on appelle des lambeaux, de manière à pouvoir les greffer sur les parties endommagées du visage.
« Ce sont des cas souvent beaucoup plus complexes que ceux que nous pouvons traiter ici à Marseille et leur prise en charge nécessite une certaine expérience. Pour la petite équipe qui se retrouve sur place, les ressentis sont parfois très forts. Ce sont des moments uniques qui créent des liens particuliers. Cela me permet également, au retour, de sensibiliser et de former de jeunes médecins. Le suivi post-opératoire est quant à lui assuré par le chirurgien sur place, avec qui nous restons en relation par email et vidéo. »
Le 23 février prochain, une soirée caritative est organisée à la Mairie de Bagatelle dans le 8ème arrondissement de Marseille, avec des présentations de spécialistes impliqués comme le Pr GUYOT mais aussi le Dr Charlotte JALOUX, responsable de l’unité de Chirurgie de la main – chirurgie plastique réparatrice des membres à l’Hôpital de la Timone, et le Dr Ali BOURJI.
Nous aussi avons la possibilité de contribuer à ce que ces enfants puissent sourire un jour.