La maladie artérielle chez le patient dialysé

La maladie vasculaire artérioscléreuse affectant les artères périphériques touche 35% patients hémodialysés chroniques et se manifeste essentiellement par la maladie artérielle périphérique (MAP) des membres inférieurs. La MAP peut engendrer une atteinte macrocirculatoire et/ou microcirculatoire et représente un cause majeure de morbidité et de mortalité chez les patients hémodialysés. Le taux d’amputation atteint 4.3% patients annuellement et peut monter jusqu'à 13.8% patients annuellement en cas de diabète. Les techniques de revascularisation par voie endovasculaire ou chirurgicale sont inadaptées chez les hémodialysés chroniques lorsque les anomalies microcirculatoires sont prédominantes. Il n’existe aucun traitement efficace disponible à ce jour pour améliorer la dysfonction microcirculatoire responsable de l’ischémie critique chronique. Les vaisseaux sanguins d’un grand diamètre sont surtout utilisés pour l’acheminement du sang et pour une circulation sanguine continue, tandis que les petits vaisseaux – qu’on désigne aussi par microvaisseaux – se chargent de l’approvisionnement des cellules corporelles et de l’évacuation des produits du métabolisme et les catabolites. Ces microvaisseaux comprennent les artérioles et les capillaires de moins de 0,1 mm de diamètre gèrent les échanges de substances : apport de nutriments et d'oxygène aux cellules et extraction de substances résiduelles, par ex. de dioxyde de carbone, du sang. La viscosité plasmatique joue un rôle essentiel dans le fonctionnement de la microcirculation. Elle est augmentée chez les patients avec une ICC, participant à la dysfonction endothéliale perturbant les échanges entre le sang et les tissus.

 

L’ischémie critique chronique des membres (ICM) est causée par une mauvaise perfusion d’un membre. Elle se caractérise initialement par des fortes douleurs du membre atteint (même au repos) et progresse avec l’apparition de lésions trophiques comme des ulcères pouvant être profond. A l’extrême, une nécrose s’installe dans le territoire ischémique.

 


Nécrose du deuxième rayon du pied droit ;
Crédit photo : Dr Thomas ROBERT, Hôpitaux Universitaires de Marseille - Conception

 

À l’heure actuelle, en dehors de la revascularisation des anomalies macrocirculatoires, aucun traitement de l’atteinte microcirculatoire n’est disponible. La qualité de vie des patients avec une ICC est altérée de manière significative et seul un traitement symptomatique peut être mis en place pour notamment lutter contre la douleur, la dénutrition, les infections des plaies et maintenir une certaine autonomie.  Un an après le diagnostic de MAP-ICM, 25 % des patients sont décédés, 30 % vivent avec une amputation, 20 % continuent d’avoir des symptômes et dans 25 % des cas les symptômes ont disparu*.

 

 

* Référence :  Prise en charge d’une ischémie critique des membres Cornelius J. Woelk, MD CCFP FCFP Cornelius J. Woelk, MD CCFP FCFP