Adénites cervicales

La survenue de tuméfactions sensibles d’allure ganglionnaire est habituelle dans le cadre d’une infection virale ou bactérienne d’origine respiratoire haute, dentaire ou cutanée. La localisation des ganglions est le plus souvent sous-maxillaire ou jugulo-carotidienne haute.

 

Notions épidémiologiques

Les adénites rencontrées dans le cadre d'une infection ORL constituent une doléance courante en pédiatrie ; elles touchent essentiellement l'enfant de moins de 7 ans.

 

Diagnostic

L’examen clinique consiste en une palpation bilatérale et symétrique de toutes les aires ganglionnaires cervicales. L'aspect de la tuméfaction doit être précisée en termes de couleur et chaleur cutanée, volume et consistance, adhérence aux différents plans, caractère douloureux et effraction cutanée locale ; la recherche d'un foyer infectieux ORL ou général completera l’examen.
 

  • Le bilan biologique :

- NFS et VS à la recherche d'une modification de la numération et de la lignée blanche (l'existence d'une polynucléose portant sur les neutrophiles sera en faveur d'un phénomène infectieux de type adénite, la présence de nombreux monocytes hyperbasophiles évoquera une mononucléose infectieuse, l'altération de la formule sans franche polynucléose neutrophile ou un syndrome inflammatoire sans modification de la NFS peuvent évoquer une cause hématologique),

- Sérologie MNI, toxoplasmique, maladie des griffes du chat, HIV,

- IDR en cas d'adénite sub-aiguë.
 

  • L’échographie cervicale :

Elle est le premier examen radiologique à demander pour évaluer localement la lésion (taille précise, caractère isolé ou multiple, collection ou nécrose intratumorale) et poser les indications de drainage chirurgical. L'utilisation de l'effet doppler peut aider à l'évaluation du caractère inflammatoire de l’adénopathie.


  • La TDM cervicale :

Elle est indiquée en cas de masses très volumineuses et étendues ou de doute diagnostique.
 

  • La cytoponction à l'aiguille fine et/ou la biopsie chirurgicale :

Elles sont indiquées pour les adénopathies suspectes de cause hématologique.

 

Formes cliniques et traitement

Trois grands contextes sont rencontrés:

 

  • Les adénites aiguës simples sont définies comme une simple hypertrophie inflammatoire. La tuméfaction est sensible, sans rougeur cutanée dans un contexte d’angine, de rhinopharyngite ou de virose facilement précisé par l’interrogatoire. L’antibiothérapie (pénicilline ou macrolide) est généralement suffisante, mais les parents doivent être informés de la possibilité d’évolution soit vers la forme clinique suivante, soit vers une adénopathie résiduelle banale et palpable.
     
  • Les adénites suppurées ou adénophlegmons sont définis comme une hypertrophie avec collection centrale. La tuméfaction est très inflammatoire, ferme ou fluctuante chez un enfant fébrile et hyperalgique. Elle impose une hospitalisation avec antibiothérapie par voie veineuse (amoxicilline et acide clavulanique, céphalosporine) ; les germes responsables sont le staphylocoque et le streptocoque. L’incision drainage chirurgical est indiquée en cas d’échec du traitement médical ou d’état pré-fistuleux, avec réalisation de prélèvements à visée bactériologique (y compris BK et mycobactéries atypiques) et histologique.
     
  • Les adénites subaiguës et chroniques sont définies comme une hypertrophie inflammatoire persistante dans un contexte de maladies générales infectieuses (rubéole, toxoplasmose, mononucléose infectieuse, maladie des griffes du chat, tuberculose, mycobactéries atypiques, HIV, pour les plus fréquentes) ou malignes (lymphomes essentiellement).

 

Le traitement est avant tout celui de la pathologie en cause. Dans le cas particulier des mycobactéries atypiques, il associe une antibiothérapie spécifique type clarithromycine ou antituberculeux (idéalement adaptée à l'antibiogramme) et un geste local de curetage ou d'exérèse de la masse ganglionnaire. En cas de tuberculose, la chirurgie n'a d'intérêt qu'en cas de persistance d'adénopathies infectées après le traitement adapté.